Le miroir des âmes (tome I terminé)

Chapitre 12

Chapite 12 :

Dans la gueule du loup

Pdv d'Engla

J'avance à petit pas vers l'autel où m'attend Léo. J'ai la boule au ventre bien que ce mariage ne soit pas réel. Des milliers de personnes m'entourent. Je regarde leurs visages dénués d'expressions. Léo avait raison, ils sont bien sous emprise. Leur regard est vide. Je détourne le mien et le dirige vers Léo qui a l'air beaucoup plus calme que moi. Il porte une tunique brune comme le veut la tradition de la tribu Hopi. Quant à moi, je suis vêtue d'une robe composée de feuilles d'arbre d'un vert éclatant qui me caresse délicatement la peau.

-       Tu es ravissante Engla, me murmure Léo.

Je lui réponds par un sourire gênée, il me prend par le bras m'obligeant à me mettre face à lui.

-       Chère tribu Hopi, nous sommes là aujourd'hui pour célébrer l'union d'Engla Argus et de Léo Murray ! s'exclame Ketteridge de sa voix aussi imposante que sa taille. 

Personne ne dit rien et écoute comme des pantins Ketteridge  qui continue son discours où il fait part de sa joie de me savoir vivante. Au fur et à fur, je ne l'écoute plus, ses paroles deviennent comme une musique d'arrière-fond. Ma respiration devient de plus en plus saccadée.

-       Tu vas bien ? s'enquit de me demander Léo.

-       Je...j'angoisse, bégayé-je.

-       Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer, me rasure-t-il en me prenant les mains.

Je tente de me calmer du mieux que je peux. Comment en suis-je arrivée ici ? Mieux vaut ne pas y penser. Carpe Diem, me dis-je pour m'apaiser.

-       Engla

Une main se pose sur mon épaule dénudée me faisant revenir à la réalité.

-       Engla, êtes-vous d'accord à vous unir à Léo Murray ? me demande Ketteridge.

-       Oui, dis-je en passant la bague au doigt de Léo.

-       Léo, êtes-vous d'accord à vous unir à Engla Argus? demande Ketteridge à Léo.

-       Oui, répond-t-il d'une voix affirmée en me passant une bague au doigt qui fleurit au contact de ma peau. 

-       Bien, je vous unis par les liens sacrés du mariage, s'exclame solennellement Ketteridge.

Je sens que je vais m'écrouler. Léo m'attrape aussitôt par la taille et je m'agrippe à lui et me dis que ce n'est pas le moment de tomber maintenant.

-       Tu auras bientôt un peu d'air, les gens commencent à partir, me murmure Léo.

En effet, la foule se dissipe peu à peu. Léo m'avait prévenu. Les gens ici sont réglés comme une horloge à chaque minute ils doivent effectuer une tâche comme des marionnettes, comme les marionnettes de Samael. Pauvres gens, m'indigné-je.  Ils ne sont pas maîtres de leurs sentiments tels des robots.

-       Engla, m'appelle une voix féminine familière.

Je me retourne.

-       Mme Sullivan ! s'exclame Léo.

Je me serre contre Léo pour ne pas tomber. Elle s'approche de moi et me caresse mes longs cheveux défaits.

-       Tu es ravissante, ma chérie, ajoute-t-elle émue.

Aussitôt, je m'écarte de Léo et saute dans les bras de Maman et la serre très fort.

-       Tu m'as manquée, lui avoué-je en pleurs.

-       Toi aussi, ma chérie, tu ne peux pas savoir à quel point.

Je me sens tellement bien, c'est comme si mon corps est envahit d'une immense vague de chaleur. Elle m'a tellement manquée ! 

-       Vous devriez poursuivre votre conversation dans la grotte de Ketteridge, Mme Sullivan vous ne pouvez pas être longtemps immunisée contre l'enchantement de Samael, nous conseille Léo.

***

Nous nous éclipsons dans la grotte de Ketteridge. Léo m'explique qu'il voulait me faire une surprise en invitant maman. Il a pu observer qu'elle me manquait énormément. Il me raconte qu'elle ne pouvait pas rester longtemps en dehors de cette grotte de peur qu'elle ne soit sous l'emprise de Samael. Il faut avouer que j'ai encore du mal à comprendre. J'ai bien vu que ces personnes étaient dénuées de sentiments. Je me remémore leurs regards vides. Toutefois, je ne comprends pourquoi ils sont venus au mariage s'ils sont sous l'emprise de Samael bien qu'il ne peut rien faire contre ce mariage. Je demanderai à Léo de mieux m'expliquer.

-       Je n'arrive pas à y croire que tu te sois mariée aussi jeune ma chérie, me dit ma mère de sa voix douce qui m'a bien manquée ces derniers temps.

-       L'amour peut nous faire faire des choses bien étranges, déclare enjoué Léo.

L'amour ? Je lui lance un regard interrogateur. Maman n'est pas au courant que ce mariage n'est que stratégique ?

-       Léo, je pourrais te parler en privée s'il te plait, dis-je.

-       Les tourtereaux ont des choses à se dire apparemment, ris ma mère.

-       Bien sûr ma chérie, me répond Léo.

Ma chérie ? Depuis quand, il m'appelle comme ça ?  Je le prends par le bras m'obligeant à me suivre et me dirige vers le fond de la grotte pour avoir une discussion avec lui en privée.

-       Qu'est-ce qui te prend ? Maman n'est-t-elle au courant que ce mariage est simplement stratégique pour reprendre tes mots, m'énervé-je.

-       Mme Sullivan n'est pas au courant, me révéle-t-il.

-       Je pensais que tu lui avais dis, m'étonné-je.

-       Il ne faut pas qu'elle le sache, seul Ketteridge est au courant, me dit-il à basse voix.

-       Comment ça il ne faut pas qu'elle le sache ? m'emporté-je.

-       Il faut savoir qu'à Imaginarius, l'union de deux êtres est quelque chose de sacrée, si Samael apprend que ce mariage n'est que stratégique, tu seras bannie de ta fonction de princesse ainsi que d'Imaginarius. Donc, il faut que les personnes proches de toi croient que ce mariage est réel. Déjà que Mme Sullivan n'est pas très enchantée que tu reviennes à Imaginaires alors si elle apprend que cette union est caduque, ça lui fera de la peine, soupire-t-il.

-       Bien, rétorqué-je sans réfléchir. De toute manière, j'en avais assez de trop réfléchir. Carpe diem, me répété-je sans cesse.

Sur ces paroles, nous rejoignons Maman en pleine discussion avec Ketteridge.

-       Je dois rentrer ma chérie, je ne peux rester longtemps à Imaginarius, s'excuse-t-elle avec tristesse.

-       Ne t'inquiète pas Maman je sais que tu seras plus en sécurité dans l'autre monde, sangloté-je pour je ne sais pas quelle raison en la prenant dans mes bras.

-       Je t'aime Engla, fais bien attention à toi. J'aurais tellement voulu que tu ne connaisses jamais Imaginarius, soupire-t-elle.

-       Je ferais très attention... je t'aime, lâché-je.

Elle se retire de mon étreinte et s'approche de Léo et le prend dans ses bras.

-       Fais bien attention à ma fille, lui dit-elle.

-       J'en prendrais le plus grand soin, déclare-t-il.