Le vieux et ses présages

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Après notre discussion je pars me coucher. Le temps que j'arrive dans la chambre que moi et Ludi partageons je suis secouée de puissants sanglots. Je m'allonge dans mon lit mais il me faut encore quelques instants pour me calmer complètement. Je me retournes alors dos à la porte et cherches une position confortable. J'essaye de m'endormir mais rien n'y fait.
Au bout d'un certain temps, la porte de la chambre s'ouvre. Je vois l'ombre sur le mur en face. Ludi essaye de faire le moins de bruits possibles. Je comprends qu'elle pleure en silence. Sans doute s'est elle disputée avec Hèlia. J'aimerais pouvoir la consoler mais je ne sais comment alors je ne fais rien comme à mon habitude. Puis je sombre dans un sommeil lourd et sans rêves.

Je me réveille en même temps que le Soleil. J'ai bien dormi et je sais qu'il me sera impossible de me rendormir à présent. Je me soulèves délicatement de mon lit et pose mes pieds à terre. Je vais chercher des habits propres et en chemin me penche pour embrasser sur la joue mon amie qui comme toujours ronfle légèrement.
Je ne croise personne en allant à la salle d'eau ni à la cuisine. Aujourd'hui est est un jour appelé égoïste, nous ne travaillons pas pour la Communauté ce jour là. Pour nous on appelé plutôt ça un jour de libération. J'enfile une veste et me précipites à l'extérieur. L'air glacial me fait du bien. Il finit de me réveiller complètement. Mes pieds se dirigent tout seul sur la place Commune. A cette heure du matin il n'y a personne. Les demeures les plus riches se situent ici. On est bien loin de notre maison qui abrite une dizaine de personnes pour seulement quelques pièces. Ici certaines demeures ne sont même plus habitées, leurs fenêtres sont plein de crasses mais pourtant personne n'est jamais venu s'y installer à l'intérieur.

"Que ce jour égoïste vous rappelle à quel point la Communauté est essentielle"
Je sursaute. Je me tournes précipitamment et rencontre le boucher du village. C'est un homme d'une quarantaine d'année qui commence déjà à porter les traces de l'âge. Il vient de déclarer la phrase du jour. Chaque jour à une phrase qu'on est obligé de proclamer dès que l'on rencontre un individu. Je lui récites donc la phrase et m'empresses de partir à l'extérieur du village.

Sur la route je dois encore réciter la phrase une dizaine de fois. Et chacun me la retourner. Nous n'avons pas discuter mais simplement prononcer cette phrase qui pour la plupart de nous ne connaissons même pas la vrai signification. Je reprends mon souffle au milieu de mon ascension de la Colline. Je suis complètement essoufflé par cette montée si abrupte. Je grommelle contre le Vieux qui s'est isolé de toute civilisation en habitant sur cette foutue Colline. J'atteins enfin le sommet à midi passé. J'entends la cloche sonnée et je me demandes si la Matrone va s'inquiéter que je ne sois pas la. Mais je ne m'en fais pas trop elle s'est qui je suis débrouillarde mais surtout que je ne me laisserais jamais mourir de faim. Je toques pour la forme et ouvre tout de suite la port de la maison du Vieux. Cette maison est aussi vieille que le Vieux mais fan un état beaucoup plus misérable que lui. Un vieillard se tient dans l'encadrement d'une fenêtre. Ses longs cheveux blancs forment un halo autour de son visage. Lorsqu'il s'aperçoit enfin de ma présence il me sourit et dévoilé de nombreuses dents gâtées. Ses grosses mains fortes et musclées prouvent qu'il ne vient pas de cette province. Notre province n'est pas une province dite manuelle mais plus intellectuelle.  En tout cas cela prouve qu'il n'est pas originaire de cette province et que donc il a été transféré. De nos jours, les transferts sont exceptionnels, des punitions exemplaires. Sans doute dans une province une femme ou bien même des enfants l'attende. Je suis aussi orpheline que lui à la différence près que lui a goûté à une véritable famille.

Nous restons silencieux pendant un moment, chacun plongé dans ses propres pensées. Je sais que je suis venue ici pour des réponses que seul le Vieux est apte à répondre. Je me racles la gorge pour attirer son attention. Je capte son regard et je suis comme toujours admirative devant cette lueur d'intelligence dans ses yeux.
" On m'a laissé entendre que la Communauté ne serait pas aussi transparente que cela..."
Je m'interromps pensant que le Vieux va se décider à me parler. Il acquiesce puis avec sa main droite me fait signe de continuer.
  "Certaines provinces seraient depuis quelques temps cibles d'attaques de pays insurgeants...
- Elles l'ont toujours été me coupe l'ancien.
- Comment est ce possible ??? Comment la Communauté a t'elle pu étouffer ces massacres ??
- Les divertissements, m'explique t-il.
Il me montre sa main gauche fermé en poing. Les massacres. Subitement sa main droite vient envelopper cette main. Elle l'a recouvré complètement, il m'est impossible de la voir. Les divertissements.
Je comprends enfin. A chaque horreur pour éviter que la population ne s'affole commence à douter de la véritable force de la Communauté, celle ci détourné son regard vers des distractions. Elle focalise l'attention de sa population sur des divertissements joyeux.
Je n'ai plus qu'une question à lui poser.
" Comment rejoindre des rebelles ?? Comment arrêter ces massacres?? " En un instant l'atmosphère de la pièce change. Le Vieux s'est brusquement relevé de son fauteuil et à le visage tout cramoisi. Il se précipite vers moi et me hurle dessus.
" Pauvre folle, n'as tu pas compris que ces rebelles n'existent pas, personne ne s'intéresse à nous les gens bombardés par ces fous!!! Regarde où ma rébellion m'a mené. J'ai été séparé de ma famille, j'ai été amené dans cette province d'érudits complètement coincés !!!"
Il a le souffle rauque d'avoir tant crié. Sa respiration est cadencé. Des larmes roulent sur ses joues. Je m'en veux terriblement. Pour moi, le Vieux est se qui se rapproche le plus d'un ami ici. Mais je ne sais comment le consoler alors j'essaye de rester de marbre.
A cet instant, un bruit nous fait tout deux sursauter. La vieille télé, obligatoire dans chaque foyer vient de s'allumer. L'écran grésille quelques instants puis l'emblème de la Communauté s'affiche. Les mains entrelacées blanches qui abritent  une sphère noire annonce que la Communauté va s'exprimer.

The REWARDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant