UPPERCUT - H.S (MATURE)

ROUND 4

" KARMA "

>> Point de vue de Piper

Sans en faire une généralité, on souhaite vivre des choses hors normes comme gagner au loto, faire une croisière sur le Nil, acheter un appartement avec vue sur plage, tomber amoureux. On recherche parfois ces expériences inouïes en pensant que c'est le but ultime d'une vie. Et bien, très souvent on passe carrément à côté de notre vie, car concrètement on vit les choses les plus mémorables de nos vies quand on s'y attends le moins, sans même s'en rendre compte.

Et ce soir-là, j'avais trois options :

1. Me faufiler derrière les bancs de plante et sortir de l'hôpital sans qu'il ne me voit

2. Attendre qu'il perde patience et qu'il se barre

3. Affronter la situation

Tout en me pinçant les lèvres j'avais longuement hésité entre l'option deux et la troisième mais je me voyais mal passer ma nuit sur une chaise, c'était ridicule. Je replaçais quelques mèches de mes cheveux derrière mes oreilles, tout en essuyant l'excès de mascara qui avait légèrement bavé. Aussitôt droite qu'un piquet et le cœur vaillant, je m'avançais vers lui. Un vieux monsieur patientait encore dans la salle d'attente. Ils n'étaient que deux.

Tout en marchant, j'ouvris mon sac à main et en sortis la casquette. Plus j'avançais plus j'avais l'impression que tout devenait beaucoup plus étroit autour de moi. Mon cœur s'emballait d'avance alors que rien n'était encore joué. Malheureusement et contrairement à ce que je m'étais imaginé, il releva la tête avant même que je sois devant lui. Sa ligne sourcilière se fronça aussitôt et il planta son téléphone dans la poche arrière de son jean. Son regard était à la fois profond et effrayant.

Tout en restant impassible, je parcourais les derniers mètres avant de me stopper devant lui, tout en gardant une certaine distance de sécurité. Je m'étais déjà imaginé la scène dans ma tête avant même de le faire. Mon plan était de lui redonner sa casquette et de tout simplement lever les voiles et rentrer chez moi. Ça c'était le plan théorique.

Il se redressa légèrement me surplombant de quelques bons centimètres. Il était grand, très grand et je me sentais ridicule du haut de mon mètre cinquante. Contrairement à notre première rencontre, ses lèvres n'étaient pas plissées mais affichaient un faible sourire, presque vicieux, en coin de bouche. Ses longues boucles ondulaient gracieusement à la naissance de ses épaules.

- Salut, tiens ta casquette. Commençai-je la première

Sans réfléchir, je lui tendis à bout de bras le bout de tissu rouge. J'aurais aimé qu'il en finisse, qu'il me la prenne, me remercie, et qu'il me libère, c'était mon plan. Mais, sa réaction fût de me fixer intensément avant de zieuter la casquette entre mes doigts. Je détestais la situation dans laquelle je me trouvais puis ce que j'étais tout bonnement ridicule à attendre le bras tendu.

- Je n'ai pas toute la nuit, prends-là. Ordonnai-je impatiente

- Je t'intimide ? Me demanda-t-il sur une voix basse et rauque

Je haussais un sourcil, surprise par ce retournement de situation. Il avait croisé ses bras le long de ses biceps et attendait clairement une réponse. En soupirant fortement, j'abaissais mon bras avant de me diriger vers la petite table basse qui trônait dans la salle d'attente réservée aux magasines et bouquins de presse. Je balançais sans réfléchir le bout de tissu dessus avant de me retourner.