Début des cours! ou quand quelqu'un éternue trop fort...

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Malgré les inquiétudes de Kiara, la semaine de repos se passa sans le moindre accros. Elle passa le plus clair de son temps à flâner sur l'île, à l'écart des autres élèves (même si Ridian arrivait toujours à surgir quand elle s'y attendait le moins, elle avait fini par s'y habituer un peu; surtout maintenant qu'elle connaissait un côté du garçon qui l'incitait à penser qu'il n'était pas aussi méchant qu'il voulait lui faire croire. Cela ne l'empêchait pas de rester sur ses gardes autour du garçon.).
Elle avait compris dès le premier jour que 'Kiara' n'allait pas passer inaperçue longtemps, surtout que tous les regards se fixaient sur elle dès qu'elle entrait dans une pièce, et elle ne pouvait pas exactement rester en tant qu'"Alex" 24h sur 24 ; elle ne savait pas combien de temps le bouton pouvait tenir et elle ne voulait pas se retransformer en 'Kiara' à un moment embarrassant.

A la fin de la semaine elle aurait pu faire un croquis relativement détaillé du relief de l'île.

En revanche, elle s'aidait encore des panneaux pour s'orienter dans le bâtiment, qui, en plus du réfectoire et des salles de classe, abritait tout un centre de magasins qu'Angélique avait omit de mentionner. Il peut être utile de mentionner que l'école avait sa propre 'monnaie'. En effet, les élèves recevaient chaque mois un certain nombre de points qui leur servaient ensuite à acheter ce qu'ils voulaient avec. C'était un bon moyen d'apprendre à gérer son argent, de trouver un juste milieu entre les plaisirs et les nécessités.

On y trouvait tout d'abord des fournitures scolaires, des feuilles de papier, des cahiers (à carreaux, à lignes...), des stylos (normaux, à plume, ou même avec une véritable plume en guise de manche), des feutres de couleurs (on passait des classique bleus-rouges-verts aux couleurs de guimauves, de bouteilles sales où encore à l'odeur de poisson)... il y en avait littéralement pour tous les goûts. Plus loin, on voyait une sorte de supermarché, où l'on pouvait acheter de quoi se faire un goûter si l'on avait une petite faim (il y avait une boulangerie intégrée dont les pains au chocolat étaient très appréciés), ou des produits de toilette (shampoing, savon, papier toilette...)... De l'autre côté de l'allée centrale, les filles s'agglutinaient souvent au magasin de maquillage (que Kiara ignora royalement lorsqu'elle visita les échoppes) et aux magasins de vêtements (...pourquoi ? Elles étaient obligées de porter l'uniforme toute l'année à l'école, à de rares exceptions près, à quoi cela leur servait il d'acheter autant de vêtements qu'elles ne mettront pas ?).

Un peu à l'écart de la circulation de filles enragées, se tenait un tout petit stand, sans vendeur. Le seul où personne ne s'arrêtait, comme s'ils ne le voyaient pas. Curieuse, Kiara avait jeté un coup d'œil à la marchandise. Des bijoux. Des boucles d'oreille fantaisies, lourdes, pendantes, simples ; des pendentifs énormes ou délicats, à l'effigie d'animaux ou de signes religieux ; des broches de fils torsadés... Un très joli bracelet argenté serti de petites pierres bleues-vertes selon l'orientation à la lumière attira son attention. Elle le leva à hauteur de ses yeux pour mieux l'admirer. Il était vraiment beau. C'est presque avec regret qu'elle le reposa. Elle n'en avait pas besoin. Elle était ensuite passée au supermarché et acheté de quoi prendre des notes pour les cours.

En retournant au Hall pour le dîner, elle soupira. Durant la semaine, elle était allée voir les filles de son ancienne chambre, mais elles lui avaient fermé la porte au nez l'instant où elles s'étaient aperçues de l'identité de la visiteuse. Et lui avaient parlé à travers le bois. Probablement en pensant qu'elle carboniserait la porte, puis elles, si elles n'acceptaient pas au moins d'écouter ce qu'elle voulait. D'une certaine façon, Kiara s'y attendait.

A la base, elle était une personne sensible qui avait tendance à faire confiance aux gens, trop même ; ce qui rendait facile le fait de la trahir et la blesser. Au cours de ces dernières années, elle s'était refermée sur elle-même, avait appris à anticiper ce que les gens allaient penser d'elle selon son comportement à un moment donné. On aurait pu appeler cela de la paranoïa, et ça n'aurait pas été loin de la vérité, mais c'était le moyen qu'elle avait trouvé afin de se protéger. Si elle imaginait le pire à chaque fois, alors elle n'aurait plus de mauvaises surprises, et si elle ne faisait plus confiance à personne, à quelques exceptions, elle ne serait pas trahie. Pour être honnête, si Antoine n'avait pas été là pour la soutenir, régulièrement, depuis huit années, elle serait incapable d'être aussi... 'ouverte' avec Théo, et peut-être Ridian.

Kiara: le glacierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant