Chapitre 3

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Six mois que Sophie s'enfuyait chaque soir par la fenêtre de sa chambre, six mois qu'elle rentrait silencieuse, des cernes en dessous des yeux, les yeux sombres, les cheveux décoiffés. Quatre jours que Sophie n'avait pas été au groupe d'aide. Elle rentrait dans les alentours de quatre heures du matin et se levait à quatorze heures pour de nouveau ressortir le soir. C'était une roue sans fin. Elle n'avait pas repris les cours depuis qu'elle avait été exclue, ils lui avaient tournés le dos durant ces deux semaines, à aucun moment elle n'avait voulu les revoir, ils la dégouttaient. Marta était désemparée, elle tentait de la raisonner, de lui faire comprendre qu'elle prenait le mauvais chemin, mais sa nièce restait immobile, les yeux dans le vide. Il était évident que les jeunes qu'elle rejoignait le soir était une mauvaise influence pour Sophie mais elle ne pouvait rien faire, elle la retrouvait toujours sans réactions et sans expressions, elle qui était si joyeuse auparavant.

Assise devant son bol de chocolat chaud devant la table de la cuisine, Sophie avait ses yeux figés dans l'intérieur de sa tasse, ses mains posés aux deux côtés de la tasse. C'était comme un corps inhabité par son âme, plus les jours passaient et plus elle ressemblait à un fantôme, à une sorte de monstre sans âme, inanimé. Marta approcha du réfrigérateur et en sortit une bouteille de lait qu'elle posa près de la tasse. De la fumée en sortait, il semblait être bouillant, mais ses mains restaient posés sur la tasse.

-Sophie fais attention à tes mains.

N'ayant aucune réaction de sa part, elle reprit.

-Sophie. Tu dois retourner à l'école, je ne peux pas prendre plus de congés pour te garder.

Sophie ôta enfin ses mains de la tasse et attrapa la bouteille de lait pour en verser dans son bol.

-Tu dois faire quelque chose, tes parents ne seraient pas fières de te voir dans un tel état.

Elle porta enfin son bol jusqu'à ses lèvres et bu quelques gorgées en fermant les yeux. Sa tante semblait l'agacer.

-Sophie je te parle ! Hurla enfin Marta, je n'en peux plus de ton comportement !

Sophie se leva soudainement de sa chaise, jeta son bol sur le carrelage. Un bruit de porcelaine se fit entendre et le contenu de la tasse s'étala sur le sol. Sophie fixait sa tante, le regard sombre, les points serrés.

-Lâche moi ! Tu entends ? Lâche moi je n'en peux plus de t'entendre tu me donnes mal à la tête ! Hurla sa nièce en portant ses mains sur ses oreilles. Laisse moi tranquille !

Le moindre bruit lui causait un mal de tête énorme, elle semblait sensible à chaque bruit qui l'entourait, même les plus doux.

-Tu ne me parles pas comme ça ! Reprit Marta rouge de colère, sur le point d'exploser. Sois tu retournes au lycée, sois tu vas au groupe d'aide ! Si tu ne le fais pas je t'enverrais en maison de correction, ça ne peut plus durer Sophie, c'est fini tout ça !

Sophie ne lâchait pas sa tante des yeux, sa mâchoire se crispa et son souffle se faisait court.

-Tu ne ferais pas ça.

-Je le ferais.

A bout, Sophie renversa la chaise qui se trouvait en face d'elle à l'autre bout de la cuisine, bouscula sa tante et fonça dans sa chambre. L'heure qui suivit, Sophie dévala les escaliers du hall, traversa le couloir en furie et claque la porte d'entrée. Marta observa la pendule qui était accrochée au mur en face de la télévision. Il était quinze heures, l'heure à laquelle l'aide commençait.

  La jeune fille se trouvait à l'entrée d'un grand bâtiment blanc. Elle ne voulait pas passer l'entrée et rejoindre les autres, les personnes la dégouttaient, les couloirs la dégouttaient, elle détestait du plus profond de son cœur cet endroit. Elle observa les alentours et poussa la porte en soufflant. Cela ne durait qu'une heure, seulement une heure, il fallait tenir. Elle traversa le long couloir et s'arrêta devant la porte. Il était encore temps de faire demi-tour, elle pourrait toujours passer par la fenêtre de sa chambre et faire croire qu'elle y était allée, à cette heure-ci sa tante dormait toujours. Elle fit alors demi-tour et était sur le point de partir quand elle entendit la porte s'ouvrir derrière elle. L'homme qui dirigeait le débat âgé d'une quarantaine d'année souriait à Sophie.

Junkie [ZM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant