Chapitre X

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Hein ? Quoi ? Où suis-je ? Ah non. C'est juste un cauchemar. Rendors-toi Maxine, plus que deux heures de sommeil.

« Maxiiiiiiiine, papa dit qu'il faut te lever ». Argh. J'adore ma sœur, sincèrement, mais cette voix dès le matin, ce n'est juste pas possible.

Bon, bon, bon. J'ai la tête dans le pâté. Je me frotte les yeux, me lève. Comment je vais bien pouvoir m'habiller moi ? Après mûres réflexions devant mon dressing, j'opte pour un chemiser sans manches rosé à imprimés hirondelles (haha, Swallow) blanches, à col rond claudine. Un short en jean, mes bottines beiges, un grand gilet écru et le tour est joué. Je file dans la salle de bain. Après m'être préparée, je descends les escaliers tout en nattant mes cheveux.

Je suis assise à table avec toute ma famille. Pourquoi je me sens si mal alors ? Je me sers un jus d'orange, grignote un gâteau, puis monte me laver les dents. J'attrape mon sac de cours, récupère mon carnet que mon père vient de remplir.

Charline m'accompagnant, je franchis la porte, branche mes écouteurs, en donne un à ma sœur, lui prend la main et prends la direction de l'école primaire de Charlie. Je fixe mes pieds. Arrivée devant la grille de l'école, j'embrasse ma sœur puis la regarde s'éloigner. Je sais qu'un bon nombre de parents me regardent. Dans notre ville, les bruits courent vite. Et les journaux adorent les histoires croustillantes.

Je suis fatiguée. J'attrape un bus à la volée, m'assois au fond. Peu à peu, je vois des gens de mon lycée le remplir. J'essaie de faire le plus petite possible, ne voulant pas attirer les regards.

Enfin, j'arrive au lycée. Je cherche du regard mes amis, voulant une présence rassurante. Ne pas paniquer, je ne dois pas paniquer. Je suis la dernière à être revenue. Chris et les autres sont revenus le lendemain de l'enterrement. J'ai peur. Je ne veux pas être toute seule. J'envoie rapidement un SMS à chacun d'entre eux, serre mon portable dans la main et m'avance vers mon casier. Un éclair de nostalgie me traverse en voyant le casier de Manelle. Il sera bientôt occupé par quelqu'un d'autre. C'est Zoey et Stella qui l'ont vidé.

En voulant l'ouvrir, je me fais bousculer. Je me rattrape de justesse à une poignée. Oh non pas eux. Les pop's se tiennent devant moi, un sourire narquois aux lèvres. Sérieusement, crevez plus loin.

Je les ignore, prends mes affaires et me dirige vers la salle de classe. L'un deux m'attrape par le bras. Lucas, quater back, grand, baraqué, beau garçon mais véritable enfoiré. Pourquoi je m'attire toujours des ennuis avec des frigos ?

« Salut Maxine. Oh bah, t'as pas l'air bien. Tu ne trouves pas qu'il manque quelque chose à ce lycée ? Hum, on dirait que l'air s'est assaini. Comme si une fille qui le polluait s'était soudainement envolée. T'en penses quoi Léa ? »

Léa, capitaine des cheerleaders, pire ennemie de Stella. Jolie garce-pétasse (et encore le mot est faible) à l'insulte plus que facile. Elle a détruit plus d'une personne. Manelle l'a envoyé boulé plus d'une fois. Elle se contente de ricaner, pendue au bras de « son copain du jour ».

« Au moins, maintenant que t'as plus cette salope aux basques, tu vas pouvoir vivre non ? C'était pas trop oppressant de vivre en compagnie d'une connasse de son genre ? Si t'as envie de t'éclater, tu sais où me trouver hein ? »

Mes poings tremblent, j'ai promis de ne pas taper. La violence ne résoudra rien. Ce serait me rabaisser à leur niveau. Pourquoi je plais toujours aux pires ordures ? Lucas tente de me glisser un mot à l'oreille, mais Chris intervient.

« Laisse la tranquille. Tu ne vois pas que tu la déranges avec ton halène de chacal ?

- Te mêle pas de ça le PD, c'est entre Cotton Candy et moi pigé ? Va reluquer le cul d'autres mecs ailleurs tu veux ? Je me sens mal à l'aise quand t'es à côté, avec ton regard vicieux là. »

Mon sang bouillonne. Je lève la main mais Chris me retient. Il se contente de sourire d'une manière supérieure. Tout le monde sait qu'il est gay. Il l'assume pleinement, c'est ça qui fait de lui quelqu'un qui mérite une montagne de respect. Une de ces personnes devant qui tu baisses les yeux. D'ailleurs, aucune des filles ne l'ouvre. Par contre, Zoey se ramène, son air pas commode imprimé sur le visage, les poings serrés. Oups. Elle a tout entendu je crois, elle ne supporte pas qu'on insulte Chris. Je pense que c'est une des raisons qui a fait qu'elle a tout de suite apprécié Manny.

« Tu peux répéter face de rat ? » Elle se place entre Lucas et moi, le regarde de haut. Les lèvres du garçon frémissent, prêtes à répéter. Elles n'en ont pas le temps. Zoey lui colle une de ces mandales, que tout le monde dans le couloir se retourne. J'essaie de me contenir de rire.

Nous entrons en classe, Zoey a un petit sourire victorieux aux lèvres. Elle le gardera toute la journée. Personnellement, je déchante vite.

Je retrouve un mot collé sur mon casier. Je le déchire vite, les larmes aux yeux. Le regard des gens de ma classe m'est insupportable. Je ne supporte pas qu'on me prenne en pitié. Ma fierté et mon orgueil en sont trop touchés.

Le reste de la journée s'écoule lentement. Je n'avale rien à la cantine. Le fait que j'ai cessé de m'alimenter commence à inquiéter la clic. Je les rassure en disant que j'ai pris un bon petit déjeuner. Un petit mensonge si c'est pour leur bien, ça ne peut pas faire de mal, si ?

Prise dans une pulsion incompréhensible, j'envoie un message à Matthew. « Peut être qu'on pourra reparler. Me demande pas quand. Ce sera à toi de venir. » Bon d'accord j'ai craqué, mais pas complètement.


Love is a fool girlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant