UPPERCUT - H.S (MATURE)

ROUND 28

De toute façon, quoi qu'il advienne, il avait gagné.
Harry avait réussi à me persuader que j'étais incapable d'exister sans lui.

Le regard glacial et accusateur de Kim me fixait depuis de longues secondes. Elle était si proche que j'avais pu remarqué l'étrange couleur de ses yeux. Un curieux mélange entre le gris et le vert, si perturbant. Son souffle saccadé s'écrasait contre mes joues. Il y avait deux solutions : Soit Harry était ici mais refusait de me parler et avait trouvé refuge dans les bras de Kim, soit il avait tout simplement fui.

- J'aimerais parler à Harry. Demandai-je épuisée

- Et tu crois que lui a envie de te parler ? Il m'a dit que tu étais partie en rendez-vous avec un gars et que tu ne lui a rien dit. Me reprocha la brune

- C'est un ami. Un ami. Rien de plus. Harry s'est emballé. Me justifiai-je

- Harry a dit que ce mec est dingue de toi. Et ça ma jolie, ça change tout. Conclut-t-elle

Comme si un étau se resserrer contre ma poitrine, j'étouffais à petit feu. Je me sentais à la fois épuisée et surexcitée comme si j'étais droguée à l'ecstasy. Le cœur crevé mais pleine d'espoir. Mon regard divagua quelques secondes, je remarquais qu'une voisine qui ressemblait plutôt à une camée des bas quartiers sortit soudainement quelques portes plus loin et me fixait d'un air suspect. Tout cet univers commençait à me rendre folle.

- Alors quoi ? Tu vas m'empêcher de le voir ? M'énervai-je

- Alors quoi ? La petite blonde au cul parfait s'énerve ? Siffla Kim

Ma mâchoire se serrait et la ligne de mes sourcils se fronça par instinct. Comme un bulldozer en pleine guerre, j'étais chargée et prête à tout ravager.

- Si t'avais vraiment été une sœur pour lui, tu l'aurais aidé plutôt que de lui sucer la queue à tout bout de champs comme si c'était un jouet. Maugréai-je méchamment

Mon souffle cardiaque gonfla rapidement et je pus apercevoir le quart de ses pupilles se dilater de colère. Elle s'avança d'un pas, les lèvres serrées et le regard noir. Son indexe s'attaqua en premier lieu à ma joue gauche et puis descendit jusqu'aux falaises de mon cou. Je ne cédais pas et restais droite.

- Tu sais Piper, t'es pas la première nana que Harry baise et tu ne seras pas la dernière. J'en ai vu des tas défiler comme toi. Des petites blondes, brunes ou rousses qui tombent amoureuse de lui et qui finissent le cœur brisé. Et tu veux savoir pourquoi ? Parce qu'il est incapable d'aimer.

- Tu ne le connais pas. L'affrontai-je

- Mieux que personne ici. Mais je ne me vante pas Piper, parce qu'il ne m'aime pas non plus. Il n'aime personne car on ne lui a jamais appris à le faire. Avoua la brune presque émue

Je ne savais pas si c'était un mélange de colère, de nostalgie ou peut-être d'amertume à travers son regard mais elle me donna des frissons. Son indexe quitta ma peau alors qu'elle soupirait, comme si elle aussi était épuisée de cette situation. Épuisée de vivre dans son propre monde.

- Harry est juste une âme bousillée. Finit-t-elle par murmurer

- Il a juste besoin qu'on lui montre, qu'on lui montre comment on fait pour aimer. Protestai-je amèrement

Sans un mot de plus, je lui ébranlais le bras avant de reprendre le chemin retour. Je savais qu'elle ne me laisserait pas rentrer, ni même le voir. En me blottissant à travers les pans de mon veston, je retrouvais l'air humide de Londres. Il pleuvait à torrent comme si le monde avait lui aussi besoin de pleurer.