ROUND 1

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" K.O " 


>> Point de vue de Piper

En vérité, je n'étais pas une fille spéciale. Au-delà du fait que j'avais remporté à l'âge de onze ans une compétition de poésie devant quatre juges sans pitié, ma vie n'avait pas été si spéciale ou extraordinaire. Cependant,j'aimais rendre les choses que je faisais spéciale.

Je n'avais pas non plus chercher à l'être, j'étais l'exemple typique de cette nana en retrait mais engagée dans ce qu'elle faisait. Je ne faisais pas partie de la bande la plus populaire du lycée, je n'étais pas la diva du secondaire. Les seuls groupes sociaux que j'avais fréquenté avaient été les clubs de lecture et de littérature. Je n'étais pas celle qu'on prenait en photo, mais la nana à qui on demandait de prendre la photo.

Malgré moi, je n'étais que Piper Clinton mais je savais qu'un truc spécial m'arriverait un jour.

J'avais terminé le lycée sans trop d'encombre à l'époque, et puis, j'avais finalement décidé de m'engager dans quelque chose de prenant, au fond, je voulais me rendre spéciale pour quelque chose. Contrairement aux statistiques,je ne faisais pas partie de ces adolescents paumés qui n'avaient pas la moindre idée de ce qu'ils désiraient faire après le lycée.Moi, je le savais. J'étais depuis maintenant six mois, étudiante infirmière à l'hôpital King Edward VII de Londres.

Bien évidemment, mes parents auraient aimé que je vise l'échelon plus haut et que je débute une carrière de médecin, mais ce n'était pas mes convictions/ambitions. Je souhaitais faire un métier à taille humaine et ne pas me contenter de signer des ordonnances à longueur de journées et partir chaque été dans les Hamptons.

Concrètement, j'étais Piper, fille ordinaire qui avait une préférence pour les nachos et les mojitos.Je n'espérais pas grand chose si ce n'était de vivre une vie longue et trépidante.


*

- Piper, tu as été voir Monsieur Gapton au second étage, pour son injection du soir ? M'interrogea Rosa, ma supérieure.

Les épaules voutées sur la reste de la paperasse qu'il me restait à traiter dans la petite salle aux murs grisâtres, je me retournais pour croiser le regard chocolat de ma collègue et tutrice à l'hôpital. Rosa n'était pas ce genre de personne autoritaire et aigrie que l'on pouvait souvent rencontrer dans les allées de cet hôpital. Rosa était quelqu'un de passionné et appréciait le travail bien fait. J'étais heureuse qu'elle m'est été attitrée comme tutrice. En repoussant les mèches blondes de mes cheveux qui me barraient le visage, je lui souris.

- Non, pas encore. Je termine ce que je fais, et j'y cours. Rétorquai-je

Elle se contenta de me sourire avant de déposer sur un bureau le stéthoscope qui pendait autour de son cou. Sa journée était terminée, mais pas encore la mienne. En vérité, Rosa pourrait être ma propre mère, elle ne m'avait jamais avoué son âge mais je le devinais aux pattes d'oies qu'elle avait au coin des yeux.

Ma vie était rythmée ces six derniers mois entre les allers-retours à l'hôpital et mes cours de théorie à l'école d'infirmière du grand Londres. Je connaissais par cœur la cafétéria de l'hôpital, et malgré moi, je m'étais habituée aux repas industriels et sordides qu'ils servaient. Je n'avais pas le même train de vie que la plupart des étudiants, mais je m'en fichais, j'aimais l'adrénaline que me procurait ce boulot, je me sentais en quelque sorte utile, et spéciale.

Les aiguilles de ma montre avoisinaient les trois heures du matin, j'étais de garde deux fois dans la semaine. Bizarrement, ça ne me dérangeait pas de travailler de nuit, j'avais appris à apprécier le calme qui régnait dans les couloirs moroses de l'hôpital quand toute l'agitation s'était évaporée. Alors que je rassemblais proprement l'ensemble des dossiers que j'avais traité aujourd'hui, je soupirais avant de tirer sur les pans de ma blouse blanche.

UPPERCUT - H.S (MATURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant