Sorceress

1 | Magique

Je suis poursuivie, je cours. Je me sens observée de partout et tout mes sens sont en effervescence. J'entends tout mes pas, le son me parait amplifié. Chaque bruissement, chaque souffle de vent parait être un supplice à mes oreilles. Alors le son de mes pas, c'est vous dire l'effet que ça me faisait. Ma vue semble plus acérée et je peux voir distinctement les choses, même dans la pénombre. J'ai peur, et je cours à perdre haleine. Je m'engouffre dans un tunnel et m'arrête quelques minutes pour respirer, en sueur. Je regarde autour de moi.
Rien.

Je soupire et m'adosse au mur en fermant les yeux. Pourquoi ?

Expliquons clairement la situation. Je m'appelle Lindsay, et je suis une sorcière. Oui, une sorcière. J'ai 19 ans, et les sorcières sont peu répandues, mais néanmoins là. Sous votre nez. Nous sommes bien là. Je descends d'une grande famille de sorcières et de sorciers, c'est ancestral ; seulement, il y a un hic. Mes pouvoirs ne s'étaient pas manifestés jusqu'à maintenant, et ce soir je souffre de devenir une des nôtres. Mes sens s'agitent et mon cœur semble taper tellement fort contre ma poitrine que j'ai peur d'ouvrir les yeux et de le voir par terre, ayant transpercé ma poitrine. Je suis sensée être LA descendante, LA sorcière. Je suis sensée être puissante, seulement, rien, absolument rien ne s'était montré jusqu'à aujourd'hui. Je n'étais, aux yeux de ma famille, qu'une née-sans-dons. Une bâtarde, pour faire plus clair.

Ce soir je rentre chez moi et suis en pleine éveil de mes pouvoirs. De quelle manière je ne sais pas.

Ma mère m'a couvée toute la nuit et m'a aidée à surmonter mon éveil. C'est sans mots que le lendemain matin, je retourne en ville.

***

Je me relève un peu et me baisse en avant, mes cheveux rouges sangs tombant devant moi. Je me relève encore une fois et me met en marche fébrilement. Je tâtonne mes poches. Mince, j'ai oublié mes cigarettes. Je soupire, et essaye de me calmer un peu. Au bout du tunnel, je débouche sur une rue éclairée. Je frissonne un peu. J'ai oublié de prendre mon portable, et la nuit semble déjà bien entamée. Je soupire encore et avance au gré des rues, dans ce Londres si sombre, que personne de normal ne fréquenterait alors. Je continue de déambuler, sans vraiment regarder autour de moi quand une boutique attire mon attention. « Le Chat Noir » ? Je reste bloquée devant la vitrine, qui propose toutes sortes d'objets. Ca va du téléphone portable à la montre gousset, aux flacons pour filtres et élixirs à des écouteurs pour téléphone... Cette boutique est un bric à brac étonnamment grand, à l'intérieur semble-t-il, puisque les lumières sont encore allumées. Je décide d'entrer, et découvre un endroit plus fantastique que je ne me l'imaginais. Je lève les yeux en marchant pour regarder les énormes luminaires au plafond, et le plafond lui-même est peint de visages angéliques, semblant raconter une histoire. Je suis presque frustrée de ne pas avoir plus de possibilités pour tout voir, tout comprendre. Tout ici est fantastique. Des attrapes rêves. Des bijoux, loufoques, beaux, précieux, fins. Toutes sortes. Des amulettes. Des chapelets. Tout ici est empreint d'une certaine magie. La vitrine n'est là que pour tromper les passants, je ne vois aucun objet high tech ou quoique ce soit dans ce genre. Une quinte de toux me tire de ma rêverie.

« Mademoiselle ? Puis je vous aider ? »

Je me retourne en sursautant, et regarde l'homme qui me fait face ; tout d'abord, cet homme est d'une beauté incroyable. Il semble jeune, peut-être un peu plus vieux que moi, mais pas de beaucoup. Il a les yeux gris, cachés derrière ses lunettes carrées à fine monture argentée. Ses cheveux sont un peu longs et tirés vers l'arrière, et il porte un tablier avec toute sorte d'ustensiles dans ses poches. Les traits de son visage sont doux, bienveillants. Il est un délice à regarder. Je souris légèrement et hoche la tête.