Je regarde tout autour de moi, faisant une rapide inspection de ce que je peux prendre. Il ya un carton où, au marqueur, c'est écrit « Affaires Manelle pour Maxine ». J'attrape le carton et le porte sous le bras.
Dans un coin, je déniche sa guitare, ses partitions (dont les chansons qu'on écrivait ensemble). J'ai le droit de la prendre, je ne vais pas me gêner. Dans son lit, j'attrape un ours multicolore. Je lui avais offert pour ses 10 ans. Il est tellement imprégné de son odeur que celle-ci m'enivre. C'est comme si elle se tenait à côté de moi. Contrairement à ce que je pourrais penser, c'est agréable, cette sensation de présence. Comme si le lien n'avait pas encore été rompu.
J'ouvre son armoire. Je récupère les affaires que je lui avais prêtées, et ses deux t-shirt préférés. Ses talons trônent dans le dressing, je les enfourne dans mon carton. Je me permets de prendre son pull deux fois trop grand et usé jusqu'à la corde. En fouillant dans le bas du placard, je déniche une énorme boîte enveloppée de papier cadeau. Mon nom est inscrit sur un petit papier coincé dans le beau ruban. Mes yeux s'arrondissent comme des billes. Mon anniversaire n'est pas avant cinq mois, notre anniversaire de rencontre dans 6. Qu'est-ce que ça peut bien être ?
Je prends le paquet et le met de côté. Je regarde sur son bureau. Je prends tous les albums photos de nous deux, de nos amis. Je laisse un album. C'était un cadeau que je lui avais fait. Mes plus beaux clichés, que ce soit d'elle ou d'autre chose. Je décolle juste une photo de nous deux, ma préférée, la plie et la coince dans mon collant à défaut de poche.
C'est dingue le nombre de photos de nous qu'elle a. Les murs en sont tapissés. Avant j'aimais bien, je trouvais ça super de vivre entouré de ses amis, surtout pour elle. Nous étions sa bouée de secours, sa deuxième famille, peut être la plus importante. Mais là, à ce moment précis, je trouve ça carrément flippant. C'est comme si ces murs m'oppressaient et me narguaient en me montrant tous mes bonheurs perdus et ces moments de joie que je ne connaitrais plus jamais de la même façon.
Je regarde un peu partout, prends quelques un de ses bracelets fétiches, un bonnet, rien de très important. Je pense que j'ai fait le tour. Prendre plus serait trop bizarre. Comme si je volais une partie de sa vie. Ou que je profitais de son absence...
Armée de mon carton et mon paquet sous le bras, je descends les escaliers et m'apprête à partir silencieusement. Je sens brusquement une main glacée m'agripper le poignet. Je me retourne et aperçois Natty. Elle me glisse un petit objet froid et fuyant dans la main. Je la remercie du regard et me dépêche de partir.
J'ai marché vite, j'en ai le souffle coupé et les joues toutes rouges. Arrivée chez moi, je cours dans ma chambre, déballe mon carton en prenant soin de tout bien ranger. L'ours prend possession de mon lit. Comme tu veux mon gros, je n'arriverais pas à te résister.
Enfin, je découvre ce que la mère de ma meilleure amie m'a donné. C'est une petite chaîne très fine en argent, au milieu de laquelle est inséré un « M » argenté lui aussi. Le bijou est magnifique en lui-même, simple et élégant. Je me mords les lèvres. Lorsqu'on avait 14 ans, on s'est mutuellement offert ce collier, le « M » convenant aussi bien à Manelle qu'à Maxine. Lors d'une bousculade, Manelle avait perdu le sien. Elle était totalement inconsolable, elle adorait ce collier. Je lui avais donc offert le mien. Elle avait l'habitude de le tripoter quand elle était stressée. Ce bijou représente tellement pour moi. Manelle ne s'en séparait jamais, j'étais persuadée que ses parents voudraient le conserver.
Je m'avance vers un miroir, puis accroche le pendentif. C'est juste magnifique. Une larme roule sur ma joue. A mon oreille, je sens Manelle chuchoter « Tu vois que t'es splendide. La plus belle des menaces. »
Après un petit moment pour reprendre mes esprits, je m'attaque au paquet. Je ne sais pas si c'est une très bonne idée. Franchement, je suis pétée de trouille. C'est ridicule d'avoir peur d'un cadeau. Avec une minutie de démineur, je tire délicatement sur le ruban soyeux. Comme à mon habitude, je défais le paquet sans abîmer le papier. Sur une boîte blanche, Manelle a noté une grosse quantité de phrases, maximes, mots en vrac, paroles de chanson. Elle a dessiné par-ci, par-là. Je lis tout, un grand sourire aux lèvres.
J'hésite quelques minutes, puis ouvre la boîte. Cette fille est diabolique. Enfin, elle l'était. Entre papier de soie, photos, perles et plumes, un appareil photo fait le fier. Ce n'est pas n'importe quel appareil photo. C'est un appareil rétro instantané, style Polaroid. Une photo est accrochée. Manelle tire la langue : « Je t'avais dit que tu l'aurais ! C'est qui la meilleure ? ». Cet objet, je le convoitais depuis près d'un an, passant devant tous les jours en le regardant avec envie. Je m'étais faite grillée et Manelle, après une journée difficile, m'avait dit qu'elle me l'achèterait. Elle vendrait des beignets sur la place s'il le fallait, mais je l'aurais. J'avais protesté, elle avait gagné. Après plusieurs mois, l'appareil n'était plus en vente, alors j'avais abandonné l'idée. En fait, c'est elle qui l'avait acheté ! Diabolique Manelle, diabolique. C'est pour ça que je t'aime autant... Voulant immortaliser le sourire accroché à mes lèvres, je me prends en photo. Bon. Bref. J'accroche la dite photo sur mon mur. Je m'endors, l'ours et le cadeau dans les bras. Je souris toujours.
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*Dimanche, 23h59* J'ai passé mon vendredi à dormir. J'en avais bien besoin. Mon week-end n'a pas été très palpitant non plus. J'ai perdu mon temps à écouter de la musique, à gratter ma « nouvelle » guitare, feuilleter les albums. Je me suis même assise à mon piano. Mais je n'ai pas joué.
Ces deux jours ont également été une espèce de torture psychologique. Déjà, dans maintenant moins de huit heures, je serai au lycée, je n'y ai pas mis les pieds depuis une semaine. Beurk, je n'aime pas du tout cette vision.
Secondo, j'ai eu une espèce de duel de western avec mon téléphone. Car oui, ça peut se faire. Devrais-je l'appeler ? Franchement, qui aurait envie de revoir un mec qui te fait chialer dès la première rencontre et te pose des questions qui n'ont pas lieu d'être ? Mais dans un sens, je me suis rendue compte, et franchement ça me fait chier, que j'avais envie d'en savoir plus. Mais hors de question que je l'appelle. J'ai un peu de fierté merde ! Et puis, si il veut vraiment me parler, il me téléphonera, et toc ! Ah oui, mais il a pas mon numéro... Et alors ? Il est grand, il sait utiliser un bottin ! A moins qu'il n'ose pas appeler sur le fixe... Mais bien sûr qu'il osera ! T'as vu son culot ma vieille ?
Après un très long débat intérieur, j'ai décidé de laisser tomber. D'une façon ou d'une autre, je saurais le fin mot de l'histoire. Et ce n'est sûrement pas moi qui vais faire le premier pas !
Wow, mes paupières sont loooouuuurdes ! C'est normal que les chiffres du réveil dansent ? Sûrement pas... Bonne nuit sale folle...
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Love is a fool girl
Fiction généraleMax ? On vous dira que c'est une super copine, ou au contraire une grosse sauvage. C'est une artiste ou une écervelée, au choix. On peut adorer comme détester la couleur rose arborée dans ses cheveux. Max avant tout, elle a soif de liberté, elle a...