Chapitre III

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J'ai vraiment passé une nuit horrible. Je ne peux même pas me plaindre d'avoir fait des cauchemars, pour cela il aurait au moins fallut que je puisse fermer l'œil et feindre de dormir. J'ai l'impression d'être totalement perdue. Je ne sais plus qui je suis, ce que je dois faire, où je dois aller. Mon lit m'ouvre les bras comme une bouée attire un naufragé. Ma couette semble me protéger, mon oreiller aimerait me réconforter. Je me laisse aller dans cet océan de chagrin et de songes, happée par le surréalisme de la situation dans laquelle je me trouve. Je ferme les yeux, tout disparaît.

~Ellipse de quelques heures~

On toque à ma porte. Je grogne comme un ours qu'on aurait sorti d'hibernation. J'entends la voix aigüe de Charline crier à tout va « Maxiiine debout ! Maxiiine debout ! ». Aaaaaah tais toi petite libellule, va casser les oreilles d'Hayden.

Elle persiste. Je grogne plus fort. Elle entre dans ma chambre, se jette dans mon lit. Ma sœur est belle, du haut de ses 6 ans, elle a plus de grâce et d'élégance que certaines femmes qui tentent à tout prix de l'être. Elle prend délicatement mon visage entre ses petites mains, puis colle son nez sur le mien. « Maximus, tu as 4 oeils ! » Yeux Charlie, yeux.

La voilà qui danse dans ma chambre, imitant tantôt une indienne, tantôt une pieuvre. Elle réussit à me décrocher un sourire sincère. Constatant sa victoire, elle me tire du lit, me tend un jean et un sweat, que j'enfile illico-presto, puis entreprend de coiffer mes longs cheveux, qu'elle adore. Peut être à cause de leur couleur rose. Je suis sa fée sucrée. Elle est la princesse de mon cœur.

Je suis en train d'admirer son spectacle de jonglage avec ses animaux de la ferme quand Chris et Zoey entrent dans ma chambre. S'en suivent de nombreuses embrassades, de nombreux câlins, une bonne dose de larmes. Charline prend congé après avoir embrassé mes amis. Nous restons plusieurs heures à discuter. Je constate alors que je ne suis peut être pas la seule à être paumée. Chris est complètement bouleversé, il est en survêtements, Zoey elle, a les traits tirés et les joues creusées, et le dernier sourire semble remonter à une éternité.

Nous passons la journée ensemble. Malgré moi, ils réussissent à me faire ingurgiter un bout de pomme et un demi-yaourt. Zoey m'apprend par la suite que l'enterrement aura lieu après-demain. Nous nous mettons d'accord pour y aller, tous ensemble. Nous serons plus forts.

Constatant que nous sommes tous fatigués, nous nous installons devant un de nos films préférés. Je m'endors, m'étalant de tout mon long sur mon amie, qui me réveille gentiment. Après un commun accord, nous nous installons dans mon lit. Nous parlons un peu, mais le sommeil nous rattrape bien vite.

Zoey repart le lendemain matin, elle a une grosse répétition pour son spectacle. Je l'admire, elle au moins a le courage de mettre le nez dehors, d'affronter le monde extérieur. Elle a encore le courage de continuer sa vie. Je vois bien qu'elle culpabilise de repartir si vite à ses occupations. Un sourire réconfortant de ma part lui fait comprendre qu'elle n'a pas à s'en faire. Zoey, je t'envie.

Je passe en revanche la journée avec Chris. Il m'emmène au parc, à la plage, au magasin de musique, et même au restaurant, où j'ai rechigné tout plat qu'on me présentait. Nous passons de nouveau la soirée ensemble. Demain, tout le monde sera habillé en noir. Je ne veux pas passer la nuit toute seule, je n'en ai ni la force, ni la volonté, ni le courage, ni l'envie. Christie, car oui, c'est son nom, accepte donc d'être mon otage pour la nuit.

Il est 2h du matin. Je suis réveillée par d'énormes maux de ventre. L'angoisse me ronge complètement les entrailles. Je jette un coup d'œil dans la chambre de Charline, qui dort comme un bébé puis je file à la cuisine prendre un calmant. Mon père me tuerait s'il me voyait. « Max, arrête de prendre des médicaments à tout va, ce n'est pas bon pour toi ». Oui cher père neurochirurgien multi-diplômé, oui... Le plus discrètement possible, je remonte dans ma chambre, évitant de faire craquer les marches de l'escalier. En me glissant sous mes draps, je sens qu'une petite souris bien connue s'est glissée dans mon lit, feignant d'être invisible. Peu importe, ça me fait une personne de plus à mes côtés... Bonne nuit Chris, bonne nuit Charline.

Love is a fool girlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant