Chapitre trois

81 3 0
                                    

- Bon alors, commença Ema lorsqu'on arriva dans la cantine chatoyante.

Elle me montrait du signe d'un doigt un comptoir derrière lequel attendaient deux femmes joyeuses et chaleureuses.

- Je te présente Jeanne, celle de droite, et Leanne à côté. Elles sont jumelles comme tu peux le voir.

C'était bien vrai. La même couleur blonde et ces yeux verts si pâles. Je tournai la tête de gauche à droite. Est-ce qu'il est ici ?

- Oublie, il est pas là, me chuchota Claire très proche de mon oreille.

Pourquoi chuchote-t-elle ? Elle a peur qu'Ema ou quelqu'un d'autre réagisse mal ?

- C'est ça.

- Il me semblait bien. Allô ? Ici la Terre, Élysée. Les saucisses ont l'air un peu brûlées, ne les prends pas.

- Hein ? Euh, oui, d'accord.

J'ai rêvé ? Ça doit être ça. On se dirigea vers un petit meuble ouvert dans lequel des services et des assiettes posaient bien rangées. Claire se servit en premier, prenant couteau et fourchette, ainsi qu'une assiette en porcelaine. J'observai les deux se servir sans bouger d'un pouce. Ema se tourna et me dit d'un sourire moqueur :

- Dis, tu voudrais pas te servir avant que les hippopotames arrivent ?

- Pff... Les hippopotames ? Tu voulais pas plutôt parler d'ordures pullulants ? ricana une voix derrière moi.

Hilyna. Ses yeux s'écarquillaient de malice et un vilain sourire carnassier mettait en valeur ses deux organes visuels. Elle m'empoigna les épaules en me décalant légèrement du meuble.

- Si tu veux pas te faire bousculer, sers-toi vite, insouciante gamine.

Sur ses mots, elle partit vers les deux cuisinières. Pas le temps de placer une phrase. Je lui obéis. À la seconde d'après, un amas d'enfants couraient, se bousculaient avec compétition. J'accourus en direction des jumelles qui me servirent une sorte d'émincé aux pruneaux, des brocolis, le tout avec du riz balsamique, puis je pris en chasse Claire semblant danser au milieu de ces gens pour les éviter sans faire tomber la nourriture. De mon côté, je n'avais qu'à lever les bras, parce que je les avais assez longs, donc les têtes ne touchaient pas mon assiette creuse. D'un coup d'œil, je vis Claire s'asseoir à une table non loin de moi. Je la rejoignis tandis qu'Ema combattait toujours dans la foule immense. Je m'assis d'un souffle sur la chaise en bois. J'observai mes alentours : des sièges et des tables positionnées correctement et strictement. J'aurais cru qu'elles étaient carrément collées sur le sol en plastique un peu mou.

- Aaaaah... Enfin..., s'épousseta « bouclette ».

- Ouais..., lui répondis-je d'un sourire amical.

- Maintenant, tu sais qu'il faut venir tôt, compris ?

- Chef, oui chef !

J'aimais bien dire cette phrase : Lula s'énervait dare-dare. Pourtant, à présent, cela semblait être l'inverse. Ema souriait comme contente de se trouver ainsi représentée. Elle s'assit maladroitement, prit possession de sa fourchette et commença à la planter dans la viande qu'elle porta à sa bouche.

- Bon alors. Vas-y, pose les questions, mâcha-t-elle avec sa viande.

- Euh...

Qu'est-ce que je pourrais bien demander... Ah !

- C'est de la magie ?

- Mé hé hé hé ! Non !

- Alors c'est quoi ?

Seule Survivante : CommencementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant