21.

4.7K 550 257
                                    

Lundi matin fût très ennuyeux. Malgré la liste et ses associés et la rumeur sur l'arrestation de Becca, les cours continuaient et les professeurs avaient déjà commencé à nous parler des examens de fin d'année. Je n'arrivais même pas à me concentrer sur ce que disais Mme Martins, notre enseignante de français. J'avais légèrement perdue le fil de mes études, comme noyée par mes problèmes. Et ça se voyait bien lorsqu'on jetais un coup d'œil à mes résultats scolaires des dernières semaines. Malheureusement pour moi, je devais me remettre à l'étude, d'autant plus que j'avais un examen le lendemain. Un examen dont je venais d'apprendre l'existence.
Je penchai la tête sur le côté et tentai de prendre quelques notes sur ce que disais Mme Martins. Cependant, mon regard ne cessait de dériver vers Conley. Il prenait lui aussi des notes, mais il semblait beaucoup plus concentré que moi. Et parfois, il me saluait d'un bref signe de la main.
D'autres fois, entre deux explications sur le participe passé, je jetai un coup d'œil au bureau de Thomas Grant. Il était vide. Personne ne s'y trouvait. Peut-être que Grant était malade ou bien il séchait... Non, j'avais l'impression qu'il me fuyait. Qu'il fuyait toutes chances de me rencontrer. Mais, c'était peut-être juste de la paranoïa.
Et puis, il y avait un bureau, à la gauche de Grant qui était vide depuis quelques semaines. C'était celui de Mary Ann Aberline. Il paraissait sombre depuis sa mort. Personne n'osait s'y asseoir, même si ce n'était que pour une seconde. Un élève de quatrième secondaire avait même fait une crise pour ne pas s'asseoir là comme quoi il y avait une espèce de malédiction, d'après ce que j'avais entendu. C'était ridicule.
Ça devait être très difficile pour Thomas Grant de s'asseoir juste à côté du bureau de sa défunte copine, je devais l'avouer. Il ne la verrait plus lui tenir la main en cachette, ni lui adresser des sourires étincelants digne d'une annonce de dentifrice. Plus jamais, parce que Mary Ann Aberline avait été assassinée.

« Mlle Powell, je vous dérange dans votre contemplation, peut-être? » fit la voix de Mme Martins, m'attirant le regard de tous les élèves dans la classe.

Je rougis légèrement, prise en flagrant délit. Conley ne releva rien, à mon grand soulagement.

« Euh... Désolée, puis-je aller à la salle de bain? »

« Un motif valable? »

Eh bien, si je vous dit que j'ai une envie folle que mon poing rencontre votre figure pour la simple et bonne raison que vous aimez me ridiculisez, je pourrais y aller? pensai-je, de manière sarcastique. Mais au lieu de lui sortir un truc aussi débile et de devoir, pour ce fait, retourner dans le bureau du directeur, je décidai une réponse plus simple et innocente, qui marcherais à tous les coups.

« Eh bien... J'ai mes - comment dire - "problèmes" de fille. »

À ce stade je me fichais bien que toute la classe s'imagine que j'étais dans ma période. De toute manière, quel professeur me refuserait l'accès aux toilettes avec ce prétexte? Personne ne pouvait me reprocher d'être une fille et d'avoir ce genre de problèmes. Et personne n'allait vérifier que je disais vrai, bien entendu. Ça serait trop débile. Vous pouvez me montrer l'état de votre culotte, pour être sûr? Oui, c'était carrément débile.

« Oui, bien sûr. Vous pouvez y aller. »

Je bondis hors de ma chaise, peu discrètement et sortis en vitesse de la classe, sous le regard pesant de mon enseignante de français. Une fois à l'extérieur je me mis en marche vers l'infirmerie. Non pas que j'avais une horrible migraine, ni que je sentais le besoin d'aller me faire soignée, seulement je devais aller parler à May, l'infirmière de l'école. Je marchai donc jusqu'à son local, en essayant de faire le moins de bruits possibles. Heureusement pour moi, son bureau ne se trouvait pas bien loin de celui de Mme Martins. J'allais entrer, quand soudain je surpris une conversation. Je titubai jusqu'à ne plus être face à la porte entrouverte. Le dos appuyé contre le mur, j'entendis clairement la conversation, entre May et un élève.

Liste TroubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant