La nuit consumait le jour. Le soleil laissait place à la lune blanche qui se faisait belle. Elle se maquillait de lumière, telle qu'elle illuminait un morceau de la voûte, submergeant les étoiles scintillantes de sa beauté enfouie.
En-dessous, sur la terre ferme, elle regardait les Enfants de Marie avec tristesse. Elle se dégoutait de leur propriétaire, pourtant elle les éblouissait.
Les dégoutés marchaient vers un village. La forêt qu'ils traversaient s'était parsemée depuis de longues années de pins, de chênes et de noisettes dans lesquels les rongeurs se nichaient lorsque le froid semblait trop dur pour leur petit corps. Sur les branches d'arbres, quelques hiboux hululaient avec, comme orchestre, le crissement des feuilles mortes par un animal qui ressemblait tout bonnement à un écureuil. Mais la lune n'était pas sûre car elle ne voyait pas très bien de là où elle se tenait. Elle découvrit avec horreur les pauvres fleurs séchées qui embellissaient autrefois la forêt. Elle soutint ses larmes en voyant à quel point le monde avait changé sans qu'elle ne s'en aperçût. Un nuage passa devant elle, ainsi elle put pleurer sous le regard d'aucun Enfant de Marie. Et lorsqu'il repartit, elle cacha ses pleurs derrière une lumière plus vive. Oh Marie... Elle pensa à cette femme divinement gentille et belle. Je me demande bien où tu es en ce moment. Dans une de ces étoiles ? Dans un de ces corps ? Dans un de ces arbres ? Dans une de ces fleurs ? Oh Marie... Toi qui as pourtant créé les esprits pour sauver ce monde qui se détruisait, aimée de tous, n'es-tu pas déçue par ces humains qui utilisent tes Enfants comme des jouets ? Oh Marie... Si tu m'entends, fais quelque chose. Moi, je ne peux rien faire. Oh Marie... Si ton âme est encore en vie, fais quelque chose... Oh Marie, j'espère que l'immense pouvoir que tu t'es ôté pour eux ne t'a pas causé la mort... Oh Marie...
Devant elle, une jeune femme d'à peu près vingt ans la regardait de ces yeux bruns tiraillés par des ruisseaux autours de la rétine. Son visage ovale et pâle se laissait bercer par de longs cheveux marron. Ses lèvres minces se mouvaient gracieusement : « ma Lune, ma très chère Lune... » Elle tendit une main terne aux longs doigts. Elle sourit, puis disparut : une illusion misérable de son souvenir passé. La Lune laissa couler sa dernière larme et ferma ses paupières. Elle se dit que plus jamais elle ne regarderait la Terre.
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Les pas se pressaient sur la pauvre terre sèche. Ils la piétinaient, la cassaient, la craquelait, elle hurlait de douleur ; ils lui tapaient dessus, elle saignait de la poussière ; jamais ils ne s'arrêtèrent, on lui prodiguait une nouvelle torture. Aux complaintes de leurs camarade, toute vie fuyait ces pas pressés et aux actes lugubres.
Les pas se séparèrent au même rythme par un chuchotement grave et sinistre. Deux pas restèrent dans la forêt devenue une pénombre sans fin autours d'eux. Ils avaient dégoutés la Lune ; ils dégoutaient dorénavant la Nature. Ils continuèrent à avancer dans cette obscurité que la Lune aveugle et muette ne chassait plus de ses rayons.
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Scratch, scratch.
Sa veste noire s'accrochait aux ronces desséchées. En tirant un peu, l'humain la déchira. Un bout de tissu resta empalé par les piques. Il tendit la main et une petite flamme précise le brûla. Il l'éteignit avec l'eau de sa gourde presque vide. Il se détourna des ronces, ses yeux s'émerveillèrent en trouvant le village silencieux, éloigné par une plaine circulaire d'herbe verte. Il regarda les alentours, puis sourit de satisfaction en remarquant ses compagnons de part et d'autre de la frontière de pins. Il pointa son bras vers le ciel, les sept têtes l'observèrent ; il décrivit verticalement un arc de cercle, les sept corps marchèrent silencieusement vers le village, ne décrochant en aucun cas leurs yeux de cet homme ; il baissa violemment la main, ils se précipitèrent vers les gardes qui dormaient paisiblement, insouciants de ce qui se passait.
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Seule Survivante : Commencement
Fantasi« Je ne voudrais pas être lui. Moi, un jour, je veux mourir, mais pas devenir immortelle. » [EVSNOYE PRÉSENTE] « On va aider les autres ? » [SEULE SURVIVANTE: COMMENCEMENT] « Par... tez... » « Enfuis-toi, Élysée ! » [AVEC LA COOPÉRATION DE] « Règle...