Chapitre neuf

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J'étais attachée. Devant moi, des sphères volaient éparpillées dans ce qui semblait être une salle plongée dans le noir. À l'intérieur, des lettres se formaient et disparaissaient rapidement. Je voyais des gens courir, un enfant recroquevillé jouant avec un bout de bois, un homme portant une fille sur son épaule et encore plein d'autres. Il y avait aussi l'arbre à la balançoire.

Je secouai la tête. J'observai mon corps nu enlacé par des chaînes brunes. Je posai une seconde fois mon intention sans réellement d'émotion sur les sphères et l'espace vide, presque infini en réalité.  Un infini sombre.

Une sphère s'approcha de moi. J'essayai de tendre la main, sans succès.

J'observai une jeune fille courir après une forme noire. Le rythme se mit à accélérer. Les images défilaient tout en s'imprégnant dans mon esprit. Je revivais la scène, sans émotion, sans les douleurs physiques. Malgré moi, ma bouche frémit et son nom m'apparut.

« Élysée... », murmura une voix d'enfant à mon oreille. « Élysée... Ça va ? »

Je me retournai surprise par le soudain appel. La sphère plutôt dure, contre laquelle je me cognai la tête, n'affichait rien. Le coup m'était comme un électrochoc.

-          ... Attends... Je suis où ?! ' Y' a quelqu'un ?!

L'infini sombre ne me répondit rien. Je forçai une seconde fois sur mes chaînes.

« Je suppose que tu es encore évanouie... »

-          Non ! Attends ! criai-je dans le vide.

Je m'acharnai sur les chaînes. Au bout d'une minute, j'abandonnai. Une sphère s'approcha de moi lentement. Arrivée à la hauteur de mes yeux, elle montra mon corps immobile et allongé. Ma gorge se noua lorsqu'elle fit un zoom sur la scène. J'étais trempée de sang sur un corps d'un professeur. Mes cheveux se baignaient doucement dans le liquide. Une petite fille était penchée au-dessus de moi. Elle me caressait le visage.

« Grim a été très prévenante. Elle t'a soignée et puis, et puis, elle t'a posée très gentiment. Et puis, moi, j'ai tué tout un tas de personnes rien que pour toi », disait-elle en se levant et en tournoyant telle une danseuse.

Elle avait les mêmes cheveux que Lula.

La sphère changea de champ.

Deux femmes se regardaient immobiles.

-          Madame Noni ?

L'autre avait les cheveux roux, un peu brun, au carré. La sphère me permit de voir son visage. Elle avait des yeux d'herbes en amande.

Au-dessus de Noni, des lettres s'affichaient : « Grim... Qu'est-ce qu'elle fait encore là... » Sa bouche s'ouvrit et j'entendis parfaitement ce qu'elle disait : « Je t'avais pas tuée la dernière fois ?

-          Bonjour Noni. Ça fait longtemps, n'est-ce pas ? Tu vas bien ? Moi aussi. Tu n'as pas d'autres questions ? On va commencer, d'accord ? »

Elle sortit des gants noirs. Elle les enfila comme un chirurgien. Elle s'étira en arrière et en avant.

« Tu es prête ? »

Et elle disparut. Noni s'envola contre le mur. Grim réapparut devant elle.

« Tu ne peux même plus suivre mes mouvements. C'est décevant. »

Elle lui attrapa une touffe de cheveux.

« Dire qu'avant je jalousais ta blondeur naturelle. Tu te rappelles quand tu m'as coupé les miens ? Mes cheveux ? Je te rends la pareille. »

Seule Survivante : CommencementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant