ROUND 2

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"Medecines"


>> Point de vue de Piper 

Je sais qu'il y a certains passages dans la vie où il vous arrive de remettre en question un nombre incalculable de choses. Du genre, me suis-je correctement orientée ? Que vais-je devenir ? Pourquoi la vie est-t-elle ainsi ? Au-delà de ces questions spirituelles, l'une d'entre elles m'agaçait plus qu'autre chose ; qui était-t-il et qu'est-ce-qu'il lui était arrivé ?

Une partie de moi mourrait d'envie de connaître la vérité mais une autre facette de ma personne beaucoup plus raisonnée me scandait de ne pas m'approcher et de ne surtout pas essayer de chercher ce que je ne pourrais pas comprendre.

- Piper ? Tu vas bien ? M'interpella ma mère

Je cillais instinctivement des yeux avant de fixer plus attentivement les iris bleutées de ma propre mère. Je restais un instant silencieuse avant de l'observer dans les détails. Ses traits semblaient beaucoup plus tirés et anxieux qu'à son habitude. Je touillais mon mélange de cornflakes et de lait tout en soupirant.

- Hm, oui, ça va. Me contentai-je de répondre.

Il était évident que je vivais encore chez mes parents, mais bizarrement, je n'avais jamais encore imaginé quitter le cocon familial. Non, pas parce que l'envie me manquait mais pour la seule et bonne raison que je n'avais pas les moyens de me payer un studio dans la banlieue londonienne. Londres n'était pas un cliché, c'était une ville inaccessible réservée aux élites.Londres était l'eldorado anglais.  

Concrètement, j'étais la fille d'un père ouvrier, travaillant pour une grande marque automobile allemande et d'une mère serveuse dans un petit café au détour d'un boulevard malfamé. Mais, je n'avais pas à me plaindre, j'avais reçu une éducation exemplaire, et j'étais heureuse de pouvoir dire que mes parents ne rentraient dans les statistiques d'un mariage foiré sur deux.

- Tu sembles absente, tout se passe bien à l'hôpital ? Insista-t-elle

- C'est rien maman, je suis juste un peu...fatiguée. Conclus-je en avalant mon chocolat

Alors qu'elle resserrait son foulard autour de son cou, elle passa ses doigts contre mon crâne avant de me sourire chaleureusement. Ma mère avait toujours adopté ce comportement sur-protecteur envers moi, peut-être parce que j'étais fille unique.

- J'ai croisé la mère d'Anna hier au supermarché, elle m'a dit qu'Anna se plaignait de ne pas te voir assez souvent. Ronchonna ma mère

Maman... Me plaignis-je

Tu sais ma chérie, le fait d'avoir un métier exemplaire et difficile ne fais pas de toi quelqu'un d'inaccessible, n'oublies pas tes amis Piper. Me conseilla-t-elle


Je n'eus le temps de rétorquer quelque chose qu'elle avait déjà claqué la porte battante de la cuisine.Même si je n'étais pas en parfaite condition mentale pour affronter avec toutes mes chances une conversation comme celle-ci, ma mère avait raison. Premièrement parce que Anna était une de mes plus vieilles amies, deuxièmement, c'était Anna, je lui devais beaucoup et enfin troisièmement ; il n'y avait pas de troisièmement, car ma mère avait indéniablement raison.

Les yeux encore endormis, j'eus du mal à fixer correctement l'horloge suspendu au dessus de l'évier. Les aiguilles affichaient sept heure et quart. En me frottant les yeux, je débarrassais mon bol avant de me changer pour retourner travailler à l'hôpital. Mon père n'était pas encore rentré de son boulot car il effectuait des heures supplémentaires pour s'assurer un salaire confortable à la fin du mois.

UPPERCUT - H.S (MATURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant