Une enfance sans différence. Chapitre 1:

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Californie, 23 mars 2015.

  «Je vais t'attraper !
  - Non, je suis trop rapide !"

   Lucas court après sa sœur, Clara, dans la vaste maison. Muni d'un chapeau de cow-boy, le garçon poursuit sa sœur, la jeune "Peau-Rouge" dans l'immense Far-West, immense, mais pas assez pour ces deux personnages. Une plume coincée entre les cheveux, signe qu'elle joue le rôle de l'indien, Clara crie, rit, heureuse. Elle adore jouer avec son frère, qui lui aussi apprécie ces moments qui ne semblent jamais s'arrêter. Il est moins complice avec son petit frère, Jack. Il a toujours été plus proche de sa petite sœur. Et ce dernier ne trouvait rien à y redire puisqu'il avait ses propres amis et n'avait en rien besoin du reste de sa famille (non pas parce qu'il se sentait supérieur vis-à-vis de ceux-ci, mais par ce qu'il attachait un amour différent avec les membres proches de sa famille. Un étrange lien, certes, mais bien existant).

  «Arrête toi, jeune Peau-Rouge, au nom du shérif Lucas, je te l'ordonne !
  - Jamais, le Grand Manitou m'a envoyé te détrôner de ton vaste royaume ! La hache de guerre a été déterrée, s'esclaffa la jeune fille, qui ne gardait guère son sérieux en présence de son frère. Un éclair passa dans les yeux de la jeune fille, et d'un geste malin, elle se jeta sous une table, où elle serrait sûrement à l'abri des regards. Lucas, s'arrêta à l'angle de la porte, jaugeant la salle, son regard passant furtivement sous la table. Un sourire éclaira ses lèvres. Et c'est donc, d'une démarche faussement incertaine qu'il se dirigea vers la table. Comprenant ce qu'il se passait, Clara se jeta sur son frère et emportée par l'élan, ils s'étalèrent tout deux au sol dans un grand fracas.

  «Mais t'es débiles, ma parole, dis celui-ci en riant.
  - Moi ? Jamais de la vie, dit-elle, un sourire malicieux éclairant ses lèvres. Et c'est donc l'un sur l'autre qu'il finirent leur fou rire.

   À table, le silence s'installe. Ce n'est pas tellement une famille, catholique, mais les enfants n'aimaient guère parler en présence des parents, Mark et Eileen. Ceux-ci, avaient un sacré don pour gâcher ces moments, pensaient-ils... Alors, glissant un regard à Lucas, Clara mît un petit poids dans sa cuillère, et avec une certaine habilité, catapulta sa déclaration de guerre pile dans l'assiette de ce dernier. Se jetant un regard commun, les parents comprirent trop tard ce qui allait arriver; et, l'air résigné, levèrent les yeux au ciel. Lucas, prenant une pleine cuillère, envoya sa réponse sous forme d'avalanche verte, visant sa sœur.

  «BATAILLE ! Hurla celle-ci, se retenant d'éclater de rire.
  - Ne joue pas puisque tu sais que tu vas perdre, lui répondit son frère, d'un ton railleur.
  - JAMAIIIIIS !!!
Les parents étaient exaspérés. Partagés entre le plaisir de voir les deux enfants si proches, et le mécontentement; pensant au nettoyage qui s'imposerait après leur passage. Puis, la mère jeta un regard vers Jack. Il n'avait pas sourcillé depuis le début de la bataille, confrontant ses frères et sœurs. Un visage impassible apparaissait dans l'encadrement de son visage, coincé entre quelques mèches de cheveux.
Cette expression fut de trop. Ou alors c'était le petit poids atterri dans son assiette qui força Eileen à faire cesser le combat. "Ça suffit." Ces deux mots ne furent qu'un simple souffle, au milieu de l'haletante guerre qui se menait entre les petits poids et le carottes coupées.

"STOP !"

   Le poing sur la table, Mark s'était levé. Le bruit sourd avait fait sursauté les deux enfants, mais n'avait pas suffit à stopper la cuillère pleine de carottes et de petits poids. Le mélange vert et orange atterrit en plein dans le visage du père, qui virait maintenant au rouge cramoisi. On ne savais pas de qui provenait l'attaque. De Lucas ? De Clara ? Mark avait apparemment fait son choix, et personne ne vit d'où, mais le coup parti.

"VLAN !"

   La main de Mark laissa un sillon rouge sur la joue de Lucas. Celui-ci, mît du temps à comprendre ce que son père venait de lui faire. Sa bouche s'ouvrit dans une plainte. À moins que ce ne soit des insultes... Il ne savait pas. Sa bouche se figea dans cette position. Lentement, Mark enleva sa main, et se rassît, et passa sa serviette sur son visage, de la même couleur que son assiette. D'un geste vif, Lucas se débarrassa de sa nourriture, et comme si rien n'avait eu lieu, comme si la grande marque rouge sombre sur son visage n'avait été qu'un accident, se remit à manger.

Conversation SMS: 

Contact: Jefferson

  «Salut, mec.
  - Hey.
  - Ça te dis on va au ciné ce weekend ?
  - J'aurais pas dit mieux !
  - Aha, j'ai TOUJOURS des bonnes idées, tu crois quoi ? J't'attends à 18h demain devant le collège ?
  - Ça marche.
  - Mais, tes parents..?
  - Oh, on verra bien, hein.
  - Si tu le dis, allez à demain, salut !
  - Salut !"

   Après avoir verrouillé son téléphone, Jack s'allongea sur son lit. Il tendit l'oreille et entendit sa mère, qui parlait à Marks à propos de la claque du repas.

"Comment as tu pu faire ça ? Il ne le méritait pas !"

   La réponse ne parvient pas jusqu'au premier étage, alors Jack entendit seulement sa mère s'insurger:

"MAIS CESSE-DONC D'ÊTRE VIOLENT MARKS, ARRÊTE !!"

   Il sembla s'excuser, car on ne les entendit plus et seul le silence se fut entendre dans la grande maison des Wasrull.

7 juillet 2015, 17h45.

"Bien, maintenant prenez vos agendas. Pour la semaine prochaine, vous me ferez les exercices 1,2 et 3 page 35.
Vous pouvez sortir."

   Lucas, avec Benjamin et Steph, sorti du lycée tout en racontant les nombreux tweet concernant les dernières nouvelles sur le concert d'un
certain groupe de rap. Ses amis l'écoutaient d'une oreille, plus occupé à rire lorsqu'il s'écriait, faisant sursauter les passants dans la rue.

"Bon, c'est là que j'vous laisse, à demain les gars !" dit-il en tournant dans la ruelle.

   Il arrivait près de chez lui, lorsqu'il vit quelque chose dans l'herbe. Il pensa d'abord à Tiana, la chienne, qui devait dormir par terre. Mais en se rapprochant, il vit que les contours qui si dessinaient n'avaient rien de ceux d'un chien. C'était ceux d'un humain. Plus précisément un enfant.

   Alors, lorsqu'il fut assez près pour voir, l'horreur le prit, le saisit par derrière, comme une personne trop lâche pour se montrer. La peur lui plaqua deux mains invisibles et froide sur sa bouche qui s'ouvrait sur une plainte qui ne sorti pas. Seul un râle étouffé sorti, tout semblait tourner, tourner, tourner, si vite.
Un poids immense s'abattit sur son dos, et il ne remarqua pas sa mère qui courrait vers lui. Lorsqu'elle se mît à hurler, un son étouffé lui parvint, et le monde continuait de tanguer, tourner. Puis la gorge en feu, ses muscles se détendirent. Lentement, il se leva. Puis, il s'élança dans la rue, comme un aveugle, un sourd. Eileen se retourna et sa bouche s'ouvrit dans une plainte. Une plainte qu'il n'entendit pas, le monde tournait de plus en plus vite, il se retourna et vit sa mère qui marchait, les pieds sur les nuages et la tête dans les aires. C'était impossible, et il savait que son esprit lui jouait des tours, il devenait fou. Alors, avant de sombrer, il se reprit et s'élança dans la rue. Courant comme un fou, les yeux à moitié fermés, des larmes roulant sur ses joues, lui brûlant les yeux. Et sa tête... elle semblait peser des tonnes. 

Non, non, non, non...."

   Il s'assit dans un coin, s'allongea ferma les yeux, et ne pu les rouvrir.

"À quoi bon. hein ?"

   Alors il se laissa sombrer.
Et le cauchemar commença.

LE DIABLE HANTE MON CHEMINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant