Une promesse incertaine. Chapitre3:

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Lucas:
Lorsque j'entrouvris les yeux, la lumière filtrait faiblement à travers les arbres. La journée touchait à sa fin. Je consultait froidement ma montre. Chaque geste était mécanique, comme "dicté". Ce mot ne me plaisait pas. Il me rappelait combien j'étais impuissant, combien seul le temps était Maître. Ce mot la non plus, ne passait pas bien dans ma gorge. Il est des mots qu'on préférerait enterrer, comme un trésor, sauf qu'on ne voudrait jamais le déterrer. Un trésor maudit. Tandis que d'autres, au contraire nous procurait chaleur, joie. Même passagère.

"19h57"

Mes parents n'avaient même pas prit la peine de me chercher. Au fond, je rit, d'un rire amer, froid. Je n'était en rien surpris. Ça ne valait pas le coup.

"JE ne valais pas le coup".

Je me surpris à rire, puis je laissai le flot d'injures se transformer en un rire sombre, froid, et dur.

Car certaines fois, à certains moments, trois choix s'offrent à nous:
pleurer;
hurler;
et rire.

Rire me semblait le plus approprié. Ça n'allait pas m'arracher la gorge, ni me tirer de larmes que je ne voudrait en aucun cas sentir couler sur mes joues.
Non. Je comptais bien garder ce peu d'intégrité qu'il me restait.
Alors, j'entrepris de retracer mes "souvenirs" depuis mon départ du lycée.

1: j'étais sorti.
2: j'avais vu quelque chose par terre.
3: ...

"Réfléchis.."

3: je m'étais approché.
4: je l'avait vu.
5: Clara.

Prononcer son nom, même intérieurement me donna un coup au cœur. "Tiens jusqu'au bout."

Alors l'image revint d'elle même.

Je la revit, allongée dans l'herbe. À première vue, on aurait dit qu'elle dormait. Comme un enfant qui fut trop fatigué pour monter dans sa chambre et qui se serait résigné, préférant échanger son lit, contre une pelouse verdoyante. Mais en y prenant une certaine attention, on voyait ses membres se tordre dans des angles incalculables. Signe, ou plutôt marque, de l'impact de son corps sur le sol.

Je finit par chasser cette image vivement. Je devais rentrer.
C'est donc avec une voix assez incertaine, mais simulant une certaine assurance, que je "m'ordonnais" de rentrer. J'étais maître de mes
choix. Jusqu'à preuve du contraire, je pourrai décider ou non de sombrer.
Je ne sombrerai pas.

Je ne sombrerai pas.

Je décidai de rentrer chez moi. Mais je montais directement à l'étage. Je ne voulait pas croiser mes parents. C'étaient en effet les dernières personnes que je "souhaitai" voir.
Alors, pour la première fois depuis des années, j'allai -de moi-même- dans la chambre de mon frère.

"toc, toc, toc."

"-Jack?
-Ah, j'ai cru que tu ne viendrais jamais.
-Comment ça? Qu'est ce que tu veux dire?
-Ce que je veux dire? Je veux dire qu'il a fallu que ta petite sœur meure pour que tu réalise que tu avais un autre frère."

Ce fut un choc. Ma bouche s'ouvrit dans un élan de rage. Ma première envie fut de hurler, l'insulter. Ma deuxième, fut de me jeter sur lui. Le frapper, jusqu'à je ne sais quand. Pourtant, je ne dis rien, ne fis rien.
Je restais figé. Il était injuste, dur, avec moi. Je voulais lui hurler qu'il n'avait pas le droit, que je ne méritais pas toute cette haine!
Certes, je n'avait pas été, et ne serais peut-être JAMAIS le frère parfait avec lui. C'était plus facile avec Clara. Tout était plus facile. Mais ça ne devait jamais être une raison pour m'achever à ce point, après tout ça...
Je décidais de lui redire, de lui réexpliquer:

LE DIABLE HANTE MON CHEMINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant