Chronique d'une fille Amoureuse

Partie 8

"Où est-ce qu'on va ? Pourquoi tu me fais marcher alors qu'on peut prendre le bus, ou le métro, un truc du genre.
- On va rejoindre Alicia.
- De quoi ? Mais ça se trouve elle est encore à l'hosto !
- Non. J'ai demandé à l'infirmière qui m'a donné l'autorisation de sortie. Elle m'a répliqué que j'étais la 2ème personne a s'en aller aussi rapidement. Et puis, Alicia avait l'habitude de se cacher loin de tout, les premiers mois de son arrivée. Une fois, après que ses camarades de classe se soient moqués de sa "timidité" elle a couru se planquer dans les vestiaires d'un club de sport à 3Km du lycée. C'était...plutôt marrant.
- "Marrant" ? T'as trouvé ça marrant ?
- Non, je veux dire que...je ne sais pas. Je n'ai jamais vu quelqu'un réagir de la sorte.
- Sale con.
- Je m'y attendais.
- Il n'y a pas de quoi.
- Marche plus vite au lieu d'insulter."
Craig a toujours été comme ça. Il ne m'a jamais proprement respecté, ni même considéré comme un grand frère admirable. D'accord, je n'ai jamais été très présent dans sa vie, mais il y a eu des complications qui ont fait que...que j'ai dû l'abandonner pendant une longue période.
"Ce n'est pas elle, là ?!"
Craig me montre une petite brune, marchant très lentement sur la route, à quelques mètres de nous.
"Alicia ?"
Aucune réponse. Peut-être que je n'ai pas crié assez fort.
"ALICIA ??"
Cette fois-ci, la jeune fille s'est retournée. C'était bien elle. Lorsqu'elle nous a aperçut, elle a eu une expression d'effarement, avant de commencer à courir vers je ne sais où.
"Craig - Putain, mais qu'est-ce qu'elle fout encore, cette...
Moi - Arrête-la !
- Quoi ? Pourquoi moi ?
- Tu es plus jeune, plus rapide, et elle ne voudras jamais me parler, à moi."
Il n'hésite pas et se précipite pour aller la rattraper.
Sans tarder, je me dirige rapidement vers l'arrêt de bus le plus proche et m'en vais en direction de la gare. Après quoi, je prend le train qui mène juste à côté de là où j'habite. J'ai une deuxième voiture (que j'utilise seulement pour aller en week-ends ou en voyage) dans mon garage. J'espère juste que sa batterie est chargée et que tout fonctionne encore bien (puisque je ne l'ai pas utilisé depuis des mois).
Arrivé chez moi, je monte dans ma chambre pour récupérer ses clés, avant de redescendre, d'aller dans le garage (qui est souterrain) et de démarrer la voiture. Elle a l'air d'être en bon état, je suppose qu'elle fera l'affaire.
Je l'arrête et remonte me changer (je ne compte tout de même pas me présenter chez sa famille dans une chemise froissée et un jean décoloré (je suppose que Craig ne discerne pas encore son style du mien...). Lorsque je suis prêt à partir, je ferme mon duplex à clé, remonte dans la voiture, sors doucement du garage, et démarre en trombe, en direction de la maison d'Alicia.
Il faut que je confirme mes doutes.
Lorsque l'infirmière a nommé Alicia comme ma "fille", je me suis senti très...bizarre, comme si elle touchait un point faible et qu'elle m'ouvrait une porte sur une vérité inconcevable. Il est vrai que j'ai une fille, mais sa mère s'en ai emparé et l'a éloigné de moi lorsqu'elle n'avait encore que 4 ans, pour s'envoyer ailleurs avec un anglais riche et naïf. Je ne dis pas que mon ex-femme collectionne les riches (je n'en suis pas un et n'en ai jamais été) mais elle a tendance à ATTIRER les beaux riches. Avec leur argent, ils lui vendent du rêve, alors elle leur succombe comme une...Bon, je ne vais tout de même pas l'insulter pour m'avoir dérobé mon être le plus cher, ma fille adoré, Alice...
Alice...Alicia...Alice...hé, mais...
Sous le choc, je m'arrête soudainement sur la route (encore une fois) et une voiture me heurte à la suite (j'ai vraiment la poisse...), mais sans pour autant me blesser (surtout que je le suis déjà assez !).
Je sors de la voiture. L'homme qui m'a heurté a été plus rapide, il se retrouve déjà au point de choc, les yeux grands ouverts, très choqué. En effet, il y a du dégât.
"Ma Mercedes adorée...
- Je suis vraiment désolée, j'ai eu un petit problème.
- Et vous allez en avoir un gros, là ! Vous venez de saccager tout le devant de ma Mercedes !
- Excusez-moi, mais si vous aviez plus de réflexes, vous vous seriez mieux arrêté et il y aurait eu moins de dégâts !
- Oh, je vous en prie, vous n'allez pas me faire la leçon alors que vous êtes un tord !
- Bref, j'ai un constat dans ma voiture."
Je me dépêche de le chercher dans la voiture, puis de le remplir avec le Monsieur. Celui-ci a une allure d'homme fort, résistant, du genre cool. Mais vu la façon dont il a failli pleurer en voyant l'état de l'avant de sa voiture, je suppose que c'est encore un de ces riches radins et avares, effrayés à l'idée d'encore dépenser un petit sou pour quoi que ce soit...Bref, il ne faut pas que j'oublie la raison de mon empressement. Il faut que j'aille à la rencontre de la mère d'Alicia. Si je m'en souviens bien, lorsque Alice m'a rendu sa feuille de présentation, elle avait mis comme nom Samson, pour sa mère, et Rodriguez pour elle, ce qui veut dire que son père devait porter le même nom, normalement...C'est bizarre tout de même, mon nom n'est pas Rodriguez, donc si c'est ma fille, elle devrait s'appeler Alicia Lehman, et non pas Alicia Rodriguez...
"Monsieur ?
- Oh, désolée, j'étais en train de penser à...euh, pardon, vous avez fini d'écrire vos références ?
- Oui, à vous l'honneur."
J'ai complètement oublié que j'étais en plein accident. Allons, remplissons vite ces conneries pour pouvoir aller régler mes affaires.

*

La maison d'Alicia est semblable à toutes celles du quartier. Une sorte de petit pavillon avec jardin et piscine. La même n'est pas aussi jolie...Je sonne...
...personne ?Je sonne encore une fois...puis 2...puis 3....
...bon, j'ai bien l'impression qu'il n'y a personne. Je me suis précipité trop vite. Je n'ai pas pensé au fait que ses parents pouvaient travailler. Au fait, quel jour on est ? On était lundi, le jour de l'accident, et si je m'en souviens bien, l'infirmière m'a dit en être à notre 4ème jour...donc on doit être vendredi, ils doivent alors surement travailler. Bon, bah, je rentre chez moi.
"Excusez-moi, c'est vous qui venez de sonner ?"
Je me retourne. Une jolie jeune femme me regarde fixement. Elle me rappelle quelqu'un...
"Monsieur ?
- Oh, euh, bonjour ! Oui, c'est moi. Je suis désolée de vous déranger, je suis Mr.Lehman, le professeur d'histoire-géographie de v...
- Comment va Alicia ?!? Je suis partie vous rendre visite, à vous deux, mais elle n'a pas désiré me voir...
- Elle va très bien, on peut même dire qu'elle est en forme. Je l'ai laissée avec mon petit frère pas très loin d'ici.
- Mais vous êtes fou ? Et s'il lui arrivait malheur ?! Mi hija...
- Calmez-vous, s'il vous plait, madame. Personne n'est plus en sécurité qu'avec Craig, ou du moins, je suppose...
- Entrez.
- Comment ?
- Cette vieille pie de voisine n'arrête pas de nous regarder maladroitement. Entrez donc, nous pourrions discuter plus tranquillement à l'intérieur."
Sans me faire attendre, je suis Mme. Samson à l'intérieur, après avoir fermé la porte. Elle m'invite à m'installer dans un canapé en tissu, ce que je fais de suite. Elle s'asseoir sur une chaise, en face de moi.
"Est-ce que Alicia est...gentille avec vous ?
- Euh, oui, très. C'est une adolescente très..."
Je comptais dire "dynamique", mais je me rappelle alors qu'Alicia n'est pas du tout ce genre de fille, ou du moins, au lycée.
"A vrai dire, Mme. Samson, on ne la connait pas vraiment. Elle ne participe que rarement en cours, et encore !, et elle est du genre solitaire. Elle est très timide et ne parle pas souvent avec nous, en termes de professeurs que d'élèves. Le seul avec qui je l'ai vu faire des folies, c'est Craig ?
- Comment ça des "folies" ? Elle a fumé ? Bu ? Fais l'amour avec lui ?!?
- Non ! Non, non ! Du tout. Depuis qu'elle le connait, elle est très en retard aux cours, elle fais face aux professeurs, et elle a même été en retenu de 2h. Mais ce n'est pas une mauvaise chose ! Au contraire, elle apprend à s'ouvrir, à s'exprimer, et je ne vous cache pas que la première fois que je l'ai vu sourire, c'était avec Craig...
- Mi hija...la dernière fois que je l'ai vu sourire, c'était avec son père. Ce n'était encore qu'une bambina lorsque je l'ai quitté. Elle l'adorait, elle ne se souciait que de lui, à croire que je n'existais pas. Je ne voulais pas lui soustraire cette part de bonheur...j'aimais son père...il..."
Elle commence alors à sangloter sans que je ne m'y attende.
"Madame...
- Il a été mon premier amour, je l'aimait tellement...mais je ne pouvais plus supporter de vivre ainsi avec lui....
- Comment ça ?"
Avant même qu'elle n'ait pu en placer une, un homme est arrivé et nous a interrompu. Je ne l'ai jamais vu auparavant, il ne me dis rien du tout.
"Chérie ? Qu'est-ce qui ne va pas ? Quelque chose est arrivé à Alicia ? Vous êtes de la police ?
Moi - Oh, euh, non. Je suis désolée de m'être invité chez vous, je suis Mr. Lehman, le profess...
Mr. Samson - Ah, je vois, le professeur qui a causé un accident.
Mme. Samson - Arrête, il n'en est pas coupable, tu le sais très bien.
Mr. Samson - Comment tu peux en être aussi sure ? Et qu'est-ce qui t'arrive, mon amour ?
Mme. Samson - On parlait...d'Alicia. Et..."
Elle recommence à pleurer. Son mari me regarde tristement, ne supportant pas de voir sa femme pleurer. Il la prend alors dans ses bras et l'enlace fortement. Me sentant un peu de trop, je me décide à m'en aller. Après un signe de tête envers Mr. Samson, je me lève et me dirige vers la porte d'entrée. Je jette un dernier coup d'œil avant de m'éclipser.
J'y étais presque...Bon, je suppose que je vais devoir m'occuper de mon constat et ma voiture accidentée...la pauvre.

*

(On passe au point de vue d'Alicia ! Retour de l'héroïne ;D)
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai subitement quitté l'hôpital, après autorisation des infirmières. C'est peut-être à cause de le soudaine confession, que m'a aidé à faire Craig, en dévoilant mon amour secret pour Mr. Lehman. Ou peut-être est-ce parce que je ne supportais pas de voir Craig aussi en colère après que son frère ait eu une levée du soldat après que je me sois assise sur lui....Oh, seigneur, je n'arrive toujours pas à le croire ! Mr. Lehman, mon doux Liam, a eu une érection...rien que d'y penser ça me rend toute chose ! J'ai les joues en feu maintenant. Je me demande bien à quoi je dois ressembler. En plus d'être dans un piteux état, dans les vêtements que ma mère m'a apporté 2 jours après l'accident (elle ne sait pas du tout choisir !), je suis toute transpirante (vu que j'ai couru), et l'embarras me monte au visage. Un poivron farci, quoi ! Et le pire de tout, c'est que je ne sais même pas où je suis (encore une fois)....
Raaaaaaaaaaaah, mais quelle conne je suis ! Pourquoi est-ce qu'il a fallu que je rejette ma mère après qu'elle soit venue me rendre visite ? Pourquoi est-ce qu'il a fallu que ce salaud de Craig ouvre sa grande bouche ?! Et pourquoi je ne me suis pas JUSTE précipitée dans ma chambre, au lieu de quitter l'hôpital comme une voleuse et de perdre une seconde fois ?!! J'en ai marre...je veux rentrer chez moi...
"...icia..."
Hé, quelqu'un m'appelle ?
"ALICIA ?"
Je reconnais cette voix mais elle m'ait tout de même vague...ça vient de derrière...
Arg ! C'est Craig ! Il est en compagnie de Mr. Lehman, en plus. Je ne veux pas leur parler, il faut que je fui encore.
Je me mets à courir, et me retourne lentement pour voir s'il me suit. Non, j'ai plutôt l'impression qu'il est en panique et qu'il hésite. Bref, hésitation ou pas, je ne m'arrêterais pas tant que je les ai dans mon champ de vision et tant qu'ils ne sont pas loin de moi. Je me retourne encore et, oh !, ils ont disparus ! Commet ça se fait ? Ils ont tout de même pas pu s'envolés ? Ce n'est pas grave, le plus important, c'est de ne pas les voir. Non, mais vous imaginez ma tête en face de Liam, qui vient d'apprendre que son élève d'à peine 17 ans est amoureuse de lui (et depuis quelques mois !), alors qu'il a deux fois mon âge ?! Je n'oserais plus jamais me montrer devant lui, et encore moins devant ce connard de C-BAM !
"Tu crois pouvoir m'échapper aussi facilement, ma jolie ?
- C-craig...
- Où croyais-tu aller ?
- Je...
- Je, je, je ! Tu ne penses qu'à toi, n'est-ce pas ? Tout ce qui t'importe c'est ta propre personne, être tranquille, ne pas avoir de problèmes. Tu n'as jamais pensé aux autres ? Avant-hier, tu fuyais tes parents, hier, tu as fuie le médecin, aujourd'hui, c'est Liam et moi qui tu essaie de fuir. Hé, tu n'es pas une gazelle qui fuit constamment ses prédateurs, à ce que je saches ?
- Mais...je ne veux pas que Mr. Lehman me déteste...je ne veux pas qu'il me rejette...
- Il va te détester encore plus si tu continue à jouer Pocahontas. Allez, viens."
Il me prend la main et m'entraîne avec lui (déja vu ?!). Je ne lui résiste pas et le suis, tête baissée et honteuse.
"T'es obéissante, dis-donc...
- Ta gueule.
- Waouh ! Et en plus, elle se rebelle !
- A qui la faute...
- Ha ha, au méchant garçon que je suis !
- Bah toi, t'es devenu bizarre.
- Bizarre ?!
- Ouais...tu formules des phrases en entier.
- Pouahahahahaha ! T'es mignonne, mais ce n'est pas toi qui m'a "grondé" sur le fait que je ne sache dire que des insultes, il y a à peine une demi-heure ?
- Tu fais ça...pour moi ?
- Pour qui d'autres, penses-tu ? Il n'y que toi pour me tenir tête ainsi. Personne d'autre n'a jamais osé le faire, auparavant, pas même ma mère...
- Ton père si ?"
Il se stop net et me serre brusquement la main, comme s'il venait d'être froissé. Il me fait rudement mal, ce qui me fait gémir de douleur.
"Ah, merde, pardon. J'voulais pas te faire mal. ça va ? Tu as mal ? Très mal ?
- Oui mais pourquoi tu es en colère ?
- ...
- C'est parce que j'ai parlé de ton père ?
- JE N'AI PAS DE PERE !"
Sans comprendre pourquoi, son comportement a soudainement changé, et sa tendresse venait de laisser place à la rage...