Le bal de l'horreur

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Versailles, mai 1660

Éventail à la main, Roxanne parcourrait les jardins de Versailles. Souvent, elle se promenait sur cette vaste étendue. Elle y recherchait le calme, la sérénité et par-dessus tout, la solitude, qu'elle ne trouverait jamais dans tous ces bals et autres réceptions mondaines remplis d'aristocrate guindés et prétentieux.

Elle n'était pas seule, loin de là. Ses nombreux courtisans la suivaient dans le moindre de ses déplacements. Jeunes ducs, comtes ou marquis, tous la désiraient et tous disaient que sa beauté rivalisait avec la reine elle-même. Ses cheveux dorés et ses yeux gris n'avaient pas d'égal dans le pays.

Elle n'avait que dix-sept ans et pourtant, son père, le comte d'Allonville, avait déjà reçu une quantité de demande en mariage impressionnante. Il avait reçu chaque prétendant dans leur immense demeure, et chaque fois, il suivait le même rituel. Monsieur le comte demandait à la bonne, mademoiselle Carlotta, de leur servir le thé dans le petit salon (tradition qu'il avait adoptée depuis son voyage en Angleterre), auquel s'en suivait un interrogatoire digne de l'armée. Ces pauvres garçons repartaient tous plus effrayés les uns que les autres, la mine déconfite. Le comte pensait qu'aucun homme, aussi riche et puissant soit-il, n'était assez bien pour sa fille. Toutes les jeunes filles de son âge étaient mariées depuis bien longtemps. Toutes, sauf Roxanne.

Roxanne était heureuse que son père les rejette tous. Elle aimait jouer avec les hommes et avec leurs sentiments, mais jamais elle n'éprouvait le besoin d'aller plus loin que de simples paroles. Ses charmes avaient brisé plus d'un cœur.

Elle ne ressemblerait jamais à sa sœur, Christine, qui depuis sa naissance n'aspirait qu'à une seule chose, le mariage. Christine avait deux ans de plus que Roxanne et elle était mariée depuis déjà cinq ans. Contrairement à l'avenir que s'imaginait Roxanne, Christine ne vivait que pour servir son cher époux. Elle lui aurait décroché la lune s'il lui avait demandé.

Roxanne, elle, voulait que les hommes soient à ses pieds, littéralement. Ils la couvraient sans cesse de cadeaux extravagants. Un jour, l'un de ses prétendants lui avait même offert un cheval. D'autres encore, lui offraient des robes ou des bijoux.

Et aujourd'hui, elle était invitée, comme beaucoup d'autres nobles, à participer à la promenade du roi Louis XIV. Pour l'occasion, Roxanne était coiffée d'un chapeau à plume, très en vogue ces derniers temps. Elle s'était parée de ses plus beaux bijoux et portait une robe de soie. Elle savait qui serait présent lors de cet événement. Elle voulait impressionner et être remarquée. Cela ne ratait jamais.

- Oh ! S'exclama-t-elle lorsqu'une rafale de vent emporta sa coiffe.

Tous les hommes qui l'entouraient, se lancèrent à la poursuite du chapeau. C'est le jeune duc Vander Holt qui revint victorieux. Il tendit galamment l'objet à la comtesse, qui le remit délicatement sur sa tête.

- Mille mercis, Charles. Je suis heureuse que vous soyez là, je ne sais pas ce que j'aurai fait sans vous.

- C'est toujours un plaisir de vous venir en aide, mademoiselle.

Des étoiles plein les yeux, il lui offrit son bras qu'elle prit timidement. Charles n'était pas le plus beau des hommes qui lui faisaient la cour mais il était sans aucun doute le plus gentil. Il ne se doutait pas une seule seconde qu'il ne l'attirait pas le moins du monde.

- Puis-je savoir qui aura l'honneur de danser avec vous, ce soir ? Lui demanda-t-il les yeux brillants d'espoir.

- N'ayez aucune crainte mon ami, je vous réserverai une danse sur.

Un sourire jusqu'aux oreilles, il s'abaissa et lui baisa la main.

- Parfait, annonça Roxanne. Nous nous verrons donc ce soir.

Le manoir des vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant