Half of me [Zouis] FR Terminée

Partie XI - Louis

J'ai l'impression d'être bouffé par les ténèbres, ma vue est un peu floue et j'aurais mieux fait d'ôter ces foutues lentilles qui me piquent les yeux pour mettre mes lunettes. Je les porte rarement, uniquement chez moi ou chez Zayn. Ma copine, et toutes les précédentes, n'aiment pas lorsque je m'en affuble et grimacent même à leur simple évocation. Ce n'est pourtant qu'un accessoire qui ne fait pas de moi un débile. Mais je suis trop faible pour m'affirmer alors je me contente de mettre mes lentilles de contact et d'enfermer mes lunettes à double tour. Je dois vraiment être mal foutu pour qu'on cherche à me changer et me brider autant. Moi le premier.

J'aime le coton, qu'il s'agisse de literie ou de vêtements, c'est la matière qui a ma faveur le plus souvent. Certes, ce n'est pas la plus noble, la plus belle ou la plus chère mais c'est la plus confortable ; celle qui sait faire oublier sa présence comme si lorsque je m'en pare, elle faisait alors partie intégrante de mon corps. Ma copine préférerait que je l'accueille dans des draps prétendument plus luxueux faits de soie ou de satin, mais je ne suis pas comme ça et je n'ai pas spécialement envie de tout changer. Même si j'y ai pensé. Tellement que je suis allé quémander les draps de Zayn, ceux en soie naturelle qui glissent au point que je crains me trouver par terre au moindre mouvement. Bien sûr il a refusé en me disant de dégager et d'aller m'acheter une paire de couilles que je pourrais foutre dans son tiroir à côté de mes lunettes.

Zayn est persuadé que si elle m'aimait elle ne chercherait pas à me changer sans arrêt. Que ses reproches seraient justifiés et non balancés à tout va dans le seul but d'engendrer une remise en question qui n'a pas lieu d'être. Je crois que parfois il a envie de me frapper pour ne pas être celui que je suis. Je n'crois pas qu'il sache vraiment ce qu'il raconte, mais je sais au moins qu'il m'apprécie comme je suis, qu'importe que je l'emmerde avec mes gouts bizarres même s'il aime en faire des sujets de moquerie. Il n'y a que lui pour faire ça, seul Zayn parvient à faire de mes petites manies des choses comiques dont je parviens à rire. Car je n'ai pas à avoir honte surtout pas de conneries telles que mes préférences et c'est pour ça qu'il veille à les exagérer pour les rendre ridicules et risibles tout en les contentant en partie. Comme ces draps roses en coton avec des illustrations de poupées qu'il a mis dans la chambre que j'occupe chez lui ; je ne suis pas une fillette et je dois apprendre à m'assumer.

Avec lui, je n'ai même pas besoin de parler, il remarque les choses qui me dérangent ou m'indisposent, comme il le fait pour tout. Certains apprennent à se connaître en se posant mutuellement des questions ciblées, dans le genre du questionnaire de Proust. Nous c'n'est pas le cas, on écoute l'autre, l'apprenant au fil du temps en prêtant attention aux évènements et aux actes. Un petit air content face à un certain paquet de bonbons au magasin, ou une grimace lorsqu'il a gouté à mon Mocha dans lequel j'avais mis cinq sucres. Il m'a d'ailleurs fallu plusieurs semaines pour me rendre compte qu'il n'aime juste pas la recette du Starbucks et qu'il préfère le thé au café. Bien sûr il m'est arrivé de le questionner sur des trucs plus ou moins idiots, comme son plat ou sa couleur favorite ou encore quelle saison entre l'été et l'hiver avait sa faveur mais j'ai vite compris que Zayn n'était pas de ce genre-là. Il n'a pas de préférence. Tout dépend de trop de choses et il peut adorer mon plat de lasagne un jour et grimacer devant lui la semaine d'après sans même l'avoir goûté. Parce que Zayn aime au gré de ses envies, de ses humeurs et parfois même de la météo. Mais je pourrais sans mal tracer les grandes lignes de sa personnalité, et je sais au moins ce qu'il n'aime pas, car lorsque le sujet nous plait, il n'est pas difficile de ressentir un certain plaisir à son étude. Et je sais que Zayn n'est pas là. Ou pas à proximité en tout cas, car il a beau avoir ses propres préférences, il fait toujours en sorte que les miennes soient également contentées. Et si ma tête semble nichée dans un écrin de coton, mon corps, lui, subit des agressions qu'il méconnait. Ma peau brûlante me démange et j'ignore pourquoi je me fais toutes ces réflexions au sujet de Zayn, pourquoi je me souviens soudainement de tout ce qu'il fait pour moi.