Chapitre 1

103 7 1
                                    

- Jack ! Hurle quelqu'un au loin.

Le nom qu'on me donne vient de la mémoire de la puce. A l'hôpital, les médecins ont dit que c'était pour mon bien. Je pense que je suis censé les croire..

Je scrute les rangées de voitures à la recherche d'Adam. Il y a des gens partout. Mon regard s'arrête sur un blond qui agite ses bras en l'air. Je souris en le reconnaissant. La façon dont il vit me pousse à une certaine admiration : Adam hait la discrétion. Peut-être que ce sentiment est lié au fait que j'aimerais une personnalité moi aussi..

Lorsque nous sortons du parking souterrain de l'hôpital, Adam me questionne sur la séance d'aujourd'hui. Je réponds vaguement, prenant en compte l'avertissement du Docteur Hatten.

Nous arrivons devant la grille de sortie.

Un garde s'avance vers la voiture et les autres nous dévisagent derrière les fenêtres. Adam appuie sur des boutons et toutes les vitres de la voiture descendent. Même le coffre s'ouvre.

Le garde avise la nuque nue de mon ami et hoche la tête. Un autre intervient. Il attrape des cheveux à l'arrière de mon crâne puis tire vers l'avant pour voir la puce. Un petit cri de douleur s'échappe de ma bouche, je plisse les yeux. L'objet qu'il a dans les mains sonne. Le garde me lâche. Ensuite il va examiner le coffre et le referme d'un coup sec.

La barrière de sûreté s'ouvre enfin et nous débouchons dans une rue. Je me retourne. Le complexe hospitalier occupe tout l'horizon : interminables rangées de petites fenêtres grillagées, hautes clôtures, miradors disposés à intervalles réguliers, vigiles...

- Il s'est pris pour qui, lui !! M'écrié en effleurant la partie encore sensible de mon crâne.

Adam se précipite pour augmenter le son de la radio.

- Tu devrais faire attention à ce que tu dis ici.

Il serre si fort le volant que ses phalanges en deviennent blanches. Pourtant son visage ne change pas d'expression.

- Ce sont des Lawers. Ils représentent le Gouvernement.

J'analyse secrètement son information. Et puis, j'oublie, captivé par la ville qu'il appelle Londres. Nous circulons maintenant dans une rue bordée de bâtiments incendiés, aux ouvertures condamnées. Plus loin, le quartier s'anime. Il y a du linge qui sèche au balcon, des plantes, des rideaux que le vent soulève comme s'il voulait s'amuser avec.

Je remarque des foules de gens, entrant et sortant de boutiques ou de bureaux, se hâtant dans toutes les directions. Ils semblent ignorer les Lawers postés aux coins des rues. D'ailleurs ceux-ci sont de moins en moins nombreux au fur et à mesure que nous nous éloignons de l'hôpital.
Enfin, nous arrivons chez lui, loin du brouhaha de la ville. J'attrape un paquet de Chips et allume la télé même si c'est pas trop mon truc. Je tombe sur BBC 1 : une série avec des rires enregistrés. Je zappe sur BBC 2 qui propose une émission de jardinage puis sur BBC 3. Il n'y a pas d'autre chaîne. J'enfourne une Chips dans ma bouche et regarde le bulletin d'informations. Il va pleuvoir durant toute la semaine. La production agricole est en hausse. Un bref reportages sur les quartiers de Londres montre l'avenue aux abords de l'hôpital, mais on ne voit ni les bâtiments brûlés, ni les gardes.

- T'as l'air intéressé, remarque Adam en s'affalant à côté de moi.

- En fait, c'est bizarre... On est passé dans cette avenue et elle ne ressemble pas du tout à ça. Tu crois que c'est une vieille séquence ?

- Aux infos, ils ne montrent que des lieux bien propres ou des gens heureux.

-Alors ce ne sont pas vraiment des infos ! Les gens ne sont pas toujours heureux. Et ce bâtiment, là... tu vois ? C'était une coquille vide quand nous sommes passés devant. Ils n'ont pas pu le restaurer en si peu de temps !

- Bienvenue dans le meilleur des mondes de la télé, marmonne Adam en faisant sauter la capsule de sa bière.

DELETEDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant