Liste Trouble

22.

J'avais été stupide. Complètement stupide. La pire des idiotes.
Honteuse, je sillonnai les corridors de mon école, la tête basse. J'étais à la recherche de cette fichue bibliothèque, là où je mettais rarement les pieds. J'avais la ferme intention de comprendre ce qui se passait. Je voulais la vérité. J'en avais compris une partie, mais ce Traité m'aiderait à confirmer. J'aurais très bien pu demander à Johnny Greene qui était coupable - il le savait forcément - mais je savais qu'il hésiterait à répondre. Il aimait le mystère et le drame, tout comme chaque élèves présents dans cette école. Nous vivions aux potins. Nous vivions au drame. Le malheur des autres faisaient leur bonheur. C'était comme ça.
J'essayais de me rendre rapidement à la bibliothèque, mais la cloche annonçant la pause du dîner venait de sonnée, si bien que plusieurs personnes se déplaçaient. Et à mon plus grand malheur, deux filles vinrent à ma rencontre. Elles étaient plus jeunes que moi, d'un an ou deux. La plus grande des deux avaient de longs cheveux lisses et châtains, un teint basané ainsi que deux yeux de la grosseur d'une bille, noirs. L'autre était beaucoup plus petite, les cheveux raides, coupés au niveau des épaules, teint en rouge, ainsi que de jolis yeux vert olive. Elle avait également un anneau dans le nez. Elle semblait frêle, comparée à son amie, qui la dominait par sa musculature. Forcément une sportive.

« Lucy, c'est bien ça? » demanda la sportive en appuyant ses cahiers contre sa poitrine.

« Oui, c'est moi. » grommelai-je.

« Je m'appelle Jo et elle, c'est Mia. »

La plus petite, Mia, me salua d'un geste de la main, ses yeux me fuyant légèrement comme si elle était intimidée par moi. Euh... Je n'avais rien de très intimidant, mis à part mon air quelque peu bête, résultat du fait que j'étais pressée d'aller à cette fichue bibliothèque pour tout comprendre.

« C'est bien toi qui a écrit la liste? Avec Rebecca Travis? » me demanda Jo.

« Oui, c'est moi. Que me voulez-vous? » questionnai-je avant d'ajouter, « Si c'est pour m'insulter, pas la peine. J'en ai assez entendu comme ça. Et, figurez-vous que je fais de mon mieux pour réparer mes erreurs. »

« Non, ce n'est pas pour ça. En fait, on travaille pour le journal étudiant et... Et, enfin, on aimerait entendre ta version de l'histoire et la mettre sur écrit. Comment tu as survécu à ça. Je veux dire, peu de gens en seraient capables. » fit Mia, en défiant sa timidité.

« On croit que ce serait bien que les gens voient l'autre version de l'histoire. Cet article aiderait à ta cause. » argumenta son amie.

Je dévisageai les deux filles qui me fixaient, l'air de me supplier d'accepter. Mia et Jo avait raison. Parler de ma version et la mettre dans le journal étudiant pourrait m'être carrément bénéfique. Et le fait qu'elle soit venue me voir pour ça, malgré tout ce qu'on disait à mon sujet, c'était courageux. Elles étaient de mon côté, c'était clair juste à regarder leurs yeux briller lorsqu'elles apercevaient un peu d'espoir traverser mon visage.

« C'est d'accord, mais je suis un peu pressée, là. On s'en reparle, c'est d'accord? »

Elles hochèrent la tête toutes les deux en même temps, comme des robots programmés pour n'effectuée qu'une seule action.

« D'accord! C'est parfait! » s'enthousiasma Jo.

« Merci, Lucy. » ajouta Mia, en me saluant, alors que je commençais déjà à m'éloigner aux pas de course.

Je m'éloignai assez rapidement, bousculant certains élèves aux passages qui me lancèrent leurs pires regards noirs. Mais je n'y prêtais pas attention et continuai ma petite course en empruntant un corridor peu fréquenté. Je devais être sur la bonne voix, soit en direction de la bibliothèque. Mon cœur battait à un rythme fou, tant j'étais impatiente de comprendre; de connaître la vérité. Cette histoire, mon histoire, leur histoire... C'était quelque chose que je devais connaître. Ce traité avait un lien avec ces listes. Ils avaient un lien avec la mort de Mary Ann. Avec Becca. J'étais à deux doigts de tout comprendre. De mettre fin à ce cercle vicieux. La bibliothèque n'était qu'à quelques mètres. J'entrevoyais déjà l'écriteau. Plus que quelques mètres, plus que...
Cependant, je n'eu pas plus de chance, car Mme Martins s'y trouvait et semblait discuter avec quelqu'un. Une femme. Je n'arrivais pas à voir son visage, puisqu'elle restait dans l'ombre.
Je fis mine basse pour tenter de traverser le corridor sans me faire remarquer par Mme Martins, mais comme il ne s'agissait pas de mon jour de chance, elle me remarqua.