Partie V - Louis

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J'ai beau être seul, je suis toujours surpris de ne jamais subir une réelle solitude. Mes parents se foutent pourtant de moi et peut-être bien que j'ai des amis mais chacun à sa propre vie. Je ne représente le centre du monde de personne. J'aimerais que ça soit le cas cependant, qu'on m'aime autant que je suis capable d'aimer. J'ai tant à donner, tout ce qu'il y a en moi, ce trop plein indéfinissable qui me bouffe car c'est trop pour une seule personne. Et ce quelqu'un n'est pas elle. Cette fille ne m'aime pas, et pourtant l'illusion qu'elle me donnait aurait pu me suffire, oui j'aurais su m'en contenter ; si je n'avais pas eu l'impression d'être pitoyable dans ses yeux à lui.

L'aube s'est levée, les rayons timides du soleil effleurent ma peau et je me trouve con de sourire et surtout de rester là. Je pense à ce que j'ai vécu, le peu d'années qui me sépare de ma sortie du ventre de ma mère, là où je me suis certainement senti aimé et désiré comme jamais depuis lors. Il n'est censé y avoir rien de plus doux et réconfortant que l'étreinte d'une mère, jusqu'à ce qu'on découvre celle d'un partenaire dont le cœur bat à l'unisson avec le nôtre. Ma mère ne m'a plus étreint depuis si longtemps que les vagues souvenirs que j'en ai sont probablement le fruit de mon imagination. Mes petites amies ne m'ont jamais apporté ça, peut-être parce que j'en demande trop. Que ce en quoi j'ai foi, en l'amour mutuel et tout ce qui va avec, n'existe pas réellement et que j'en suis venu à courir derrière une chimère. J'en veux tellement à Zayn de chaque fois me couper l'herbe sous le pied. Ce mec est si pessimiste que ça me rend dingue. Il dit qu'il est terre à terre et incroyablement lucide, mon cul ouais. Il ne sait juste pas rêver et il m'entraine dans cette merde qu'est la réalité. Et pourtant c'est ce qu'il me faut. Preuve en est, sans ses conseils avisés, je serais toujours caissier dans un supermarché de banlieue, et non un joyeux diplômé propriétaire de mon garage dans le centre ville. Malgré tout je me plais à croire en tout ce que content les livres, peu m'importe qu'il s'agisse d'histoires destinées aux enfants. Je suis peut-être un enfant, et peut-être qu'aujourd'hui j'ai envie de fermer les yeux pour m'éveiller étreint par des bras doux et forts, que mon regard s'ouvre sur un visage souriant et heureux par le seul fait de ma présence et de ma proximité. Je l'ai peut-être vécu étant enfant, je ne m'en souviens pas, car persistent uniquement les mauvais souvenirs et le délaissement. Je ne lui en veux pas, je sais que je ne suis pas à plaindre alors pourquoi je m'apitoie ? J'ai tout pour être heureux et rien ne m'empêche de prendre mon téléphone et appeler ma mère, je suis persuadé que j'entendrais un sourire dans sa voix. Du moins je l'espère. Encore un espoir, un semblant de rêve. Zayn prétend que je dois m'accrocher à des réalités, des choses concrètes ; que peu importe si ce ne sont que des prétentions faibles, il vaut mieux viser bas au début pour prendre confiance plutôt que de se casser la gueule et ne plus oser avancer. Une chose concrète à laquelle je pourrais me raccrocher là tout de suite ? À lui sans doute. Il n'est pas là, et on s'est un peu disputé, mais on a vécu bien pire. Il est ma seule réalité. La seule qui soit partagée du moins.

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Half of me [Zouis] FR TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant