DOUZIÈME PARTIE

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La prof : Manon, y a un problème ? Pourquoi vous n'êtes plus à votre place.

J'avais lâché Nagi, mais je continuais de le fixer avec un regard noir.

Moi : Non, c'est bon.

Je me rassois à ma place. Quelques personnes chuchotent et rient derrière moi, mais la plupart se sont calmées. Je ne me suis jamais emportée comme ça, encore moins dans une salle de classe et je crois que certains ont étés vraiment étonnés.

Plus les semaines passent et moins ça s'arrange avec Housni. Au contraire je crois que c'est de pire en pire. Il me manque, même si j'ai trop de fierté pour le lui avouer. J'ai envie d'entendre ses "je t'aime". Les cauchemars ne me lâchent plus depuis qu'il a arrêté de s'endormir au téléphone avec moi. Souvent on cri l'un sur l'autre, puis on pleur et on reste parfois plus de 2 heures sans parler jusqu'à ce qu'il arrête de rappeler ou moi de répondre. Résultat, je suis toujours à cran. Hakim, je l'évite et quand je suis avec lui, il sait que quelque chose ne va pas. Mais il me laisse le temps qu'il faut pour venir lui parler. Je sais au fond de moi que je ne lui en parlerais sûrement pas...
J'étais en train de penser à tout ça, tout en allant prendre l'air dehors, devant le lycée pendant ma pause, quand je vois une troupe de gens arriver courir tous dans la même direction. J'imagine que c'est encore une bagarre de plus. Je vais pas faire ma curieuse en allant les voir se battre, j'ai dépassé ça. De toute manière avec toute cette troupe, du haut de mes 1m60, je risque de rien voir.

Un mec : Grouilles toi poto, c'est des meufs, c'est des meufs ?

C'est des filles ? Les filles ici se battent rarement. Ou bien elles font que de se tirer les cheveux bêtement. Une fille qui fais partie du groupe qui a comme passe temps de m'insulter, me bouscule.

La fille : Hey sa mère, c'est Ibtissem elle va s'faire défoncer saaaale !

Oulah ! Attends, elle a dit Ibtissem ? Comme ma cousine ? Enfin, celle de Hakim...
Sans réfléchir je fonce dans le tas. C'est vrai que depuis le début de l'année elle prend plaisir elle aussi avec son groupe à m'humilier ou se moquer de moi, mais ça reste la cousine d'Hakim. Je sais comment il réagirait s'il la voyait rentrer avec plein de bleus partout... Je veux pas qu'il la frappe méchamment ou qu'elle ait de problèmes. Je cours donc vers l'endroit où tout le monde est réuni. Il y a un endroit pour les piétons qui passe sous le pont à 50m à peine du lycée. C'est là que les gens vont pour se battre pour être sûrs de pas être retenus par les surveillants. J'entend qu'elles sont seulement en train de parler, mais je ne vois pas ce qui se passe. Je me rassure en me disant que tant qu'elles parlent, c'est qu'elles ne se frappent pas. Je ne crois pas qu'Ibtissem sache vraiment se battre, d'habitude elle est plutôt discrète loin des bagarres et ce genre de réputations.

L'autre fille : Salope, je t'avais dis de pas t'approcher de lui !

Ibimtess : Ta mère la pute j'fais ce que j'veux ! J'parle à qui je veux !

L'autre : Quoi répète ??! T'as dis quoi ??

Ibimtess : Vas y j'ai dis ta mère la pute et alors ??

Dans ma tête je me dis, mais qu'elle est bête celle-là, elle cherche vraiment à mourir ou quoi ? Après ça, on n'entend plus que les cris. Je joue des coudes pour me faufiler entre les gens qui sont là juste pour profiter du spectacle. Une fois devant, je vois Ibtissem qui essaie d'attraper les cheveux de Zaya. Zaya la pousse contre le mur et commence à lui mettre des claques qui ressemblent de plus en plus à des droites. Sans réfléchir, j'attrape Zaya par les cheveux et je la repousse de façon à ce qu'elle me regarde.

Zaya : Tu veux quoi toi ?

Elle attend pas de réponse et m'agrippe par les cheveux. Elle baisse ma tête et lève son genoux pour essayer de me cogner le visage. J'évite son genoux de justesse. Je donne un coup dans l'articulation de son bras de façon à ce qu'il se pli et qu'elle lâche mes cheveux. Je lui met une droite qui arrive droit dans son nez. Le sang coule elle essaie de m'en mettre une à son tour que j'évite et je lui en envoie une deuxième. Qu'elle se prend cette fois sous l'œil. Elle fait mine de vouloir me mettre un coup de poing, mais au dernier moment elle me met un chassé. J'évite juste à temps et je perd l'équilibre elle en profite pour me pousser une seconde fois et j'atterris la tête la première dans le mur. Je suis un peu sonnée, j'ai mal au visage. Je crois que mon œil commence déjà à gonfler. Zaya me remet aussitôt un coup de pied dans les côtes. Je me redresse d'un coup et lui renvoi un dernier coup de poing dans le visage, suivis tout de suite après d'un coup de genoux dans le ventre. Elle se pli sous le coup, j'en profite pour l'agripper par les cheveux et lui mettre une série de coup de genoux dans le visage. Son sang coule sur mon jogging, je ne m'arrête que lorsqu'un gars me sépare d'elle. Je me rend compte que je criais de rage. Quand un autre gars l'aide à se redresser, je vois que tout son visage est meurtri de coups, déjà apparent. Je me rend compte à quel point j'ai été violente, voir sauvage. Comme si je faisais payer à cette fille tout ce que je subissais en ce moment. Toute la haine que j'ai accumulée ces derniers jours envers Housni, mon père, moi même, je viens de la déverser sur elle. C'est vrai que je n'ai jamais vraiment aimée Zaya. Surtout qu'elle s'en est prise à Ibtissem , mais elle ne méritait sûrement pas autant de violence...

Ma colère ne redescend pas pour autant. Je la laisse avec ses groupies et j'attrape le bras d'Ibtissem pour la tirer à l'écart. J'attend même pas qu'elle ouvre la bouche et je la gifle.

Ibtissem : Hey t'es sérieuse il t'arrive quoi ?

Moi (en arabe, et en français parce que je connais pas tout les mots) : T'es sérieuse ? Parle même pas, tais toi. T'as de la chance que c'est moi qui te gifle et pas Hakim, ni Karim ou pire Abdel. Parce que tu sais comment il est Abdel, il t'aurait mit une golden t'aurais dormi pendant 3 jours.

Je vois à son expression qu'elle a compris. Elle baisse les yeux et se tait.

Moi : Alors quoi ? Tu te sens fraîche avec ton nouveau groupe d'amis ? Tu crois que vous êtes invincibles, que t'es devenue une femme parce que tu traînes avec des Kherba ? Alors quoi demain tu vas te ramener talons haut, et truc ras la moule comme elles ? C'est ça ??

Ibtissem : Nan !

Moi : Alors arrête. Arrête tes délires tout de suite Ibtissem , parce que tu vas faire pleurer Khalti. Elle a eut assez des conneries de ses fils, quand Hakim il était dans le biz et tout alors n'en rajoute pas s'il te plait. T'es une meuf bien, alors restes comme t'étais. Parce que tes potes, y a qui qui t'as défendue là ? Elles t'ont toutes thé-ma comme un spectacle mais tu te faisais défoncer sale elles bougeaient pas !

Ibtissem (en sanglotant) : Mais wAllah, j'voulais pas. J'croyais qu'elles seraient toujours là. Même elles t'insultaient j'voulais pas t'blesser, mais j'avais peur qu'elles me laissent tomber si j'rigolais pas aussi... Dis rien à Khalti ni à Abdel s'il te plait, s'il te plait Khadidja.

Moi : Sèches tes larmes princesse, viens.

J'ouvre les bras et elle se précipite contre moi. Je lui caresse doucement le dos, je sais que ça l'apaise. Puis, en regardant autour de moi je vois que des gens se sont arrêtés pour nous écouter. On a tenus toute la conversation essentiellement en arabe, pour éviter qu'ils comprennent ce qu'on dit. Il y a presque que des français dans ce lycée. Mais je peux quand même entendre des gens chuchoter "oh tu savais qu'elles se connaissaient ?" "Depuis quand elle parle arabe cette babtou ? Encore une qui se prend pour une harbya, pfff". Au lycée, je peux jamais garder mon voile, du coup tout le monde ne sait pas que si j'ai appris l'arabe c'est pour ma religion et non pour un effet de mode. Mais je les ignores.

Ibtissem : Pardon Khadidja.

Moi : C'est rien Bébé. Mais fais attention à toi et tes fréquentations. Elles feront ta réput' et ton caractère. Allez fais moi un Boussah Hbiba.

Elle me fait un bisou et je l'accompagne à sa salle de cours. Du coup, j'arrive en retard au mien, mais le professeur ne me dit rien.

Au bout de tout juste vingt minutes de cours, un surveillant vient me chercher pour me dire que le proviseur m'a convoquée dans son bureau. Je prends mes affaires et j'y vais. Les ennuis commencent...

Proviseur : Asseyez vous. Vous savez pourquoi je vous convoque j'imagine ?
Moi : Bonjour ! J'ai une idée oui.
Proviseur : Je peux savoir ce qui vous a pris d'agresser aussi sauvagement une élève ?
Moi : Je pense qu'elle l'avait amplement méritée.

Mon ton est calme, mais ferme. Je ne compte pas faire l'hypocrite en disant que je suis désolée. Elle n'avait pas à toucher à ma cousine comme elle l'a fait. Maintenant le mieux, c'est de m'arranger pour épargner à Ibtissem d'être impliquée.

Proviseur : Et c'est pour quel motif ces barbaries ?

Moi : Elle avait insultée Ibtissem , elle n'avait pas à le faire !

Proviseur : Il paraît que c'est plutôt Ibtissem qui est venue l'insulter avant de la frapper également.

Moi : Bien sûr, c'est SA version des faits. Ecoutez monsieur, entre vous et moi, malgré mon redoublement mes notes sont bonnes mon comportement a toujours été irréprochable. J'ai peut-être eut un écart cette fois, mais je vous le répète : c'était amplement justifié. Elle s'en est pris à Ibtissem et l'a menacée. C'est à ce moment là que je suis intervenue.

Proviseur : Bon. J'ai écouté votre version, mais je vous tiens à l'oeil. Apprenez à gérez votre sang froid au lieu d'agir comme des animaux. On est en France ici, ce n'est pas comme ça qu'on doit se comporter !

Je sens dans cette remarque comme une allusion raciste de sa part, mais je ne relève pas. Il m'indique la sortie. Je ne me fais pas prier et m'empresse de partir d'ici.

Proviseur : Je verrais avec le proviseur adjoint mais attendez-vous à ce que des sanctions soient prises en conséquence.

Chronique, Le Combat D'une Convertie À L'islamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant