Chapitre 3

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- « Tu sais ce signifie Philadelphie ? Je l'ai entendu un jour quelque part, mais je m'en rappelle plus »

- « Philein du grec, qui veut dire « aimer » et « adelphos » voulant dire « frères ». On pourrait donc traduire ça par amour fraternel »

- « Ah bon, j'irais m'endormir moins bête cette nuit. Tu vois, c'est un peu comme nous »

- « Comment ça ? »

- « Ben ouais, il y a une forme d'amour fraternel entre nous »

- « Si ce qu'on fait c'est de l'amour fraternel, c'est un peu bizarre, tu ne trouves pas ? Ce serait plutôt de l'inceste ! Un frère et une sœur qui couchent ensemble, humm c'est un peu louche »

- « Pas dans ce sens–là, t'es toujours dans l'extrême. Je veux dire, on est un peu comme des frères et on s'aime »

- « Des frères, je ne sais pas. En tout cas, en toute fraternité, ça fait 200 Dollars ! »

- « Pffff, t'as l'art de tout ruiner »

- « Si tu veux on peut avoir une relation fraternelle, on se voit au parc, sur un banc et on discute »

- « T'es malade ! Je suis passionné par des courbes enivrantes. Je ne peux pas me passer de ton corps, t'es trop magnifique »

- « Ben voilà, l'amour fraternel coûte 200 Dollars. On est au Etats-Unis, l'argent est roi ! »

- « Tiens, voilà. La semaine prochaine je pars à Detroit, on ne se verra pas »

- « Et pourquoi donc ? »

- « Ma femme a un de ces nombreux séminaires sur le couple. Et pour les photos ainsi que pour le business, c'est bien que je sois là. Foutue hypocrite ! »

- « Elle explique à tout le monde comment réussir son couple, alors qu'elle foire complètement le sien. Tu sais depuis combien de temps on n'a pas fait l'amour ? »

- « Non, combien de temps ? »

- « Devine ! »

- « Je ne sais pas, 6 mois »

- « 6 mois ! Si seulement ça pouvait être vrai »

- « Quoi plus que ça ? »

- « 2 ans ! »

- « 2 ans ! » Put***, tu vis dans un monastère ! »

- « A qui le dis-tu, c'est une vrai torture. On ne dort pas dans la même chambre depuis 1 an et demi. C'est ceinture et belle figure devant les voisins. Rebecca Lebrun est un auteur à succès, il ne faudrait pas ruiner sa réputation ! »

- « Quand je la vois à la télévision, elle me fait le même effet que les Politics. C'est tout beau, tout propre, mais c'est du pipeau »

- « M'enfin je ne m'en fais plus, je vis dans le luxe. La maison est payée, j'ai deux belles filles, et elle me paie un salaire correct, pour faire semblant d'être encore son mari. Et je t'ai toi ! Si ma vie n'était pas aussi pourri, jamais je n'aurais eu recours à tes services »

- « En effet, je suis là pour rendre service. Ça fait 200 Dollars le service ! »

- « Ok, ok, je te les donne ! J'aimerais pour une fois qu'on puisse aller manger quelque part. Pas que du sexe, ça me manque d'aller au ciné ou au resto. La froideur de la maison et la chaleur de ton corps, me rappellent que j'ai aussi besoin de relation sociale »

- « Ecoute David, le prend pas mal, mais je fais pas dans le social. C'est du business et je ne ramène pas de boulot à la maison. Je suis vraiment désolée pour toi, que ta femme soit une tordue, mais je ne peux pas porter toute la misère du monde. »

- « Donc tu veux dire qu'entre nous, il n'y aura jamais que des relations tarifiées ? »

- « Oui exactement et rien d'autre ! »

- « Ok, au moins c'est clair. Dans ce cas, à dans deux semaines, même endroit, même heure. Soit dit en passant, ta vie ne doit pas être si jolie, que ça. Pour qu'une femme aussi magnifique et aussi bien instruite que toi, se prostitue. Il doit y avoir un truc qui tourne pas rond chez toi. Bon Elza, porte- toi bien, à bientôt ».

