UPPERCUT - H.S (MATURE)

ROUND 24

Les paysages verdoyants défilaient derrière la vitre de sa voiture comme un kaléidoscope. Harry avait insisté pour prendre sa voiture, et je le comprenais. La vieille Toyota aurait pu nous lâcher à tout moment, ce n'était pas une valeur sûre.

Je n'avais aucunes idées de la raison de mon implication dans sa vie, mais j'avais envie de l'aider. Harry conduisait sa mustang depuis deux bonnes heures, le bruit du moteur nous berçant le long des routes anglaises. Les nuages étaient menaçants et n'engageaient rien de bon pour le restant du week-end. Il n'avait rien dit au sujet de la destination, mais je savais secrètement qu'il n'avait rien oublié.

J'étais pleinement avertie qu'en intermittence à mon escapade avec Harry, Anna avait son rendez-vous de prévu avec Louis. Je ne souhaitais pas en parler à Harry de peur de le foutre en rogne, genre comme un bulldog affamé depuis une quinzaine de jours. Je ne savais rien de ce garçon, je ne connaissais pas ses intentions envers Anna, et j'aimais croire qu'il ne lui fera aucun mal.

- Pourquoi t'as voulu être infirmière ? Me demanda subitement le bouclé

Je le regardais interloquée par sa prise de parole soudaine. Harry était plutôt du genre silencieux quand il conduisait. Son regard fixait l'horizon comme si rien ne pouvait le perturber.

- J'en sais rien, par conviction, j'aime aider les gens je suppose. Expliquai-je sans réfléchir

Le bouclé ne répondit pas de suite laissant planer le suspens sur une éventuelle réponse. Ses doigts caressèrent avec délicatesse le cuir du volant alors qu'il mâchouillait sa lippe inférieure. Je pivotais légèrement mon buste en sa direction, à vrai dire, moi aussi, j'avais une question à lui poser.

- Pourquoi tu te bats, Harry ? Relançai-je

Sa ligne sourcilière se fronça, et il afficha une moue boudeuse. Son rythme cardiaque resta néanmoins le même, Harry jeta de rapides coups d'oeil dans le rétroviseur.

- Pour vivre. Se contenta-t-il de me répondre

Ses mains se resserrèrent autour de l'arc du volant faisant ressortir le blanc de ses phalanges. Le moteur gronda quand il pesa plus lourdement son pied sur la pédale de gaz. Il ne m'avait toujours pas regarder et se contentait de fixer la ligne de l'horizon comme si elle le protégeait inconsciemment.

- Tu pourrais très bien faire autre chose pour vivre. Suggérai-je

- Je dois de l'argent Piper, c'est différent. Avoua Harry

Son regard s'abaissa quelque secondes fixant le tableau de bord puis rencontra à nouveau l'horizon. Je ne pouvais m'empêcher de me sentir blessée et oppressée de le savoir enchainé à des chiffres, à de l'argent l'empêchant de vivre pleinement sa vie. Il avait des dettes et se devait de les rembourser mais à quel prix ?

- Oh, et à qui ? Osai-je

- Qu'est-ce que ça peut faire que tu le saches Piper, ça ne changera rien. Grogna-t-il

Je haussais un sourcil face à son ton ronchon et impatient. Je croisais mes bras contre ma poitrine et m'installais à nouveau confortablement contre le dossier du siège passager.

- Je me bats dans ces combats clandestins pour gagner ma vie et à chaque victoire je m'assure de pouvoir vivre une semaine de plus. C'est comme ça, c'est la vie. Toi tu soignes des gens pour vivre et moi je les détruits pour survivre. Rajouta-t-il

Mon cœur bondit furieusement à l'intérieur de ma cage thoracique à l'entente de ses mots. Je braquais automatiquement mon visage en sa direction pour le fixer. J'avais qu'une seule envie : le gifler. Je ne pouvais le laisser dire ce genre d'absurdités.