ROUND 8

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Je sentais un feu s'embraser en moi, mais tout ce qui brûle est dangereux, nocif et laisse des marques, c'est bien connu. Il avait prononcé ses mots comme si il portait un fardeau sur ses épaules, comme si c'était une malédiction.

Il ne me laissa pas tirer mes propres conclusions qu'il avait déjà fait claquer la porte dans nos dos. L'odeur de moisi revint m'écoeurer alors que nous longions le couloir jusqu'à la cage d'escalier. Il n'avait pas prononcé un mot de plus, c'était tout ce qu'il avait dit. Le bouclé adoptait une allure soutenue tout en maintenant fermement son sac de sport contre le sommet de son épaule.

J'avais imaginé beaucoup de choses à son sujet, mais j'étais à mille lieux de le voir faire ce métier. Quel genre de boxeur était-t-il ? Faisait-t-il parti d'une ligue, d'une association, d'une fédération ? Depuis combien de temps boxait-t-il, qu'est ce qui l'avait poussé à faire ça ? Autant de questions qui ruminaient dans mon esprit.

Il s'élança dans l'allée central bétonnée jusqu'à retrouver sa mustang noire. La brise était cruelle et me glaça le sang. La lueur des lampadaires environnants rendait l'ambiance une once glauque. Le brun rentra à l'intérieur de l'habitacle avant d'allumer l'engin. La lumière des phares m'aveugla. La cylindrée ronronna férocement quand il appuya sur la pédale d'accélération pour chauffer le moteur. Sans attendre une seconde de plus, je rentrais à l'intérieur en tentant de réchauffer le bout de mes doigts du mieux que je pouvais.

Il démarra la voiture plutôt brutalement car l'arrière de mon crâne buta légèrement contre l'appui-tête. Le bouclé s'empressa d'activer le chauffage et exauça mes prières.

- Tu sais, Mohamed Ali, a eu une    petite fille il me semble bien et a été marié à une femme, enfin    à plusieurs, mais ça compte quand même. Tentai-je en bredouillant

- Je ne suis pas ce genre de    boxeurs, Piper. Me répondit-t-il sèchement

Mes lèvres se fermèrent aussitôt quant au ton qu'il venait d'employer. Mes doigts effleurèrent le cuir du siège alors que je soupirais. Je restais confuse à m'imaginer la vie de ce garçon. Je n'y connaissais rien en boxe si ce n'est ce Mohamed Ali qui est une icône pour bon nombre de boxeurs.

Ses poings tenaient fermement l'arc du volant faisant ressortir le blanc de ses phalanges. Bien que terrifiant, cette petite ballade avait quelque chose d'excitant.

- On va où ? Demandai-je sur    un ton impatient

Il humecta la surface de ses lèvres avant de prononcer le moindre mot. Il cherchait ses mots c'était évident.  Alors qu'il passait la troisième, il détacha son regard de la route pour me jeter un coup d'oeil. 

- Je vais t'emmener quelque part    mais tu ne dois en aucun cas répéter à qui que ce soit    l'existence de cet endroit ni même son emplacement, pas même à ta    pseudo super meilleure amie compris ? Me    menaça le bouclé

Mes sourcils se froncèrent face à son aveu. Quel était son plan, que voulait-t-il prouver où me montrer ?Alors que l'éclairage public commençait à s'atténuer peu à peu à l'extérieur, j'eus du mal à déglutir.

- Je risque quelque chose ?    Demandai-je aussitôt inquiète

- Pas si tu ne dis rien, tu peux    voir ça comme une sorte de secret entre nous. Écoute, quand on y    sera, j'ai réellement besoin que tu t'éloignes de moi, que tu    fasses comme si tu ne me connaissais pas, okay ? Renchéris le    bouclé sérieusement

Je me noyais dans le vert de ses prunelles. La ligne de sa mâchoire était contractée, dessinant un arc parfait. Les muscles de son cou s'étaient contractés. Ses boucles anglaises retombaient gracieusement sur le sommet de ses clavicules. Je sentis l'adrénaline pulser à travers mes veines m'apportant de légers frissons.

UPPERCUT - H.S (MATURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant