ONZIÈME PARTIE

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Je laisse mes lèvres avide des siennes le dévorer tout en agrippant ma main dans ses cheveux. Je me retrouve collée au mur, on reprend à peine notre souffle, ça fait si longtemps que j'attend le moment de l'embrasser à nouveau. J'ai faim de ses lèvres, de son corps, de sa peau, de ces sensations uniques que je ne ressens qu'avec lui.
Après 10 minutes à presque fusionner, je retrouve mes esprits.

Allah ! C'est la première pensée qui me vient quand je m'éloigne de lui. Je suis toujours dans ses bras, mais je me sens tout à coup coupable. J'avais fait la promesse, aussi bien à moi-même qu'à Dieu, de ne pas laisser autant de proximité entre moi et un homme si ce n'est mon mari. Comment est-ce que j'ai pu aussi vite me laisser aller ? Comment j'ai pu briser ma promesse comme ça? Je sais très bien que les relations hors mariage sont illicite en Islam, que l'embrasser ne me conduira qu'à la fornication, pourtant j'ai cédé! Je me sens honteuse, j'ai peur du châtiment d'Allah. Ma vision se trouble et je réalise que des larmes roulent sur mes joues. Je me sens si mal maintenant...

Housni : Bébé ? Bébé qu'est-ce qu'il y a ??

Moi : Je.. Tu sais très bien que ... Que j'aurais pas dû.

Housni : Mais mon amour on s'aime, tu sais très bien qu'on va se marier!

Moi : Non, non,non. J'aurai pas du faire ça. Non !

Housni : Bébé tu es ma fiancé, ma princesse, ma reine, alors pleure pas. On va se marier très vite, faut pas que tu te sentes coupable, c'est moi ton Hlâl !

Moi : Mais on est pas encore marié!! Et mon frère... Il va me tuer. Hakim voudra jamais de toi !

Oups!.. Les mots sont sortis tout seuls. Je sais que je ne devais pas lui parler d'Hakim. Il ne comprendra pas...

Housni : Ton frère? Comment ça? T'as pas de frère à ce que je sache! C'est qui ce Hakim ?

Moi : Je ... Laisse tomber.

Housni : Non mais t'es sérieuse? Tu me balances un missile comme ça et après tu me dis laisse tomber. Normal.

Moi : C'est pas ça, tu comprendrais pas ...

Housni : Vas y, dis moi qui c'est! La vérité tu me rends ouf la !

Je ne sais plus quoi dire. Il me pousse doucement mais fermement de lui. Je peux déjà voir à son expression la colère monter en lui. Il faut trouver quelque chose, par où commencer et lui expliquer. Vite!

Finalement je décide de lui expliquer les choses sincèrement. Il me laisse finir avant d'exploser.

Housni : C'EST PAS TON FRÈRE! C'est rien pour toi. RIEN! Je me fiche de tes conneries genre c'est mon tuteur j'sais pas quoi! Vas - y tu me dégoûtes!! En plus depuis le début tu me caches ça ??

Moi : Mais Doudou, attends tu sais que ...

Housni : Que quoi ? Tu m'aimes ?? Et t'allais m'en parler quand de ce sois disant "frère" débarqué de nul part?? C'est obligé, c'est lui qui t'as mis ces conneries de religion dans la tête! Vas - y retournes manger du porc et arrêtes de te mentir à toi même. Je pari en plus c'est un marocain... Obligé !

Moi : Non c'est un Algérien d'abord. Mais qu'est ce que ça peut faire?! On dirait mon daron là!

Housni : T'es sérieux tu me compares à ce fils de p...

Moi : Oh et toi t'es sérieux tu parles de mon père comme ça?

Housni : Ouais ton père c'est un enculé de raciste, et alors? Y'a quoi ?

C'était le mot de trop.

Moi : Ouah.. Vas y c'est bon ok.

Je le laisse pas continuer plus longtemps et je pars. Les larmes se sont arrêtées pour laisser place uniquement à la colère. Mes yeux me sortent presque de la tête tellement la haine me ronge. Je ne comprend pas. Comment peut-il me rejeter comme ça ? Pourquoi il déteste autant ma religion? Et ma famille? Lui et moi, comment ça peut être possible avec toutes ces choses qui nous sépare...

Je rentre chez moi, encore hors de moi. Je suis étalée sur mon lit en écoutant Lacrim. Toutes ces chansons tournent en boucle dans l'espoir de me calmer ou au moins de m'apaiser un peu. Je laisse le temps défiler jusqu'à ce que mon ventre cri famine. Pas le courage de faire à manger, j'attrape plutôt les brioches et le pot de Nutella que Hakim m'a ramené l'autre jour. Je mange jusqu'à en avoir mal au ventre. C'est souvent comme ça que je noie ma haine: en m'empiffrant de chocolat ou tout ce qui est bon mais gras. Alors que quand le chagrin me ronge, je ne mange pas une miette. Je fini par m'endormir, le ventre prêt à exploser...
À 3h du matin environ je reçois un message.

Housni : "Tu m'as laissé seul dans une cité et une ville que j'connais même pas. J'ai du retrouvé le chemin tout seul. J'ai marché pendant plus de 2 heures sous la pluie. Heureusement j'ai eu le tout dernier train. Tu m'as laissé seul comme ça en plus de m'avoir trahit en me cachant tout ça. Je croyais que tu vivais encore chez tes parents etc.. Pas une seule fois tu m'as dit ça. Tu m'as menti et je suis là comme un con à rentrer à pied jusqu'à ma vieille tess du 93 parce que à cette heure là il n'y a plus de métro. Je t'en veux pour tout et je ne suis pas prêt de te pardonner..."

Je suis encore trop énervée pour écouter la petite voix au fond de moi qui me chuchote que je devrais me sentir coupable de l'avoir laisser comme ça. J'aurais sûrement dû le rappeler, ou au moins lui expliquer comment rentrer chez lui...

Les trois jours suivant, il ne m'appelle pas. De mon coté, j'esquive au maximum Hakim. Je ne veux pas qu'il devine que je vais mal, ni même qu'il découvre quoi que ce soit de cette histoire. Les jours d'après, Housni se décide enfin à m'appeler. Seulement j'étais loin d'imaginer qu'il serait autant en colère. On ne fait que de se crier dessus et parfois même on en vient aux insultes. Je fini par lui raccrocher au nez et éteindre mon téléphone.

Les jours défilent et mon humeur ne s'améliore pas. Le jeudi, cours de philosophie. Je regarde par la fenêtre. Je déteste ce cours.. tout comme le reste de la classe à en juger par leur comportement. On voit des gens qui se lancent des stylos, des bouts de gommes, qui se font des espèces de lance pierre avec leurs doigts et un élastique pour se lancer des bouts de papier, etc.. . Sans parler du niveau sonore qui est assez haut pour donner mal à la tête à tout le monde dans la pièce voir même aux classes d'à coter. En même temps faire cours de philosophie à des classes de scientifiques, c'était prévisible. On peut même voir un groupe d'ami qui joue au carte derrière, plus ou moins discrètement. Ma voisine à moi, elle dort. De toute manière, on se parle jamais, elle est plutôt du style gothique. On est sûrement loin d'avoir les même centres d'intérêt. Le cours se termine enfin. À la récré je rejoins quelques amies de l'année dernière qui sont encore au lycée puis je repars en mathématiques. J'ai horreur de ce cours alors pendant toute l'heure je suis sur Skyrock avec mon téléphone. Housni sait pas que j'ai un compte. Heureusement ou il me tuerait. Tout à coup j'entend un bruissement d'air et...

Moi : Aïe !

Je viens de me recevoir un tube de colle au milieu du front. Premièrement, ça fait mal et deuxièmement, c'est super humiliant! La prof est partie chercher des photocopies et les gens de ma classe en ont profité pour recommencer leur jeux de lancé puéril. Je sais à peu près d'où sa vient et qui a pour habitude de lancer des objets en cours. Je ne sais juste pas si c'est Naguii ou son ami. Je connais même pas son nom d'ailleurs. Furieuse, je me lève dans leur direction, le tube de colle en main. J'attrape, au hasard, Nagui par le t-shirt et je le fais lever de sa chaise. Je suis loin d'être physiquement balaise, mais la colère accumulée de ses derniers jours ainsi que l'adrénaline suffit à me permettre de le coller contre l'armoire juste derrière lui.
Je me met à crier.

Moi : Ecoute, je sais même pas qui a lancé ça, toi ou ton pote, mais je m'en balance, ok? Tu vois ton tube de colle là?? Je vais te l'enfoncer dans la gorge si je reçois encore un truc c'est compris?? Et si t'as le malheur de me casser encore les ovaires après ça, je te promet que je te ramène mon grand reuf il va t'allumer ta race de blaireau, tu vas pas être déçu. C'EST CLAIR?

Il est tellement choqué je crois, qu'il se contente de hocher la tête pour dire oui. Je suis tellement en colère que je crois que je risquerais vraiment de lui faire mal s'il recommençait. Ou en tout cas, j'essaierais.. car je ne suis pas Hulk non plus. Je suis juste assez énervée pour ne pas trop réfléchir et foncer bêtement dans le tas.

La prof : .......

Chronique, Le Combat D'une Convertie À L'islamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant