Imaginarius
- Te voilà enfin à Imaginarius ! Tu avais disparu une poignée de minutes, s'écrie Honir.
Je suis de nouveau dans la vaste forêt. Je ferme les yeux me convainquant que je pourrais de nouveau me retrouver dans ma chambre, en vain. Tout se bouscule dans ma tête, ne sachant plus que croire ni quoi penser. Comment peut-il y avoir deux mondes ? Peut-être que ceux qui m'entourent n'existent pas. Peut être que je n'existe pas moi-même ? Je suis peut-être juste là pour jouer un rôle, le rôle d'une gentille petite fille. Et Maman n'existerait pas aussi. Elle ne serait là que pour jouer le rôle d'une mère qui se veut aimante. Peut-être que le monde est seulement synonyme de comédie. Chacun porterait des masques. Nous serions tous des pantins d'une immense pièce de théâtre.
Je n'ai pas le choix, je ne peux pas sortir d'ci. Peut être qu'Honir a raison ? Maman ne serait pas ma mère. Toutefois, cette idée me retourne le cœur.
***
Nous marchons pendant un long moment, traversons les arbres qui se ressemblent les uns aux autres. Et il commence à faire sombre. Honir me propose de s'arrêter pour passer la nuit. Nous dormons à même le sol, je ne peux m'empêcher de frissonner avec ce temps. Honir ne manque pas de le remarquer et en un claquement de doigt fait apparaître une cape, assez chaude, d'un noir profond et me la passe. Contre tout attente, je ne suis pas impressionnée par son petit tour de magie. Etrangement, cela me semble presque familier. Je lui demande s'il ne pourrait pas par hasard faire apparaître un lit pour essayer de dormir dans de bonnes conditions, mais il ne laisse échapper qu'un rire qui veut apparemment dire non.
J'enfile la cape et une chaleur se propage au fur et à mesure dans mon corps. Je décide de détacher mes longs cheveux noirs qui se fondent sur la cape pour me réchauffer davantage. Honir est déjà en train de dormir. Sa taille qui m'avait surpris, ne me paraît plus si petite, et ses cheveux sont d'un rouge si flamboyant que je me surprends de ne pas l'avoir remarqué. Les yeux fermés, il paraît si fragile.
J'essaie de dormir mais n'y parvient pas. Je prends une grande inspiration pour me détendre et gesticule pour trouver une position confortable, et décide de me poser sur le dos, les bras ballants, et regarde le ciel presque caché par les arbres. Je ne pense à rien, me rassure en me disant que tout va bien, en vain.
Ne parvenant pas à trouver le sommeil, je décide de marcher pour inspecter les lieux. Il ne doit sûrement pas y avoir que des arbres. Certes, nous sommes dans une forêt, mais peut-être qu'il y a quelqu'un. Je m'efforce de me lever tout doucement pour ne pas réveiller Honir.
Je ne vois que des arbres, même l'horizon est presque invisible. Et l'obscurité de la nuit ne m'aide à voir grand chose, mais je n'abandonne pas et mes pieds continuent de s'enfouir dans la terre.
- Engla, Engla.
Je me crispe et regarde autour de moi. Ce n'est pas la voix d'Honir, elle est bien plus grave me donnant presque la chair de poule.
- Engla, Engla
Ma respiration devient de plus en plus saccadée. Je n'arrive plus à bouger et tente d'appeler Honir, mais aucun son ne sort de ma bouche. J'ai tout simplement peur. Une main se pose sur mon épaule. Cette sensation ne m'est guère étrangère. Une silhouette se dessine en face de moi, elle se rapproche de plus en plus. Je ne discerne pas son visage, seul son regard, un regard jaune troublant. Ses mains se posent sur mon cou, me serrant de plus en plus fort. Je me débats, lui donne des coups, dans le dos sans obtenir le moindre résultat.
- Jubeo malos spiritos partire fugireque, dit une voix lointaine d'une langue qui m'est inconnue.
La silhouette se propulse et ses mains se détachent de mon cou. Je reprends ma respiration ainsi que mon calme pour mieux comprendre la situation en posant mes mains sur mon cou pour atténuer la douleur, le regard rivé sur le sol.
- Je reviendrai, rugie une voix masculine. Tu ne la protégeras pas longtemps Honir.
Je lève la tête et aperçois la silhouette se fondre dans les profondeurs de la forêt.
- Engla
Honir ! Je cours de tout hâte vers lui et laisse échapper un soupire de soulagement. Je n'ai jamais été aussi contente de le voir.
- Qui est-ce ? articulé-je avec difficulté.
- Tu le sauras en temps voulu, me rétorque t-il d'un ton sec. Qu'est qui t'as pris de te balader en pleine nuit seule ?
- Je veux comprendre ! Je suis dans un lieu inconnu avec toi que je ne connais que depuis peu, et je ne sais qui veut ma mort pour je ne sais quelle raison, tenté-je de me justifier.
Il me prend par la main, sa taille est nettement plus importante. Je suis obligée de lever la tête pour croiser son regard. Un regard sombre et si glacial que je ne le reconnais à peine.
- Je viens de te sauver la vie. Un merci ne serait pas de refus.
- Merci, murmuré-je.
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Le miroir des âmes (tome I terminé)
FantasíaQue feriez-vous si on vous annonce l'existence d'un autre monde ? Plagiat non toléré Tous droits réservés