Chapitre 9

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19 Avril 2016

Quand je descendis de l'avion, les rayons frais du printemps russe me frappèrent. Un des hommes de James voulut prendre ma valise pour la mettre dans le coffre de la voiture mais je le devançais. Je lui lançais un regard noir et montais dans la voiture sans un mot. Jay était dans l'habitacle et me tendit un dossier alors que la voiture démarrait.


- Qu'est-ce que c'est ? le questionnais-je, froide.

- Les renseignements dont tu as besoin pour la mission.


Il ne me regardait pas et continuait d'écrire sur son téléphone. Je me tournais vers la fenêtre et regardais le paysage de mon pays de naissance défiler devant mes yeux. J'entendis une conversation téléphonique de Jay mais n'y prêtais pas plus attention. Les immeubles défilaient devant mes yeux et des souvenirs d'enfant me revinrent.

La neige s'était accumulée devant les poubelles qui me servaient de maison depuis des semaines. J'avais échappé aux hommes de James pour la cinquième fois cette semaine. Pourtant, aujourd'hui est un jour spécial : c'est mon anniversaire ! Et j'avais réussi à m'acheter un petit gâteau dans la boulangerie du quartier. Résultat : la course avait entraîné la chute du peu d'argent que j'avais réussi à gagner et je n'avais pas pu souffler mes six bougies... Je me recroquevillais sur moi-même pour empêcher de greloter encore plus et sentis mes larmes couler le long de mes joues. Encore une journée pourrie... Les gens passaient devant ma ruelle, pas très nombreux à cause du froid qui se tramait dehors, mais aucun ne s'arrêta. Je fermais les yeux pour tenter de calmer mes larmes, baissant la tête mes longs cheveux recouvrant mon visage, quand une ombre apparut devant moi. Je relevais la tête, méfiante, quand une vieille dame me sourit.

Je savais qu'à ce moment-là j'étais sauvée. Je suis restée six mois chez Elga, une dame au grand cœur, qui me logeait, me nourrissait comme si j'étais sa petite fille. Mais, il fallut qu'elle meure d'un AVC. J'avais longuement pleuré le jour de son enterrement, sur sa tombe. Et je m'étais fait la promesse que mes larmes ne couleraient plus pour les personnes que j'aime. Promesse qui malheureusement n'a pas tenu...

La voiture s'arrêta devant un manoir et je reconnus une dépense de James. Jay descendit et commença à s'avancer tout en continuant à donner des ordres au téléphone. J'attrapais mes sacs et m'avançais à mon tour. Je trainais des pieds, préférant retourner aux Etats-Unis que de rester avec Jay. Il m'attendit sous le porche de l'entrée et me tint la porte avant de la fermer derrière moi comme pour me dire qu'il m'était impossible de revenir en arrière.

Je mis de côté mes pensées et me concentrais sur les lieux : je me trouvais dans un immense salon où des jeunes discutaient, euphoriques. La cuisine se trouvait sur ma gauche, ouverte sur le salon, et une immense porte se trouvait sur ma droite. Jay m'interrompit en me tendant la main pour prendre mon manteau et m'incita à me déchausser avant de filer au salon pour saluer le groupe. Je m'assis sur le banc à l'entrée et commençais à défaire mes lacets quand mon portable sonna. Je le sortis de ma poche et regardai le message en fronçant des sourcils.

Inconnu : Je t'ai à l'œil, hâte de te retrouver...

Bordel ! Il fallait que mes démons reviennent ! Je remis mon téléphone dans ma poche et m'avançais en chaussettes devant le groupe. Je me fis petite, n'aimant pas attirer l'attention sur ma personne, mais Jay en pensa autrement.


- Voici Isaé, notre nouvelle colocataire ! prononça-t-il dans un russe quasi-parfait.

- Bienvenue Isaé, s'avança une fille au carré noir et aux yeux chocolat. Je m'appelle Macha.


TeamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant