Mon Ange Solitaire

Dixième et dernier OS : Il était une fois

« Il était une fois une jeune garçon voulant parcourir le monde. Il se levait chaque jour aux aurores et partait pour l'aventure. Ses voyages au début étaient de courtes distances mais ils devinrent plus longs et plus dangereux. Mais l'exaltation augmentait et l'adrénaline était devenue sa drogue. Il ne pouvait pas ne pas agir. Son monde ne tournait pas sans cette dose d'aventure. Il décida donc de partir pour de bon, de quitter tout ce qu'il connaissait et de faire ses adieux à sa famille. Ses parents pleurèrent tout leurs saouls le jour de son départ mais il ne regarda pas derrière lui. Il balança un haricot magique et se laissa emmener dans un tout autre monde, très différent du sien. Il marcha pendant très longtemps. Il n'avait jamais autant marché auparavant. Il entrait dans un univers totalement inconnu. Celui de la gloire et de la domination. Il ne connaissait que très peu de sentiments, il était encore jeune et malgré ses nombreux voyages, il n'avait pas eu le temps de tester ses limites et ses émotions. Il ne s'attendait donc pas à détester ce nouvel univers anéanti et dominé par la fourberie et la manipulation. Mais il ne voulait pas rebrousser chemin. Il se promit alors de changer les choses, de ne pas laisser ses pauvres humains dépérir et s'entre-tuer. Ces hommes coulaient dans un abyme de noirceur et de sang et le jeune homme pensait savoir pourquoi : les sentiments les anéantissaient, les torturaient au plus profond de leur être. Ils se laissaient dominer par leurs émotions et ils ne voyaient pas plus loin que leurs nez. Il comprit donc que le seul moyen de les changer était de supprimer les sentiments et de ne créer que des êtres rationnels et pures. Sa décision était donc prise, il allait redonner de la couleur à l'humanité et faire de ces êtres des personnes charitables et justes, gentilles et douces, responsables et honnête. Plus de guerres, de révolutions, de massacres. Une ère nouvelle approchait. Un ère qu'il... »

- Cette histoire est triste et sombre, tu ne veux pas plutôt faire autre chose ? demanda le Docteur à Clara.

Cette dernière referma le vieux livre poussiéreux qu'elle avait trouvé dans la bibliothèque du Tardis.

- Très bien, donc on va faire ce pour quoi on est venu ici : chercher l'autre Seigneur du Temps que j'ai vu dans mon passé et dont je voulais vous parler.

- Il est mort Clara. Je suis le dernier de mon espèce.

- Dans ce cas, pourquoi chacun de mes écho voulait vous en parler ? C'est un signe Docteur, vous devez me croire !

- Très bien ... Alors cherchons.

Ils se remirent à fouiller dans les livres et dans les objets du Tardis. La moindre chose qui pouvait leur indiquer une direction à prendre pour trouver cet autre Seigneur du Temps. Clara savait que la preuve n'était pas loin, mais le Tardis était infini. La fouille allait durer très longtemps. Trop longtemps pour le Docteur. Il quitta rapidement la bibliothèque pour se faufiler dans d'autres pièces. Il ressortit de vieilles malles et commença à les vider une à une. Toute sa vie défilait devant ses yeux par le biais de tous ses objets et Clara était heureuse d'en apprendre un peu plus. Elle le voyait sourire comme un enfant en regardant certains objets. Ils avaient fait de nombreuses pauses pour éviter de devenir fou.

Après avoir bu un thé, le Docteur s'était rendu dans la salle des commandes pendant que Clara était sorti prendre l'air dans la parc où le Tardis s'était matérialisé. Il avait prit une malle et commençait à fouiller seul à l'intérieur. Un objet attira son attention. Il le déposa sur la console et le regarda, les yeux humides mais ébahies. Clara remarqua tout de suite le changement d'atmosphère en revenant dans le Tardis. Elle s'approcha du Docteur et mit une main sur son épaule.

- Que se passe t-il ? demanda t-elle, inquiète.

- Je viens de retrouver quelque chose ...

- En rapport avec le Seigneur du Temps qu'on cherche ?! s'exclama Clara en se mettant sur la pointe des pieds pour voir l'objet.

- Non. En rapport à mon enfance... Sur Gallifrey.

Clara prit le Docteur dans ses bras et lui caressa le dos pour le réconforter. Elle le relâcha ensuite et regarda l'objet de plus près. Il était noir et avait la forme d'un coquillage. Elle ne comprenait pas vraiment à quoi pouvait servir le coquillage, elle interrogea donc le Docteur du regard. Il prit donc le coquillage et le mit à la hauteur de son visage. Il regarda Clara un instant puis souffla dans le coquillage. Un son strident en sortit puis se stoppa net. Clara fronçait les sourcils, il ne se passait rien d'extraordinaire, alors le Docteur lui dit d'attendre. Il posa le coquillage sur la console puis s'éloigna, Clara derrière lui. Un son s'éleva dans la pièce. Un rire. Puis un autre. Des rires d'enfants. Et des exclamations de joie.

- Nous jouions à Dalek Contre Seigneurs du Temps. Celui qui avait le plus petit Tournevis Sonique était le Dalek et devait essayait d'exterminer les trois autres.

Il souriait et ses yeux reflétaient la nostalgie. Néanmoins, il était heureux de réentendre ce qu'il s'était passé, de se souvenir avec exactitude de chaque détail.

- Le Libérateur était toujours le Dalek, ça le faisait rire au début puis il en a eu marre de perdre à chaque fois...

On entendit le bruit d'un tournevis sonique puis celui d'une porte qui claque. Des pieds claquèrent sur le sol et un halètement se fit entendre dans tout le Tardis.

- On courrait dans tous les sens, on ne s'arrêtait jamais.

Un cri. Et d'autres bruits de pas. Trois Tournevis Sonique qui s'enclenchent à l'unisson. Une exclamation.

- Il se plaignait à chaque fois que l'on trichait. Il ne voulait plus jouer mais à chaque fois il recommençait.

Le Docteur se mit à rire en entendant Le Libérateur chouiner et se plaindre.

- C'était une belle époque. Sans problème, sans questionnement, sans ennemis apparents. J'avais oublié ...

- Vous oubliez vos ennemis Docteur, dit Clara en prenant une voix grave et tentant d'imiter la voix « électronique » d'un Dalek. Exterminate !!

Le Docteur se mit alors à courir dans le Tardis, Clara à sa poursuite. Ils s'amusaient tout deux comme des enfants et ne cessaient de rire joyeusement. Ils avaient totalement oublié leur recherche. Le coquillage lui se trouvait toujours sur la console, à émettre les rires de jeunes Seigneurs du Temps.

« L'enfant avait grandit et avec lui sa vision du monde. Il était devenu un homme. Un homme qui s'était mis à rêver d'étoiles. Les hommes se tuaient tous à petits feux mais c'était dans leur nature. Pourquoi vouloir les changer alors qu'eux-mêmes ne le voulaient pas ? Il avait alors reprit ses aventures, même s'il gardait toujours un œil sur eux. L'enfant dépourvu d'émotions et de sentiments avait fait place à un homme amoureux de l'espèce humaine. Il s'était découvert un cœur. Un cœur prêt à battre chaque seconde de son existence. Un cœur qui le mènerait là où il devait aller. Un cœur qui se réchauffait à chacun de ses pas. Cet homme voulait voyager, sauver l'univers entier. Mais pour cela, il devait rester courageux. Il devait se sentir accompagné, aimé. Il devait rire, s'amuser, courir. Sauver l'humanité, c'était son destin. Éliminer toute once de sentiment n'était pas la solution. Elle était dans la sauvegarde de l'humain. Il devait les rendre heureux d'être en vie, de pouvoir profiter de chaque instant, de pouvoir rire chaque jour et de voir les autres rire aussi. Et cela le rendrait alors aussi joyeux. Car après tout, le bonheur appartient à qui fait des heureux. »