Chapitre 9

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La conférence annuelle des intercesseurs américains, réunissant tous les combattants spirituels du pays, avait lieu cette fois-ci à San Francisco. Yolande Campbell, femme de pasteur, était aguerrie dans l'art de détruire les forteresses de l'ennemie. C'est donc en guerrière expérimentée, qu'elle se rendait à sa 7ième conférence de suite. Elle n'était pas vraiment bavarde, sans être totalement muette non plus. Elle savait parfaitement, quand il fallait parler et quand il fallait se taire. Elle était mariée à son conjoint depuis 12 ans maintenant, mais leur mariage battait de l'aile, sans remue-ménage apparent pour autant. Au début de leur relation, elle était pétillante et pleine de joie, mais depuis quelques années, la bonne humeur l'avait quittée. Ayant été diagnostiquée impropre à la reproduction, sa joie de vivre avait terriblement chuté, en même temps que sa libido. Cependant, Yolande était consciente que comme tout homme, son mari avait besoin de sexe. C'est donc légèrement forcée, qu'elle se donnait à lui. Fervent pratiquant, le révérend Campbell pensait que par la foi, la situation changerait. Malheureusement, tout se solda par un échec cuisant et il finit par ne plus la toucher, ne lui parlant plus que de façon brève. Madame Campbell ne détestait pas son époux, au contraire, elle n'avait jamais cessé de l'aimer. Toutefois, ayant grandi dans une famille nombreuse, ne pas pouvoir lui donner d'enfant, la faisait se sentir inutile. Si seulement elle ne s'était pas enfermée dans un mutisme, aussi profond que difficile à vivre. Le couple Campbell aurait sans nul doute, franchi l'obstacle dressé devant eux, évitant au passage à William ; de vivre loin des messages qu'il prêchait. Sauf que la vie en avait décidé autrement ! La vie ? Ou était-ce plutôt le fruit de sa seule et unique décision? Cela étant, son mariage était aussi mort que ses chances d'avoir un jour un enfant. Elle demeurait quand même une servante du Seigneur, malgré l'amertume qu'elle éprouvait envers lui. Le divorce n'étant pas permis, elle resta aux côtés de sa moitié, sans savoir qu'en réaction à son attitude, il vivait désormais dans l'adultère. Ce péché était la seule porte de sortie autorisée par la Bible, pour en finir avec le mariage. Mais perdre une nouvelle fois la face devant tous, pas question. Et de toute façon, à ce moment précis, elle ignorait complètement les agissements secrets de son mari. Ils resteraient donc dans cette situation, jusqu'à ce que la mort les sépare, comme ils l'avaient déclaré 12 ans auparavant. Néanmoins avec l'adultère dans la maison, la mort était tapie dans le placard, attendant patiemment de faire son entrée. D'autant que la vie prend plaisir à nous jouer des mauvais tours, surtout lorsqu'on avait oublié les bienfaits de la chaleur du corps humain. On pouvait ainsi se retrouver à faire des choses, que l'on pensait réservés aux autres. Effectivement, la mort semblable à un lion rugissant, cherchait qui dévorer...

- « C'est bon, tout est prêt? »

- « Oui, je viens juste de finir »

- « Tu pars combien de temps »

- « Je suis partie 10 jours »

- « Tu vas me manquer »

- « Arrête ça William ! »

- « Non sérieux, tu vas me manquer. On pourrait se faire quelque chose à ton retour »

- « Ecoute c'est pas le moment de parler, je dois partir là »

- « T'as bien encore 5 minutes, pour une fois que tu me parles »

- « Mais je te parle, qu'est- ce que tu racontes »

- « Tu me parles comme un radioréveil »

- « Bon sang William, tu veux quoi »

- « T'énerves pas, on fait que discuter »

La Tyrannie du sexeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant