DELETED

Chapitre 17

Holly adosse son vélo à l'arbre, puis se dirige vers un groupe.

- Je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée, dis-je à l'oreille de Jaime.

Il pousse un grognement, mais ne dit rien. Son visage me révèle que la situation ne lui plaît pas plus qu'à moi.

- Elle se débrouille comment depuis que tu l'as obligée à flinguer son frère ?

Il me toise, étonné.

- Idiot, jamais j'obligerai quelqu'un à faire ça. En plus, il nous a rejoint.

Je me sens libéré d'un énorme poids pendant que Jaime conteste mentalement le projet de Coulson.

***

Ce centre des Lawers est isolé, ce qui n'a rien de surprenant vu ce qui s'y déroule. Pas de voisins en vue, seulement une route à quelques kilomètres pour assurer la liaison. Une camionnette noire est garée devant le bâtiment. Les espions ont affirmé que le lundi était le bon jour pour attaquer, car les autres jours le centre reçoit davantage de livraisons : des Effacés à éliminer. Autrement dit, ceux qui ne peuvent pas être Programmés.
Avant qu'Holly ait atteint la porte, un garde sort du bâtiment.

- Bonjour, lance-t-elle avec un sourire un peu trop radieux.

- Que faîtes-vous ici ? Interroge le garde.

- Je suis désolée, mais je me suis perdue. Pourriez-vous m'indiquer comment me rendre au marché paysan ?

C'est un prétexte vraiment stupide. Sans un mot, le garde s'approche d'elle. Le visage impassible, il la surveille d'un oeil, et, de l'autre, scrute les bois environnants. Instinctivement, je m'accroupis plus bas derrière le buisson qui me dissimule. La main du garde monte vers le talkie-walkie passé à sa ceinture.
D'un coup de pied, Holly repousse sa main et je me tends, prêt à voler à son secours, mais Jaime saisit mon poignet.

- Attends que les autres soient sortis, siffle-t-il.

Des caméras sont disposées sur toute la largeur de la façade. En ce moment, à l'intérieur, les services de surveillance voient certainement le garde en venir aux mains avec une fille frêle. Un instant plus tard, il l'immobilise, un bras en étau autour de son cou.
La porte s'ouvre et un autre Lawer apparaît.

- Au rapport, ordonne-t-il.

- Elle m'a raconté qu'elle s'était perdue, puis elle m'a flanqué un coup de pied.

- Je n'aime pas ça. Inspecte les alentours.

- J'ai les mains prises.

- Eh bien, libère-les, lance l'autre avec un haussement d'épaules.

Le garde place une main sous le menton d'Holly et une autre sur son épaule. Je réprime un : "Non !", prêt à bondir, mais Jaime me retient d'une poigne ferme.
Après une pression brutale, le Lawer la relâche et elle s'affaisse à terre.
Son corps tressaille, puis s'immobilise : il lui a brisé la nuque. En moi, l'horreur indicible se mue en rage. Je foudroie Jaime du regard et prépare une réplique mordante, mais vois que tout son visage exprime la souffrance. Quand il sent mon regard sur lui, son expression se durcit et son visage n'est plus qu'un masque.
L'instant d'après, deux autres Lawers sortent du centre. L'un deux s'approche d'Adam, qui se tient à l'affût, un poignard à la main, l'autre de Jaime et moi.
Jaime lâche mon bras, me fait signe de me tenir à l'écart, et je lis sur son visage sa soif de vengeance.
Soudain, les Lawers s'arrêtent puis reculent. Des bruits de moteur se rapprochent sur la route. Non, pas maintenant, me dis-je. C'est une camionnette ?
Le véhicule se gare devant le bâtiment.
Jaime secoue la tête.