Je me rappellerai toujours de cette époque : celle où on évolue en bien ou en mal.
En sixième tout s'était globalement bien passé excepté un prof de techno satyrique.
Puis en cinquième, un changement d'établissement toucha ma petite commune et nous dûmes partir à 5km de chez nous. Le collège était neuf, recouvert de grandes baies vitrées et de couleurs chatoyantes. Je me souviens avoir stressé à la rentrée et d'avoir été dépitée en me retrouvant avec seulement trois personnes que je connaissais. Puis de fil en aiguille, j'ai réussi à tisser des liens avec deux filles dont je suis encore très proches aujourd'hui.
En 4ème, au cours du mois de février, j'ai réussi à prendre 8 kilos en moins de 2 mois. J'étais stressée et je compensais en grignotant devant la télévision. Je crois qu'en fait la nourriture était mon meilleur ami, le seul à pouvoir me réconforter quand j'étais malheureuse. Je m'en suis voulue, profondément, surtout en voyant mon corps changer. Mon ventre et mes cuisses en ont prit un sacré coup. J'étais une patate.
Je n'arrivais plus à me détendre en cours : je cherchais tant bien que mal à cacher mes imperfections, à cacher ce ventre bedonnant dont j'avais horreur. Bilan des courses début troisième : je pesais 79kg pour 1m65. Le regard des autres avait changé depuis à mon égard : j'étais grosse. Ma photo de classe de quatrième est depuis enfermé dans un tiroir à double clé : j'avais honte de mon physique : honte de mon corps et de ma tête à laquelle un double menton s'était ajouté.
Je me suis réfugiée dans la musique, actionnant mon baladeur à chaque fois que je rentrais chez moi, étalée dans mon lit. Je me suis formée comme une bulle dans laquelle personne n'était bienvenu. Je m'imaginais une toute autre vie, une vie où je plaisais, une vie où j'étais mince. J'aimais cet instant d'évasion. Surtout quand on m'insultait ou qu'on me tripotait pour que je m'énerve. Mais moi je me laissais faire, je n'avais pas la force de répondre, j'étais faible, faible face à ces gens qui me prenaient seulement pour une grosse timide et gentille. Alors je me vengeais par le biais de la musique et des histoires que je m'inventais. Je me sentais revivre.
J'étais aussi amoureuse, amoureuse d'un garçon qui ne me voyait même pas et qui n'avait de yeux que pour mon ancienne voisine. C'était mon béguin collégial. À l'époque, je ne faisais que parler de lui à mes amies, son prénom sortait inlassablement de ma bouche car je ne pouvais m'en empêcher. Je l'aimais, j'avais eu un coup de coeur. Il suffisait d'un regard pour m'affoler et croire que j'avais éventuellement une chance avec lui.
Il s'est passé un an avant que je comprenne qu'il ne voulait pas de moi. J'aimais tout idéaliser, croire en une possible histoire d'amour avec ce rebelle. J'étais rêveuse. J'étais naïve. Comment aurais-je pu lui plaire?
J'ai mis du temps avant de digérer la nouvelle mais au fond je savais qu'il ne m'était pas destiné.
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Le poids des mots.
Non-FictionDans cette courte chronique, je raconte mon vécu face à mon poids. Je sais qu'il ne faut pas voir la vie en noir mais que voulez-vous, j'ai besoin d'un exutoire. ~ Confidences d'Astrid ~