- « Ouais c'est ça, à bientôt. »

Elle avait vraiment tout pour elle Elza Crouwnfield ! Elle était divinement belle ! D'une beauté à couper le souffle de quiconque l'apercevait, aussi bien les hommes que les femmes. Elle devait avoir environ 1,80 m et ces longs cheveux châtains claires, lui arrivaient juste au-dessus de son fessier. Celui-ci était, passez-moi l'expression, à vous réveiller un mort. À 38 ans Elza en paraissait 10 de moins, elle entretenait son corps aussi bien qu'une athlète de haut niveau. Ce qui avait comme résultat un ensemble aussi beau que parfait. Elle avait surtout une attraction sexuelle, capable de vous dévergonder un curé. Elle n'avait pas besoin de maquillage, ni de parure, ou de passer de longues heures chez le coiffeur. Elle brillait du matin ou soir, tout en possédant une intelligence digne d'Hilary Clinton. Madame Crouwnfield était mère de deux petits garçons, pas si petit que ça à vrai dire, car ils avaient respectivement 14 et 11 ans. Son mari était le patron de "Net Industry", une multinationale prospère, ayant son siège sociale au centre-ville. Elle ne manquait de absolument de rien, ni d'argent, ni d'amour ou de louanges. Elle était riche, aimée par son époux et ses enfants, et adorée par le commun des mortels. Alors qu'est- ce qui poussait une femme de son standing, à se retrouver dans des hôtels miteux, faisant des passes à 200 Dollars ? La vie nous démontrait une fois de plus, que les blessures subies dans la prime enfance, enfantaient des situations chaotiques; quand celles-ci n'étaient pas guéries. Elza avait grandi à Washington, dans l'un des plus beaux quartiers de la ville. Son père était professeur d'université et sa mère directrice du musée des sciences naturelles. Tout semblait bien se passer en apparence. Une villa dans la partie la plus cossue de la cité, des parents instruits et gagnant très bien leur vie. Pourtant, derrière cette fresque idyllique, se cachait un terrible secret. Sa mère détestait son père ! Celui-ci avait un penchant mauvais pour l'alcool, qu'il s'efforçait de cacher au public. Mais surtout, il avait une affection toute particulière, pour le personnel de maison. Lassée de le voir sans cesse ivre dans la demeure familiale et de le surprendre culbutant soit la nounou, soit la femme de chambre ; sa mère décida de quitter le foyer conjugal. D'autant plus que celui-ci enseignait l'amour passionnel à ces étudiants, au travers des meilleures œuvres littéraires ; jamais écrites par l'homme. Quel bel hypocrite ! Derrière cette façade colorée pour le peuple, se cachait un alcoolique misogyne, feignant d'être un bon mari. Quand celle-ci quitta son époux, Elza fût abandonnée à ce monstre, qui toute sa vie lui fît payer la fuite de sa mère. Elle grandit avec les insultes récurrentes de son père, la traitant comme une moins que rien. Avec les années, la colère et l'amertume de son père n'étaient plus un secret. Désormais, tous connaissaient son véritable visage. A plusieurs reprises, il l'avait déshonorée en privé comme en public, allant même jusqu' à la violer et à la brutaliser. A sa mort, elle décida de partir à Philadelphie, espérant là-bas pouvoir s'y reconstruire. Pendant qu'elle était à l'université, Edouard Crownfield succomba à son charme, et finit malgré avoir été plusieurs fois éconduit; par en faire sa femme. Avec un tel homme, beau, intelligent et ambitieux ; elle pensait pouvoir enfin oublier la tristesse de son histoire. Cependant, l'intensité du rose de sa vie présente, n'arrivait pas à atténuer la noirceur de son passé. Aussi belle qu'elle pouvait être, elle avait une piètre image d'elle-même. Ce qui fît d'Elza, la plus belle et la plus riche prostituée de tout Philadelphie. A l'insu de son mari, de son entourage et de ses collègues, elle multipliait les passes. Certainement parce qu'au fond elle, elle se sentait responsable de la fuite de sa mère, comme lui répétait sans cesse son défunt paternel. Inconsciemment, elle pensait devoir s'avilir le plus possible, afin de s'auto-punir, pour le mal qu'elle croyait à tort avoir causé. Heureusement pour elle, malgré l'épaisseur des ténèbres qui l'entouraient, un astre lumineux d'espérance pointait à l'horizon. Depuis peu, elle avait un client qu'elle aimait particulièrement entendre, tant le message d'amour qu'il prêchait ; pénétrait profondément son âme. Et cela lui faisait bien plus de bien, que n'importe quel orgasme, qu'elle feignait d'avoir...

La Tyrannie du sexeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant