UPPERCUT - H.S (MATURE)

ROUND 9

" RISK"

Et, étrangement, je ne cherchais pas à être rassurée. J'aurais très bien pu être confortablement allongée sous ma couette en train de lire le dernier best seller, mais pourtant j'avais choisi d'être ici, et pour rien au monde je ne regrettais mon choix.

Une certaine énergie planait sur l'audience secouant les personnes présentes. Ce qui était certain c'est que bon nombre des personnes dans cette salle n'avaient plus rien à perdre, tout comme le bouclé sur le ring. Ils n'avaient rien à perdre et c'était ça, leur dynamite. La plupart s'égosillaient les cordes vocales pour soutenir une personne qui était au final tout aussi paumée qu'eux. Ils bouffaient leurs derniers billets en ayant l'impression d'avoir fait une bonne affaire, un peu comme si vous misiez en bourse.

Harry sortit sa casquette fétiche de la poche de son short avant de la mettre à l'envers sur son crâne, c'était peut-être pour ça qu'il y tenait tant, elle devait probablement avoir une valeur sentimentale pour lui. Le présentateur aux bottes de cow-boy bon marché s'empara de la main des deux adversaires avant de les lever vers les cieux. Le bouclé fixait le sol du ring tout en fronçant les sourcils.

Le moustachu annonça le départ du premier round, Harry releva subitement la tête et dirigea son regard vers un coin reculé de la salle tapie dans l'ombre. C'était à l'opposé et ça ressemblait à une sorte de carré VIP. Des canapés en velours rouge sang parfois tachés et troués sur les dossiers encerclaient l'endroit. Une table basse en bois était posée au centre, j'étais intriguée et aurait pu comparer ce coin à une copie d'un mauvais thriller. Harry adressa très brièvement un hochement de tête à une personne assise sur un des fauteuils.

Aussitôt, je dirigeais à mon tour mon regard sur cette personne. Contrairement aux stéréotypes des mafieux et des types pas nets, ce garçon n'avait rien de menaçant.Et si jamais il s'avérait être dangereux, il cachait très bien son jeu. C'était un gars de probablement mon âge, de petite taille,avec des cheveux bruns en bataille mi-long. Il ne portait pas de chaussures en croco mais belle et bien une paire de Vans noire. Toute l'attention était tournée sur lui comme si il était un centre de gravité. Dans la pénombre, j'aurais juré avoir croisé le bleu océan de ces yeux. Peut-être étais-ce son mentor ? Son entraineur ? Un ami ? Ou pire ?

- Que le meilleur gagne !    S'écria le présentateur

Le bruit strident d'un son de cloche retentissait et me fit tressaillir sur place. Le combat commençait et les deux adversaires se fixaient durement sans ne jamais se lâcher d'une seconde. Harry trottinait sur place comme si il était en train de faire de la corde à sauter et se barra aussitôt le visage de ses deux poings comme une barrière invisible. Mon cœur se nouait et je vivais chaque seconde intensément.

Glinch, son adversaire tenta une première attaque furtivement mais Harry ne se laissa pas amadouer et virevolta sur le côté pour éviter le coup. L'audience était en feu, tout le monde criaient, certains priaient aussi, en espérant que leur cheval de course gagne la course. Je ne pouvais m'empêcher d'observer cet événement avec un regard extérieur et distant, je me sentais déphasée.

Sans prévenir, Harry sauta le pas et s'acharna sur le blond avec une force qui m'était encore inconnue.Je fus subjuguée par sa façon de se battre ; agressive,déterminée et précise. Ses coups étaient stratégiques.Quelques-unes de ses boucles s'étaient échappées de son chignon et balafraient son visage.  Le blond se recroquevilla sur place face à la démence des coups qu'il était en train de prendre. Les muscles du bouclé s'étaient fortement contractés, un filet de sueur commençait à émerger sur les lignes de son front. C'était violent.

Mais le blond n'avait pas avoué défaite si tôt, puis ce qu'il avait frappé violemment le genou droit de Harry, si bien que le bouclé avait dû posé un genou à terre. Harry plissa ses yeux de douleur mais se releva dans la seconde. Je ne connaissais pas grand chose à la boxe anglaise, mais je savais que ce genre de coups n'étaient pas autorisés, tout était clandestin ici. Les deux adversaires s'observaient maintenant avec aplomb.