L'aube se levait, Roxanne sortit de la chambre de Mac sur la pointe des pieds pour ne pas faire de bruit. Lentement, elle descendit les étages de la maison. Tous les couloirs qu'elle traversait étaient déserts et sombres. Il était fort probable qu'elle soit la dernière personne encore éveillée. Il n'y avait pas de risques réels à se promener à cette heure. Les rideaux de chaque fenêtre étaient tirés et aucune lumière ne filtrait.
Roxanne parcourut calmement le couloir sans prendre la peine d'allumer la lumière, elle voyait parfaitement sans cela. Elle s'arrêta un instant pour contempler un tableau accroché au mur. C'était une vieille peinture qui représentait Versailles dans toute sa splendeur. En la regardant, Roxanne se dit que cette représentation n'était pas exactement comme dans ses souvenirs. Il manquait une fontaine par ici, une allée d'arbre par-là. Mais peut-être Versailles était-elle très différente depuis la dernière fois que Roxanne l'avait vu.
La vampire ne s'attarda pas sur le tableau et reprit son chemin. Elle se rendit dans la cuisine. La nourriture n'était pas nécessaire à la survie des vampires mais ils en appréciaient le goût.
En arrivant dans la cuisine, Roxanne fut surprise d'y trouver Isaac.
— Bonsoir comtesse, marmonna-t-il entre deux bouchées de ragout. Il y a des restes dans le frigo, c'est certainement encore chaud.
En le remerciant d'un hochement de tête, elle se dirigea vers le réfrigérateur et en sortit une assiette pleine de ragout encore fumant. Elle attrapa une fourchette dans le tiroir et s'installa en face d'Isaac. La première bouchée lui brula la langue mais elle n'y prit pas garde. Sa langue serait cicatrisée d'ici quelques secondes.
Lorsque la nourriture tomba délicieusement sur son estomac, la chaleur se répandit agréablement dans tout son corps et elle soupira de plaisir.
— Un nouveau cadavre de vampire a été trouvé la nuit dernière, l'avertit Isaac.
— Encore un ?
— Oui, le quatrième de ce mois-ci. C'est étrange, il n'y en a pas autant d'habitude.
— Peut-être une coïncidence, proposa Roxanne.
— Espérons-le.
Elle finissait d'avaler lorsque la porte de la cuisine s'ouvrit de nouveau. Martin, qu'elle n'avait pas revu depuis plusieurs jours, entra d'une démarche lourde. Sans leur dire un mot, il ouvrit le réfrigérateur. Il fouilla dedans un moment et claqua la porte d'un air rageur. Et il vînt s'asseoir à côté de Roxanne, en se collant le plus possible. Levant la tête de son assiette, Roxanne regarda Isaac et lui lança un appel à l'aide discret. Ce dernier la fixa d'un air désolé, se leva et s'en alla.
— Merci pour le soutien ! Maugréa Roxanne entre ses dents.
La comtesse savait parfaitement ce qui l'attendait. Depuis très longtemps, Martin la persécuter régulièrement. Et il avait pour habitude de rendre un coup pour un coup. Il ne laisserait pas passer la blessure que Roxanne lui avait infligée.
Martin trempa ses doigts dans l'assiette de Roxanne, prit un morceau de viande qu'il lécha goulument.
— Tu m'écœures, le réprimanda Roxanne.
Elle essaya de se lever mais comme elle s'y attendait, il l'en empêcha en lui enserrant durement la nuque.
— Tu n'iras nulle part, grogna-t-il. J'ai quelque compte à régler avec toi.
D'un geste, Roxanne lui mit un coup de coude dans le nez. Déséquilibré, il tomba de sa chaise. Il gémit et se tint le nez, ensanglanté. La vampire profita de son état de faiblesse pour s'enfuir. Mais avant cela, elle se vengea en lui vidant son assiette de ragout sur le visage.
— C'est meilleur comme cela, lui dit-elle en partant.
Elle monta l'escalier en courant au cas où Martin aurait voulu la rattraper. Elle ne s'arrêta pas avant d'être dans sa chambre et d'avoir verrouillé la porte. Et pour être certaine qu'il ne puisse pas entrer, elle bloqua la porte avec sa commode.
Un instant plus tard, elle entendit un vacarme assourdissant en provenance de l'escalier. Martin se mit à tambouriner violemment à la porte.
— Roxanne ouvre cette porte ! Hurla-t-il la voix méconnaissable.
Il continua à crier et à taper sur la porte. Il réussit même à faire reculer la commode. Tout à coup, il se tut. D'abord, Roxanne crut qu'il avait renoncé et qu'il était partit mais en s'approchant de la porte pour écouter, elle constata qu'il n'était plus seul.
— Tu ne penses pas que tu m'as causé suffisamment de problème, dit la voix de Simon douce comme du miel. Je t'avais prévenu de ce que tu risquais si tu recommençais.
— Mais cette sale...se défendit Martin avait que Simon ne le coupe.
— Attention à ce que tu dis. Tu es allé trop loin, tu ne me laisses plus le choix. Dès ce soir, je veux que tu quittes cette maison. Tu n'as plus le droit d'y remettre les pieds.
— Tu n'as pas le droit de faire ça ! Railla Martin.
— Bien sûr que si. Et c'est ce que je vais faire. Dès demain, tu iras dans une autre maison, loin d'ici.
Roxanne entendue du bruit derrière la porte. Les deux hommes se battirent quelques secondes puis il n'y eut plus rien.
— Ne joues pas à cela avec moi, prévint Simon en maitrisant Martin. C'est terminé maintenant. Tu ne lui feras plus de mal.
Roxanne sourit intérieurement en entendant ces mots. La vampire entendit un léger frottement et les pas de Martin s'éloignèrent. Ceux de Simon partirent à leur tour. Rapidement, Roxanne poussa la commode, et ouvrit la porte jute assez pour passer la tête.
— Merci, chuchota-t-elle à son dos.
— Remerciez Isaac, dit-il en se retournant à moitié, c'est lui qui m'a prévenu que vous aviez des ennuis.
Et il partit. Simon prenait son rôle de chef très au sérieux. Aucun chef avant lui, aucun homme même ne l'avait protégé comme cela auparavant. Elle commençait vraiment à l'apprécier. Il était différent de ses prédécesseurs. Il était le premier à avoir affronté Martin. Il était courageux.
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Le manoir des vampires
VampireDu Versailles de Louis XIV au New-York d'aujourd'hui, découvrez la vie de Roxanne, vampire et comtesse, au cœur d'un manoir de New-York. Entre meurtres et soif de sang, elle n'a pas le temps de s'ennuyer.