Un mal de chien

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Je déteste les chiens. J'ai toujours détesté les chiens. Je crois que la seule chose que je déteste plus que les chiens, ce sont les propriétaires de chiens. Existe-il une forme de vie plus basse que celle du propriétaire de chien ? Parce que le terme de propriétaire est important. Ces cons possèdent des chiens. Ils sont à eux. Mon chien par ci, mon chien par là. Ils possèdent et ils dressent des chiens. Ils en font leurs esclaves. Leur personnalité doit être méchamment mal branlée pour qu'ils en soient réduits à assouvir un besoin de domination sur un animal aussi stupide, servile que le chien. Ils auraient des panthères ou des ours encore, mais des chiens !

Non mais, écoutez-les parler de leurs clébards « comme il est intelligent, regardez, il va faire le beau, oui, oh il m'aime ».

Se vanter qu'un chien vous obéit revient à faire le beau parce qu'on a réussi à empêcher une huître de se barrer. Les chiens sont des esclaves dans l'âme. Des oncles Tom de la race animale. Pas besoin de pousser beaucoup pour qu'ils acceptent d'écouter leur nature.

Non, je vous le dis, les chiens et leurs maitres sont les résidus de l'humanité. Enfin, plus les maitres que les chiens bien sûr. Les chiens sont la honte du monde animal.

Encore que techniquement, les humains soient des animaux. Chiens et propriétaires de chiens sont la forme de vie la plus basse de la planète Terre. Voilà.

Je déteste les chiens. Je détestais tellement les chiens, que lorsque l'un d'eux venait se frotter à moi, je ne pouvais pas m'empêcher de lui coller un coup de pied. Mais j'ai eu tellement d'ennuis, que j'ai dû changer de technique. Je prends sur moi. Je ne les frappe plus, je leur offre des bonbons. Vous savez ces petits gâteaux ridicules en forme d'os. Non, mais est-ce possible de manquer à ce point de respect de soi-même. Toujours est-il que je leur en offre. Après les avoir enduits de laxatif. Ah ce que je me marre en pensant au bordel que foutent ces clébards en rentrant chez eux. J'habite en ville alors peu de chance que ces clebs dorment dans la cave ou le jardin. Non, ils doivent redécorer le salon de leur papa ou de leur maman et dans les grandes largeurs ! Pour éviter qu'on ne m'attrape, je change les saveurs. Parfois je mets des trucs qui accélèrent le rythme cardiaque, ou des vitamines qui les rendent hyperactif, ou des somnifères à faire tomber un bœuf. Les abrutis de propriétaires ne font jamais le lien. Ah, je me marre. Je me marre.

L'idéal, ce serait que tous les chiens meurent. Tous, comme ça. Surtout que vous pouvez regarder sur une encyclopédie. A peu près toutes les formes de vies, hormis l'homme, sont utiles à la planète, à la nature : les vers de terre, les guêpes, même les rats ont un intérêt dans l'écosystème. Mais les clébards. Supprimez tous les clébards de la planète, là, d'un coup. Ça changera quoi ? Bah rien. Rien de rien de rien. Au contraire. Moins de fabrication de bouffe pour cette sous-race, moins de pollutions, plus de temps et d'argent pour les vrais problèmes.

Je rêve, je rêve, tous les jours, d'un monde sans chiens. Si seulement, si seulement je pouvais éradiquer toutes ces merdes. Ah mon dieu, mon dieu, aidez-moi, envoyez-moi un signal, un tout petit signal. Vous qui avez autorisé les massacres, les viols, les mutilations de tant de personnes innocentes, vous ne pouvez pas me refuser un petit génocide de rien du tout. Il y a à peu près un milliard de chiens. C'est beaucoup d'un coup, mais la vie d'un chien ne représente rien à côté de celle d'un humain. Un centième, même pas. On parle de quoi, pfff, un million. Vous avez fait pire. Mon Dieu, je vous adresse cette prière, solennellement, aidez-moi, aidez-moi, je vous en supplie. Je me répète cette prière et je m'endors du sommeil du juste.

*

Je me sens bizarre. Très bizarre. Mon corps m'envoie des signaux très surprenants. Inconnus. Je crois que je fais une attaque cardiaque. Mon palpitant bat la chamade, je n'entends que lui. Boum boum boum. J'ouvre les yeux. Bon dieu, je n'y vois plus clair, je fais un AVC, c'est sûr. Où est passé le rouge, je ne vois plus le rouge. Et je suis où d'ailleurs ? Qu'est-ce que je fous au pied de mon lit ? Mais ce n'est pas mon lit ! Pas grave, j'ai trop mal. Je vais me coucher dans ce lit. Je n'ai qu'à me lever et. Et. Je suis debout mais je suis toujours au pied du lit. J'ai rétréci ou quoi ou... J'ai quatre jambes ? Oh mon dieu mais, je regarde partout, je me regarde, je m'observe, je suis, je suis un clébard. Je suis un putain de clébard. Non, oh, cette peur, je fais un cauchemar. Ahahaha, ce que j'ai eu peur. Oh, mais quelle peur. Allez, une petite claque et je me réveille dans mon lit. Il n'y a qu'à attendre. Tiens je me recouche. Au pied du lit s'il le faut, ce n'est qu'un cauchemar. Le pire cauchemar qui soit, mais un cauchemar.

Nouvelles noires pour se rire du désespoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant