Chapitre dix

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Ema.

« Salut Claire ! »

Une fillette aux bouclettes brunes s'avançait en souriant.

« Tu t'appelles bien Claire ? »

Elle hocha la tête.

« Moi c'est Ema. Tu veux être mon amie ? »

Les mains étaient tendues.

Claire...

« Pourquoi tu veux que je sois ton amie ? »

La fillette aux cheveux roux regardait l'herbe verte du grand jardin encerclé par le bâtiment en pierre. Le silence planait.

J'ai besoin de ta présence pour me sentir importante.

« Pourquoi le monde est méchant avec moi, sauf toi et Hilyna ? Toi qui es amie avec eux, tu ne devrais pas savoir ? Et si tu es amie avec eux, pourquoi tu es mon amie ? »

- Cl... re. Clai... Claire, réveille-toi. J'ai trouvé quelque chose.

Elle ouvrit difficilement les paupières. Sa vue était floue. Elle pouvait sentir sa tête rebondir contre la chemise chaude du Directeur. Il la déposa par terre en la retenant par le bras.

- Regarde.

Une grosse flaque de sang avait imprégné le tissu du sol. Juste devant, une photo attendait. Une flamme, toute petite, la consumait à petit feu. Le Directeur s'approcha. Un garçon et une fille souriaient à pleine dent.

- Ce ne serait pas Ema Ludwig ? Tiens, Claire.

Elle observa longuement l'image entre ses doigts. Les cheveux de jais se mélangeaient avec ceux de la bouclée. Les traits du visage et leurs yeux se ressemblaient en tout point de vue. Un frère certainement.

- Oui c'est elle.

- Et le garçon ?

Elle releva la tête et le fixa dans le blanc des yeux.

- Je ne sais pas, mais vous oui.

Il s'abaissa vers la flaque. Il l'effleura.

- On l'a ratée de quelques minutes. On va suivre les traces.

Elle acquiesça.

Ils continuèrent leur chemin dans un silence pesant. Depuis les évènements passés, Claire se plongea dans un mutisme. Elle ne voulait pas parler ; elle ne voulait pas voir ; elle ne voulait pas se souvenir ; elle voulait partir loin, loin de ce bâtiment, loin de ce couloir. Mais on ne pouvait pas partir. Lorsqu'on entrait à l'intérieur de l'Organisation, c'était sur sa voie qu'on courait.

« Ne te pose pas de question, Claire. »

« N'essaie pas de comprendre les choses, Claire. »

« T'es qu'une enfant, Claire. »

Alors pourquoi on doit endurer les fautes des adultes ? C'est eux qui ont créé tous ces problèmes.

« Tu ne peux pas comprendre, Claire. Nous sommes des adultes, c'est normal qu'il y ait des erreurs. »

Moi aussi, je suis une erreur ?

« Qu'est-ce que tu fais là, Claire ? Sors d'ici immédiatement. »

« Elle est dangereuse. Nous devrions l'enfermer. »

Seule Survivante : CommencementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant