SEIZIÈME PARTIE

183 10 0
                                    


Quand Hakim rentre, je suis en train de vomir dans la douche. Les vomissements ont commencés dès que j'ai repris connaissance et je n'ai pas eut la force de me hisser jusqu'aux toilettes. J'entends la porte s'ouvrir. Pour le voir arriver, je cale ma tête contre le bas du lavabo. Il est frais ce qui apaise quelque peu ma tête bouillante.

Hakim : Non, mais mon frère, tu te rends compte les ti-peu d'aujourd'hui, plus aucun respect !

Son pote : wAllah ! Sah, c'est un truc de ouf !

Hakim : P**** d'sa mère !

A travers mes yeux embrumés de larmes j'aperçois le visage de mon frère se figer de surprise puis de peur. Je n'ai jamais vue Hakim avoir peur de quoi que ce soit, c'est un homme de la rue, il est passé par des choses qu'on ne peut à peine imaginer. La peur, il l'a depuis longtemps domptée, mais aujourd'hui c'est bel et bien de la peur que je lis sur son visage.

Hakim : Ayoub rentres, on se capte plus tard.

Ayoub : Vas - y. Euh... Appels - moi si... T'as besoin de moi.

Il ne s'est même pas retourné vers lui pour lui parler, il reste figé dans ma direction. Ayoub part, et mes vomissements reprennent. Je n'ai plus grand chose à vomir en fin de compte pourtant les hauts-de-cœur ne s'arrêtent pas. Je sens Hakim, accourir vers moi et me tenir les cheveux pendant que je vomis.

Hakim : P*****, qu'est-ce qui t'es arrivée. BORDEL ! C'est l'alcool que tu sens ?

Incapable de répondre, honteuse et tellement affligée de l'histoire, j'éclate en sanglot avant de vomir à nouveau.

Hakim : Bébé p*****, mon petit bébé je suis désolé de t'avoir laissée ! J'aurai jamais du t'abandonner, regardes dans quel état t'es. Oh omri, je suis tellement désolé. T'as du sang partout dis-moi ce qui t'est arrivée ?

Il continue inlassablement son monologue, se reprochant un million de choses tout en caressant mes cheveux et en me berçant une fois les vomissements terminés. Je me laisse aller contre lui. Ses bras musclés me réconfortent. Les larmes roulent sur mes joues et je comprends rapidement que lui aussi pleur. Mon grand frère, mon rempart dans cette vie pleur en me berçant contre lui.

*
* *

Les semaines suivantes sont difficiles pour moi. Après un séjour de trois jours à l'hôpital, je ne suis pas encore retourné en cours. Hakim est devenu fou de rage en apprenant l'histoire et il voulait retrouver Housni pour le tuer. Il a envoyé ses potes le chercher pendant des heures pendant qu'il restait veiller sur moi. Le point positif c'est que mon frère ne me lâche plus depuis ces événements. Après m'avoir fait milles et une excuses, nous nous sommes encore plus rapprochés. Je dors désormais chez lui le soir car j'angoisse lorsque je suis seule. Hakim me force à sortir un peu avec lui, pour faire les magasins par exemple. Il ne veut pas que je me renferme, il dit que je deviens de plus en plus fermée aux autres et que je broie du noir seule dans ma chambre.

En réalité, je vis surtout dans la crainte dès que je perds mon frère de vue. Je ne demande plus à sortir que pour aller à la Mosquée. Je culpabilise tellement d'avoir bu que je considère que malgré tout, j'ai mérité ce qui est arrivé juste après. C'est une punition envoyée par Dieu.

Aujourd'hui Hakim m'a organisé une surprise pour me changer les idées. Je ne sais pas de quoi il s'agit jusqu'à ce qu'on arrive là où habite sa mère.

Quand j'arrive, tout le monde s'abstient de me poser des questions sur la provenance de toutes ces marques sur mon visage. Je leur en suis reconnaissante, je n'aurais jamais eut le courage de leur en parler. Ça a déjà été suffisamment éprouvant de tout expliquer à Hakim... Le repas se passe bien, je me sens chez moi j'ai l'impression de réellement appartenir à cette famille. Abdel n'est pas là, il a 24 ans maintenant alors il vit dans un appartement à part. Mais Iness et Karim sont là, ainsi que Nessim un ami de Karim. Dounia nous a fait du couscous. Elle a pensé à ne pas le faire trop épicé pour que je puisse en manger, sans fumer de l'intérieur. Cette femme est vraiment merveilleuse, son sourire est tellement contagieux que je fini par sourire à mon tour, ce qui ne m'était pas arrivé depuis plusieurs semaines maintenant.

Chronique, Le Combat D'une Convertie À L'islamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant