Chapitre 3 - Et si je tournais les talons?

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    À quoi sert-il d'ainsi se bercer d'illusions? Pourquoi me fatiguer à consulter un détective privé dont le nom ne m'a été conseillė par aucun ami ni proche, ni même par ce serviable inspecteur qui, conscient de sa propre inutilité, m'a soufflé à l'oreille l'idée d'explorer d'autres pistes, moins traditionnelles, « car la police risque de ne jamais retrouver le petit, il faut que vous le sachiez, depuis les dernières coupes budgétaires, nous sommes incapables consacrer à chaque enquête les ressources nécessaires». Philippe Marlowe n'était d'ailleurs pas le premier détective que j'avais essayé de contacter. Quoi de plus logique ? Comment faire confiance à un "professionnel" poussant la plaisanterie ou la nostalgie jusqu'à prendre un pseudonyme aussi connoté  !? Je ne l'ai pas un instant cru lorsque, durant notre premier entretien téléphonique, il m'a soutenu mordicus qu'il s'agissait en fait de son vrai nom, que son père s'appelait Eugène Marlowe et son grand-père Jocelyn Marlowe! Restons sérieux! La vie de mon fils est en jeu et je suis contraint de faire confiance à pareil clown? J'aurais du attendre la réponse d'un autre détective. Ils auraient bien fini par décrocher leur téléphone, par accepter de me voir. Il paraît improbable, impossible, que la ville ne compte plus qu'un seul et unique détective disposé à répondre à mes appels et à me recevoir! Pourtant, c'est bien ce qui s'est produit et Philippe Marlowe, parviendrais-je pour le moins à dire son nom sans ricaner ?, est le seul à l'avoir fait.

Je décidai de ne pas tourner les talons, qu'avais-je à perdre ?

Je frappe à la porte. Devant moi apparaît un Philippe Marlowe qui ne ressemble en rien à ses illustres modèles.

Traduit de l'américainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant