J'ai donné ma réponse, ils sont partis, j'ai pris mon manteau et l'accessoire indispensable du détective privé qu'est le chapeau, j'ai cherché mes clés, ne les ai pas trouvées, ai décidé de laisser ma porte ouverte, qui oserait dévaliser un homme dont le métier est de rechercher les voleurs?, suis sorti et me suis enfin demandé où allait commencer mon enquête. La police ne m'aidera pas, persuadée qu'elle n'a besoin de personne pour retrouver, par hasard ou talent, l'enfant. Son école est fermée, car nous sommes samedi ou dimanche ou un autre jour férié, une ville abandonnée en est la preuve. Peut-être devrais-je aller interroger certains de ses amis de classe, mais quelle question poser à un enfant de 4 ans, qui m'apporterait le moindre indice ? Suis-je taillé dans le bois dont on fait les bons détectives ? Peu importe maintenant que j'ai accepté la mission, et l'argent qui l'accompagne. Ma pertinence vient de mon engagement, et non pas le contraire.
Je vais aller me promener. Le génie me viendra sans doute. je l'ai entrevu dans sa bouteille, il m'a fait un clin d'oeil, puis a disparu au fonds de ma gorge. Heureusement que, depuis quelques jours, l'alcool n'a plus le moindre effet sur moi. Je bois, j'écluse autant que je veux, je garde la tête froide, les idées claires et passe, sans souci, d'une boisson alcoolisée à l'autre, la vodka conserve ma préférence pour son humanité, je vois si bien à travers elle. Combien d'enquêtes ai-je, dans le temps, bâclé par imbibition fortuite ? J'ai toujours bu plus que de raison. Je croyais, idiot, qu'un peu de brume dans mon cerveau m'aiderait à distinguer le vrai du faux, le clair de l'obscur, la vérité de ce qui l'entoure. Dès le réveil, je buvais, puis j'avalais, avant d'ingurgiter. Dès 10 heures, je m'empâtais et à l'approche de midi, quand les connections se relâchaient, j'accélérais la cadence, car tout le monde le sait : la glissade devient chute quand le sol devient rocher. A moins qu'il ne s'agisse là d'une sentence lue sur la page facebook d'un quinquagénaire suicidaire. Au fait, l'information n'est pas indispensable, il est donc nécessaire que je la diffuse : les réseaux sociaux restent désespérément bloqués sur des photos postées il y a plusieurs jours déjà, une éternité dans la blogosphère!, mais revenons à la cartographie de mes agapes quotidiennes. Les après-midis s'évanouissaient et disparaissaient, sans que la police ne s'en inquiète. Le soir, j'utilisais l'excuse des enquêtes pour fréquenter un maximum de débits de boissons, ce qui, malgré la proximité linguistique, n'est pas un délit. Je sombrais vite et rêvais d'une autre vie, je ne vous l'ai pas encore dit, mais j'aurais voulu être comptable, ou notaire, ou fonctionnaire de l'état. N'importe quoi aurait fait l'affaire, sauf et voilà la tragédie de mon existence, les affaires des autres. Qui voudrait être détective quand il eût pu être mécanicien dentaire ?
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Traduit de l'américain
FantasyIl y a ce que l'on voit... Puis, ce que l'on pense... Et enfin ce que l'on sait. "Comme un matin ordinaire, j'effectue les gestes, mécaniques. Je laisse couler un peu d'eau chaude dans l'évier ; je trempe mon blaireau dans le fond d'eau pour l'humec...