- PARTIE II - Folie quand tu nous tiens. Chapitre1:

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Un an -jour pour jour- avait passé depuis l'incident, et tout avait changé. L'équilibre plus ou moins stable entre les deux frères et le monde entier avait basculé, pris le large et changé sans cesse, sans arrêt, sans pause, de sens et de forme. Pour résumer, je parlerai d'abord de Lucas. Ah, Lucas, non pas un enfant modèle, (loin de là)avait changé, comme si la nuit avait troqué sa noirceur avec la lumière du jour, révélant en lui un nouveau Lucas; de loin plus altruiste, attentionné. Bien sur, les cauchemars
-il appelait ça "les terreurs nocturnes" lorsque celles-ci se manifestaient, tard dans la nuit, s'infiltrant dans la noirceur inquiétante de son esprit-
n'avaient pas complètement disparu. Il lui arrivait bien évidemment aussi d'avoir de malencontreux flash; en journée, qui lui suffisait à perdre le temps d'une seconde toute notion de force, d'équité ou bien même de joie. Puis, l'effet se dissipait, et il oubliait. Car il voulait oublier. Il voulait s'en sortir, malgré que ces flash empiétaient dangereusement sur tout le reste: sa vie, ses sentiments et surtout ses actes. Il lui restait en mémoire le souvenir d'un jogging le long d'une côté -ou plutôt d'une falaise- , bordant la plage en contrebas. (À l'inverse de ce que l'on pourrait croire ou penser, le nom de la plage en contrebas où de la ville à proximité de cette falaise ne figurait plus dans son esprit, seul restait l'infernale scène qui s'y était produite.)

Lors des 10 premiers mètres, tout se déroulait pour le mieux. "Ça roule, Raoûl", se disait-il. Pourtant, s'il avait su, il n'aurait pas été si fier de lui, fier de croire qu'il avait surmonté ses démons qui, au contraire, se tenaient prêts pour le moment fatidique, prêts à s'amuser un peu...
Lorsqu'il eu dépassé la première colline, il longea le bord de la falaise, puis, grand noir. Non. Grand blanc. Blanc? Noir? Gris? Il ne savait plus exactement, le fait est qu'il perdit pied, en proie à une douleur inconnue jusqu'à ce jour, comme si quelqu'un venait de lui coincer non pas les doigts, mais les deux poignets dans une lourde porte. La douleur le piqua au plus vif de son corps et il chancela. Emporté par l'élan, il tomba et roula péniblement vers le bord de la falaise, emportant dans son mouvement pierre et poussière parasite. D'un sadisme à tout épreuve, la peur choisi de le garder lucide, afin qu'il puisse admirer sa superbe chute sur la plage en contrebas, où il se mêlerait au sable gris/jaune, se brisant les os, comme une simple poupée de chiffon projetée de façon désinvolte contre un mur.
"Merde...!"
À peine eut-il temps d'hurler que sa tête rebondi contre une pierre, y laissant une faible trace. La douleur se raviva et il eut l'impression qu'à défaut des poignets, cette fois on lui avait coincé les deux bras dans cette lourde porte, qui semblait faite de plomb ou bien d'un métal quelconque. Il se força mentalement à agir, mais rien ne vint. La peur n'est pas idiote, elle veux bien vous laisser profiter gratuitement du spectacle, mais elle vous ligote -que dis-je, vous MENOTTE - au siège. Qui sait, peut être attend-elle aussi une démonstration de votre part, une belle prestation à s'en humecter les lèvres.
Votre corps s'effondrant de la falaise était amplement suffisant. Le fait est que -par dieu seul sait quel miracle- Lucas réussit à balancer son bras sur la droite puis, mettant toutes ses forces à contribution, attrapa une pierre et s'y agrippa comme un enfant s'agrippe à ses parents lorsqu'il a peur d'un monstre imaginaire, uniquement présent dans son mince esprit enfantin, où tout est modifié, exagéré. A cet instant, le garçon s'agrippa comme si sa vie en dépendait, et tel était le cas présent.
Il ne ressenti tout d'abord qu'une pointe de douleur, puis; son bras tirant sont corps loin de la falaise contre son élan, il senti un éclair lui lacérer durement le coude et senti sa peau se tendre sous la pression des deux tractions opposée . Pression séparée, chaque côté compte, il l'avait bien compris. Surpris par la douleur il cria. Et il lâcha prise.
Il se saisit alors d'un autre rocher et cette fois, préparé au choc et ignorant la douleur, il se hissa loin de la falaise, allongé contre le sol, comme s'il escaladait un mont, à mains nues, malrgé le fait qu'il était seulement au sol. Il avait l'esprit tellement embrumé, tellement lourd... Puis il courut sans s'arrêter, à perdre haleine, s'éloignant de cette falaise et de ses dangers.

LE DIABLE HANTE MON CHEMINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant