Chronique, Le Combat D'une Convertie À L'islam

PREMIÈRE PARTIE

C'est la rentrée aujourd'hui. On est donc en septembre, et en ce premier jour, je suis déjà épuisée. Il faut dire que j'ai passé des vacances extraordinaires. Les journées je dormais jusqu'à 14 heures, voir 17 heures et je me couchais pas avant minimum 4 heures du matin. J'ai profité au maximum pendant ces vacances parce que je savais que cette année je devais bosser à fond. J'ai loupé mon bac en beauté l'année d'avant. Ma mère n'a pas vraiment appréciée. Elle était tellement déçue, que je me dois de la rendre fière cette fois et de réussir !
Avant de partir, je me regarde deux minutes dans le miroir. Mes cheveux blonds m'arrivent aux fesses et rendent mon teint encore plus blanc que je ne le suis déjà. Plutôt mince, je ne fais pas plus d'un mètre soixante ce qui me vaut souvent des remarques ou railleries comme "Minimoys" ou "minipouce". Surtout que les traits fins de mon visage me donnent un air enfantin, principalement à cause de mon nez. Mes yeux marrons sont cernés à cause de la fatigue en cette rentrée. Je ne m'attarde pas plus longtemps sur mon reflet et je file prendre mon bus.
A peine la porte d'entrée franchie, le proviseur me regarde d'un œil noir. Il n'a pas une bonne réputation, à cause de débordements qu'il y a eu l'année dernière ... Il s'avance vers moi.

Proviseur : Mademoiselle vous savez que c'est un lieu laïque ici, et que le port du voile ou tout autre signe religieux est interdit ?!

Son ton est sec, agressif. Je m'ordonne de garder mon calme.

Moi : Oui Monsieur.
Proviseur : Puis-je avoir votre nom s'il vous plaît ?
Moi : Manon N****
Proviseur : Eh bien Mademoiselle N**** tâchez de ne plus vous faire remarquer ! Et enlevez moi ça !

Pffff. "Ça" . Comme si c'était un vulgaire bout de tissu ou quelque chose d'immonde ! Ce "ça" c'est une fierté, une couronne pour moi. Il m'énerve déjà le jour de la rentrée ce proviseur...
Exaspérée d'avoir dû dénuder mes cheveux, je passe donc ces grandes grilles verte. Je m'y attendais de tout façon. J'espérais seulement pouvoir le garder un peu plus longtemps, c'est tellement humiliant de l'enlever.
J'arrive sous le préau, c'est la que sont affichés les noms avec nos classes respectives. J'ai une boule au ventre en me faufilant parmi les petits groupes entassés devant chaque nom de classe. Je repère la mienne et essaie de chercher les noms que je connais. Comme je suis redoublante, mes anciens amis sont tous partis et je me retrouve seule. Peut-être qu'il y aura des têtes qui me sont familières et qui m'inspirent confiance dans la classe avec qui je pourrais m'entendre. Sauf qu'apparemment je ne connais personne. A part un garçon qui s'appelle Nagi, il était à l'internat l'année dernière et j'y étais aussi. Je lui avais demandé de m'apprendre le tachaoud, car j'apprenais la prière et il était le seule musulman dont j'avais entendu parler de tout le lycée. Mais il m'avait amèrement envoyée balader en disant qu'il ne voulait pas "avoir la honte de traîner avec une fille comme moi". Alors, me retrouver dans sa classe ne m'enchante pas.

Il faut que je retrouve ma classe et ma prof principale pour qu'elle nous donne nos carnets et qu'elle fasse son blabla habituel puis nous distribue nos emplois du temps. L'après-midi, les cours commencent. Je me dirige dans le bâtiment qui est tout au fond. Notre lycée fait plusieurs hectares. Ce qui est relativement grand pour un lycée. Il y a même une salle de sport, un terrain de foot à l'extérieur, quatre petits terrains de basket et une salle de musculation. C'est pour dire à quel point il est grand. J'arrive donc dans ma petite salle de classe, et me place au fond de la salle près de la fenêtre. Le ciel est tout gris en plus. La prof commence son discours, je l'ai déjà entendue les trois années précédentes où j'étais ici, et faire pour la millième fois au moins leur fiche de présentation ne m'enchante pas vraiment plus. La matinée risque d'être longue...