Partie 3

196 4 0
                                    

Le prof d'anglais s'arrête devant moi, les sourcils foncés et un air furieux sur le visage.Je commence alors à paniquer, de peur qu'il me mette un mot disciplinaire ou qu'il m'envoie voir le dirlo (directeur), mais ma peur se dissipe très vite après qu'il me dise : "Au tableau, Rodriguez !", de son sourire le plus sournois.Je soupire légèrement, avant de me lever et de me diriger vers le tableau noir, devant lequel je reste plantée une bonne dizaine de secondes, sans savoir quoi faire."Alors, Mlle Rodriguez ? On a un trou ?- P-pas du tout. Je n'ai pas suivi le cours, c'est donc normal pour moi de ne pas savoir quoi faire dans ce genre de situation.- Vous avouez donc que vous papotiez pendant mon cours, et avec un élève de degré inférieur ?- Non. J'assume les faits et j'affirme que j'étais consciente de mes actes, mais sans plus.- C'est à dire ? - Eh bien...J'ai commis une faute, et il est vrai que j'aurais dû écouter votre leçon au lieu de m'amuser. Mais je ne pourrais accepter le fait que vous décriviez Craig comme un "élève de degré inférieur" ! Je dirais donc que je discutais sur un évènement confidentiel, avec un camarade de classe nullement différencié. Bien qu'il soit brutal et grossier, ce n'est pas pour cette raison qu'il fait parti d'un groupement de buses...- Seriously, lady. Do you really think I will let you say all you want and go out without punishment ?(Sérieusement, jeune fille. Penses-tu vraiment que je vais te laisser dire tout ce que tu veux et sortir d'ici sans même te punir ?)- No, but I'm not frightened. You have nothing to say that's why you penalize us.(Non, mais ça ne m'effraie pas. Vous n'avez rien à dire, c'est pour ça que vous nous pénalisez).- ...Clever, honest, and on the defensive...It doen't surprise me. Back to your sit, Rodriguez. And don't forget your detention.(Intelligente, honnête, et sur la défensive...ça ne me surprend pas de vous. Retournez à votre place, Rodriguez. Et n'oubliez pas votre heure de retenue).- Yes, sir."(Oui, Monsieur).Nous arrêtons de parler en anglais et je retourne m'assoir à côté de Craig, qui me fixe étrangement."Vous vous êtes dit quoi (en anglais) ?- Rien. Il te trouvait juste tellement con qu'il n'a pas voulu te le dire en direct.- Sérieux ?! J'vais lui montrer c'est qui le "con", à ce batard !- Non, calme-toi. C'était pour rire. - Alors quoi ?- ...C'est entre le prof et moi. En attendant, prépare-toi à finir plus tard aujourd'hui. La retenue est...maintenue.- Ok."Après ça, aucun de nous n'a prononcé de mot jusqu'à la fin du cours.Même si j'avais envie qu'il m'en dise plus son "secret", j'ai préféré rester muette et ne plus en parler.Ce n'est pas pour dire, mais il y a de quoi être surpris. Il es réputé pour être un délinquant Don Juan, et voilà qu'il m'avoue qu'il n'a jamais eu de petite-amie. C'est le monde à l'envers !*(Déjeuner) Je déteste déjeuner à la cantine, c'est pour cette raison que je préfère amener mon propre repas. L'avantage, c'est que ça nous évite de manger à la cantine ou à la cafétéria, et donc de tomber malade.L'inconvénient, c'est que les gens ici sont assez jaloux pour te le piquer ou jouer avec. Et ça se passe toujours comme ça dans mon cas. Le groupe de Stan, un joueur de l'équipe de foot du lycée, soi-disant "super sexy et bon à baiser", ne cesse de m'importuner avec ses jeux d'enfants, et à chaque fois que je le rencontre, il me pique un truc.Aujourd'hui, il a (encore une fois) réussi à me prendre mon sandwich poulet-crudité, mon préféré."Alors, miss Merguez, on ne se débat pas ? Ha ha ha ha...- D'abord, c'est Rodriguez ! Et ensuite, rend-moi mon sandwich connard !- Viens le chercher...si tu peux ! Ha ha ha ha !"Je lui cours après et essaie de reprendre mon bien, mais c'est sans issues. Je n'y arrive pas, il est plus grand et plus fort que moi, et il n'est pas seul, lui."Pff. Vous n'êtes qu'une bande de nuls. Garde le sandwich et laisse-moi tranquille, maintenant."Je les laisse dans leur délire et m'en vais plus loin. Il y a un arbre derrière le lycée en dessous duquel je me couche souvent, quand je ne suis pas d'humeur ou que je suis fatiguée. Il y a jamais personne là-bas, alors ça m'arrange toujours. De plus que personne ne me dérange.Je vais enfin pouvoir me reposer un peu et me vider les pensées. La moitié de la journée s'est très mal passée alors espérons que l'autre moitié se passera mieux."Hé, tu ne manges pas ?"...j'aurais dû fermer ma bouche. Voilà que Craig me dérange pour la 3ème fois de la journée."Non, je n'ai pas faim.- Dis plutôt que la football team t'as encore volé ton repas.- Co-comment tu sais ça, toi ?"Il s'assoit à côté de moi et me tend le sandwich que Stan venait de me piquer."Tu...comment...- Tu poses trop de questions. Mange et tais-toi."Je n'aime pas qu'on s'adresse à moi de cette façon-là, mais je ne peux rien dire. Il vient de me sauver la mise et je ne peux que l'en remercier en retour."Merci.- Merci qui ?- Merci...Craig...- Craig qui ?- Craig Lehman...- Non. - Monsieur Craig Lehman ?- Tu n'y ai pas du tout.- Bah, quoi alors ? - "Craig chéri"- Ah, non ! - Ah, si !- Je ne le dirais jamais !- Et moi je te dis que si !- Et moi je te que...- Si tu ne le dis pas, je reprend le sandwich !- NON ! Je vais le dire !"J'ai atrocement faim et je ne vais pas me laisser abattre par un simple mot."Merci...Craig...chéri...- Je n'ai pas entendu.- Merci, Craig chéri...- Comment ?- Merci, Craig CHERIIII !!- Hé hé, t'es mignonne."Après quoi, il m'embrasse sur le front et me prend dans ses bras pour me faire un câlin."Qu'est-ce que tu fais, là, au juste ?- J'ai envie de toi.- Craiiig ! - Ha ha ha. Je rigole, je rigole. Par contre, j'ai bien envie de poser ma tête entre tes jambes, hé hé.- Hors de question ! Je ne suis pas un de tes jouets...- Je t'ai déja dit que toutes les filles qui étaient avec moi n'étaient que des amies, et pas des "jouets" ou des "petites-amis", comme vous le pensez tous.- Genre.- C'est la vérité.- Alors soit plus explicite."Il soupire et se couche sur mes genoux, sans même que je lui en donne la permission."Chaque fois que je fais le gentil avec une fille, elle se colle à moi. Après quoi, elle me demande de sortir avec elle. Mais dès que je la rejette, elle finit par me lâcher et aller jouer ailleurs. C'est pour cette raison que je suis toujours entouré d'une fille différente.- Je ne comprends pas très bien...- Toutes les filles que j'ai connu jusqu'à aujourd'hui ne voulait que mon corps et ma réputation avec. Elles me collent à longueur de journées en pensant que c'est la seule façon de se rapprocher de moi et de me conquérir, mais une fois qu'elles comprennent que je ne veux pas d'elles ou que je ne les aime pas, elles me laissent tomber comme un morceau de chewing-gum qui n'a plus de goût. Et elles ne me regarde plus de la même façon du jour au lendemain. - Tu veux dire que...toutes ces filles...c'étaient elles qui venaient vers toi ?- Bien sûr ! Tu crois que ça me plait moi, de me trimbaler chaque jour avec une nana différente. Faut être fou pour croire ça. C'est vrai que je suis de nature sauvage et un peu séducteur, mais je ne suis pas le genre à me taper une fille différente chaque jour.- Ah...- T'as tout de même pas cru à toutes ces merdes ?- Si. Je suis folle. J'y ai cru, et ça me rendait malade de te voir avec toutes ces pouffiasses.- ...Tu étais jalouse ?- Pas du tout. C'est juste que les mecs qui jouent avec le coeur et le corps des gens me mettent mal à l'aise.- Je ne suis pas comme ça.- Je te crois...- T'as intérêt, sinon j'enfonce ma tête plus profond !- Arrête ça, cochon !"Je tente de le pousser loin de moi, mais il m'attrape les bras et me pousse en arrière.J'essai une nouvelle fois de le dégager, mais je n'y arrive nullement. Il est trop fort pour moi."Alors ?- J'abandonne.- C'est la meilleure décision à faire."Il me lâche les bras et se couche à côté de moi, sur le dos, puis il me prend la main et la serre fort. Après ça, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai préféré fermer les yeux...* "cia...licia...Alicia...Alicia, lève toi !"J'ouvre lentement les yeux, tellement mes paupières sont lourdes. Le Soleil m'éblouie et je sens qu'une main me caresse les cheveux."Hmm...qu'est-ce qu'il y a, M'man ?- M'man ? C'est Craig !"Je me relève et regarde autour de moi. Je suis au lycée, et il n 'y a personne aux alentours."Merde ! Qu'est-ce qui s'est passé ?!- Tu t'es endormi, ma belle. - Et les cours ? Ils ont déja commencé ?- Ouais, depuis un quart d'heure.- Et t'aurais pas pu me réveiller, purée !!- Excuses-moi, je ne voulais pas déranger ton sommeil. Et puis, t'étais tellement mignonne..."Je me lève tout d'un coup, prend mon sac à dos et commence à courir vers l'entrée du lycée, lorsqu'une main m'agrippe soudainement."Où est-ce que tu vas ?- Bah, en cours !! Qu'est-ce que tu peux être borné !- Tu ne veux pas sécher ? Je voulais qu'on aille quelque part, toi et moi.- Non. Je ne veux pas prendre le risque de me prendre une absence et de me faire tuer par ma mère !"Je le laisse planté sur place et cours vers la salle de maths.Arrivée devant, je prend un grand souffle, frappe à la porte, et entre, après quoi je m'excuse de mon retard.La prof me regarde furieusement, me passe un savon, mais m'autorise tout de même à rejoindre ma place.A peine assise que je regarde déjà par la fenêtre, à la recherche de Craig.Lorsque j'arrive à le percevoir enfin, je lui fais signe de la main, et il me répond par un baiser imaginaire,ce qui me fait sourire.Même s'il me cause beaucoup de problèmes, il n'est pas si méchant que ça, et je ne pense pas qu'il fasse exprès de foutre la merde là où il va. Il est juste un peu...spécial. D'ailleurs, c'est son caractère et sa personnalité qui fais de lui un être froid et violent, mais qui le rend unique aussi. En tout cas, je ne le déteste pas.


Chronique d'une fille AmoureuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant