Mais pourquoi?

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« Si tu as quelque chose à dire, dis-le et s'il te plaît arrête de gigoter et avance un peu plus vite, sinon on y sera pas avant ce soir. »

Philip ouvrit la bouche mais aucun son n'en sorti.

Kiara poussa un petit soupir exaspéré. Vingt minutes qu'ils étaient sortis, laissant Kazimir et Théo aux petits soins des enfants, et Philip n'avait cessé de paraitre tendu et mal à l'aise.

« Ça à un rapport avec tes amis ? »

Le jeune homme jeta un œil derrière lui, bien que la petite maison ai disparu de leur champ de vision un certain temps auparavant.

« Ne t'inquiète pas, Marine est une fille responsable ; tout va bien se passer. »

Philip hocha la tête, l'air pas très convaincu. Kiara l'observa un instant. Les dernières heures ayant été assez chaotiques, elle n'avait pas pris le temps de bien le regarder. Il était grand, plus grand que la moyenne, entre 1m80 et 1m85, elle lui aurait donné plutôt 17 ans, comme pour Kazimir ; ses cheveux qu'elle avait crus d'abord noirs et raides dotés de quelques ondulations discrètes brillaient à présent de reflets bruns à la lumière naturelle, et ses yeux marrons remplis d'inquiétude semblaient sur le point de se transformer en or fondu.

« Tu me fais penser à une poule que j'ai vu il y a quelques temps. »

Cette fois-ci, Philip la dévisagea, pas certain d'avoir bien entendu.

« Une...poule ?

-Moui. Tu vois la ferme que l'on vient de passer ? » fit-elle en désignant une maisonnette accolée de ce qui ressemblait à une remise. « Je suis passé devant l'autre jour, et il y a deux poussins qui se chamaillaient qui ont traversé le chemin sans regarder. Ils étaient passés par un trou sous la clôture, et je voyais la mère, une petite poule rousse, qui courrait dans tous les sens en caquetant à tout bout de champ dans la cour ; et quand elle les a vu, elle a essayé de passer par le même trou mais elle était trop grande, alors elle a commencé à faire les cent pas devant le grillage. Tu me fais penser à cette poule, toujours à s'inquiéter pour sa progéniture, toujours à avoir peur de les quitter du regard et qu'ils aient disparus cinq minutes plus tard.

-Je ressemble à une poule ; on ne me l'avait jamais faite celle-là... mais toi aussi tu fais un peu poule avec les enfants. Ce n'est pas trop dur de s'occuper de cinq gamins toute seule ?

-Bien sûr que non, ils sont assez matures pour leur âge.

-Ils ont l'air de t'aimer comme une mère. »

Kiara haussa les épaules.

« On est une famille, même si on n'est pas liés par le sang. Notre lien est beaucoup plus profond.

-Tu veux parler du fait que... vous n'avez pas de parents ?

-Non, je veux parler de nos sentiments les uns envers les autres.

-Marine a dit que tu étais la seule de vous six à te souvenir de tes parents, c'étaient qui ? »

Kiara s'arrêta net.

« Philip.

-Euh... Oui ? » fit-il, déstabilisé par la soudaine absence d'émotion dans sa voix.

« Je ne vous pose aucune question sur qui vous êtes et d'où vous venez et en échange vous ne chercherez jamais à en savoir plus sur mon passé. D'accord ? »

Le garçon hocha la tête, incapable d'émettre un son.

« Bien. Dépêchons-nous. »

Ils marchèrent une dizaine de minutes, admirant le paysage lumineux. Le sol était majoritairement recouvert d'herbes folles à perte de vue, lorsqu'il n'y avait pas de forêt, et ils devaient faire attention aux serpents qui pouvaient s'y dissimuler.

Kiara: le glacierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant