Nuit d'ivresse

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Depuis plusieurs semaines, Roxanne n'avait pas quitté sa chambre et passait ses nuits étendue sur son lit, un bouquin entre les mains. Cela mettait ses nerfs à rude épreuve et elle commençait à s'impatienter. Elle s'était soumise au règlement imposé par Simon et n'avait pas rechigné à se nourrir de lapin. Mais ces petites bêtes ne satisfaisaient pas pleinement sa soif et son corps en subissait les conséquences. Elle se sentait sans cesse fatiguée, elle n'était plus aussi forte et plus aussi rapide. Si on venait à l'attaquer de nouveau, elle serait incapable de se défendre.

Angoissée de se sentir si vulnérable, Roxanne envisagea de parler à Simon de cette situation. Le trouver fut plus difficile qu'elle le pensait. Il n'était jamais au manoir. Il passait ses nuits entières à chercher des indices sur l'identité du tueur de vampire.

Il fallut trois jours de plus à Roxanne pour lui parler. Elle avait attendu pendant plusieurs heures devant la porte de la grande salle. Simon était à l'intérieur accompagné de l'ainé. La vampire colla son oreille à la porte pour tenter de saisir quelques mots de leur conversation mais elle n'entendit que du vide. Cette pièce avait été spécialement aménagée pour qu'aucun bruit ne filtre, pas même pour l'ouïe d'un vampire.

Alors qu'elle ne s'y attendait pas, la porte s'ouvrit et elle perdit l'équilibre. Un quart de seconde plus tard, elle se retrouva coller contre Simon, les mains plaquées contre son torse.

— Tiens, une espionne.

— Pardon, je...dit-elle avant de s'écarter, gênée. Je voulais vous parler.

— Ravie de te revoir, Roxanne, s'enthousiasma l'aîné en s'approchant d'elle. Simon m'a expliqué tes dernières mésaventures. C'est vraiment regrettable qu'un tueur en série sévisse dans notre ville. Mais ne te soucis de rien, Simon a la situation en main. C'est un excellent chef, le complimenta-t-il.

Le vieillard donna une tape affectueuse dans l'épaule de Simon et s'en alla.

— Que vouliez-vous ? L'interrogea Simon en l'invitant à entrer dans la salle.

Roxanne attendit qu'il ait refermé la porte derrière lui avant de parler. Simon s'assit sur le rebord de la table et la regarda.

— Je sais ce que vous voulez, la devança-t-il.

— Ah oui ?

— Vous voulez vous mettre en chasse, lui affirma-t-il.

— En effet. Je n'en peux plus d'être enfermée ici. Et je sortirais avec ou sans votre autorisation. Je n'en ai toujours fait qu'à ma tête et je n'ai jamais eu besoin de demander la permission à qui que ce soit pour faire ce que j'ai envie de faire en ce moment. J'ai accepté de suivre votre maudit règlement pendant près de deux mois mais maintenant nous allons jouer le jeu à ma façon. Alors je sortirais que vous le vouliez ou non. Les lapins, c'est très bien pour Mac mais insuffisant pour moi.

— D'accord, lui répondit Simon l'air grave. Allons-y.

Surprise qu'il accepte aussi facilement, Roxanne acquiesça et s'apprêta à sortir. Mais elle s'arrêta en relevant ses deux derniers mots.

— Comment ça « allons-y » ?

— J'ai dit que j'étais d'accord pour que vous sortiez. Mais je n'ai jamais dit que j'acceptais de vous laisser sortir seule. Je serais votre escorte pour la nuit.

— C'est hors de question, lui dit Roxanne avec un rire jaune. Si je me dépêche, je peux rentrer dans moins d'une heure. Je n'aurais aucun problème.

Roxanne s'aperçut qu'elle le supplier alors elle ne dit plus rien. Elle avait l'impression d'être encore une petite fille et de demander l'autorisation à son père pour sortir après l'heure du couvre-feu.

Le manoir des vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant