Chapitre 7

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Le vieillard

J'ai ma première thérapie de groupe ce matin avec le Dr. Powell. Je m'y rends sans grande motivation. J'ai simplement hâte d'être ce soir pour aller à Imaginarius. J'enfile rapidement un jogging et un vieux T-shirt après une bonne petite douche. J'attache rapidement mes cheveux et quitte ma chambre. Je déambule dans les couloirs de l'hôpital et aperçois un vieillard assis sur une chaise seul. Il n'a pas l'air au top de sa forme. Il ne tarde pas à croiser mon regard et me sourit. Je lui rends timidement son sourire.

- Tu ne voudrais pas me tenir compagnie un peu, petite, me demande-t-il.

Je m'arrête subitement dans ma démarche.

- Je suis désolée, j'ai une consultation. Et, je ne suis pas petite, ma taille est dans la moyenne, m'indigné-je.

Il ne me dit rien et lâche un soupir en faisant une petite moue toute triste. Tu ne peux pas le laisser comme ça me dit ma conscience.

- Je veux bien rester avec vous pendant DEUX minutes, finis-je par lâcher.

Son regard s'illumine, et il me fait signe de m'asseoir près de lui. Il dégage une forte d'alcool qui me dérange atrocement mais je fais de mon mieux pour ne pas le laisser paraître, en vain.

- Mon odeur te dérange tant que ça ? me dit-il.

- Vous... sentez fort l'alcool, vous devriez à mon avis arrêter de boire.

Il laisse échapper un rire. Je ne comprends absolument pas sa réaction, il n'y a rien de drôle dans ce que je viens de dire pourtant.

- Tu sais, j'ai perdu ma fille il y a deux ans, elle est morte d'un cancer, et s'en ait suivi la période la plus obscure de ma vie. L'alcool est devenu ma seule compagnie, mon seule réconfort, m'avoue-t-il.

- Cela ne vous en excuse en aucun cas, rétorqué-je.

Je regrette aussitôt mes paroles. Je n'ai pas le droit le juger. Quand Papa est mort, je n'avais goût à plus rien. Je passais mes journées, toute seule, dans mon coin à dessiner. Je ne voyais pas l'utilité de parler aux autres.

- Je vous prie de m'excuser, je n'ai pas le droit de vous juger, soufflé-je en lui prenant la main.

Des larmes s'échappent de ses yeux le mettant mal à l'aise. Ne sachant pas comment réagir, je le prends dans mes bras et tente de le consoler du mieux que je peux.

- Vous savez, j'ai perdu mon père quand j'étais très jeune. J'étais dévastée. Je ne pourrais pas vous dire que j'ai réussi à surmonter mon chagrin, ce serait vous mentir. Il me manque chaque jour. Et j'en veux à la terre entière ! Mais Maman me répétait sans cesse qu'il sera toujours là près de moi, murmuré-je.

Maman ...

Elle me manque tellement. Comment je peux lui en vouloir de m'avoir cachée Imaginarius ? Elle a simplement voulu me protéger me dit une voix intérieure. Je suis tellement sotte et puérile. Elle m'a donné tellement d'amour durant ces dernières années.

Le vieillard se retire de mon étreinte.

- Je suis désolé, petite, marmonne-t-il.

- Je ne suis pas petite, appelez-moi Engla! m'écrié-je ce qui le laisse échapper un rire visiblement contagieux.

Nous sommes là tous les deux, assis sur bans à rire comme deux enfants.

- Merci, lâché-je.

- Merci ?

- Ca m'a fait du bien de vous parler, lui avoué-je.

- A moi aussi ENGLA !

***

Ma thérapie de groupe terminée, je m'empresse de me diriger vers ma chambre.

Je prends le carnet laissé par maman et m'empresse de dessiner son portrait en m'asseyant en lotus sur mon lit. J'avais déchiré la photo qu'elle m'avait laissée sur le coup de la colère. Je m'en veux tellement maintenant. Je m'empresse aussitôt par dessiner ses yeux d'un bleu profond où j'aimais m'y perdre dans des moments de doute pour y chercher du réconfort.

Subitement la porte s'ouvre et j'aperçois Léo qui me lance un sourire.

- Tu dessines Mme Sullivan ? me demande-t-il.

- Oui je dessine ma mère, le corrigé-je en continuant à dessiner.

Il s'assoit près de me moi et je sens son regard posé sur le mien ce qui me met assez mal à l'aise. J'arrête aussitôt mon ébauche.

- Pourquoi t'arrêtes-tu de dessiner ? me dit-il dépité.

- Je dessinerais plus tard... Bon dis-moi ce que je dois savoir avant d'aller à Imaginarius ce soir, répondé-je.

Il se lève brusquement de mon lit et s'écrie :

- Nous y allons maintenant !

- Qu...qu..quoi ? bégéyé-je.

- Nous y allons maintenant, répéte-t-il.

Il me prend soudainement par le bras, et en une fraction de seconde, nous nous trouvons dans une grotte.

- Où sommes-nous ? questionné-je.

- Tu es à Imaginarius, me répond une voix qui m'est inconnue.

Un vieillard avec une longue barbe noire se tient en face de moi.

- Bonjour Engla, je m'appelle Ketteridge, je suis ton parrain, se présente-t-il. 






Le miroir des âmes (tome I terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant