Le néant. Chapitre9:

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Lucas:

Le lendemain, je me réveille des cernes bleues foncées coincées sous mes yeux, révélant une partie de mes nuits blanches.
Lorsque je passe devant la chambre de Jack, je la trouve entrouverte. Je ne sais pas si c'est les événements ou quoi que ce soit d'autre, mais un pic de curiosité m'envahit et je pousse la porte vers l'intérieur.
Lorsque je vois à l'intérieur de la pièce, mon cœur s'offre un petit voyage dans mon estomac, me fixant sur le pas de la porte, les pieds comme enfoncés dans le plancher.
Non. C'est... c'est impossible.
Je vois une ruelle sombre, avec un homme adossé au mur. Je me frotte vivement les yeux, me hurlant intérieurement que ça n'est pas possible. Lorsque je les rouvres, je fais simplement face à Jack; un genou à terre devant son sac, un cahier dans la main droite qu'il semble vouloir mettre dans son sac, le geste figé, ses yeux braqués sur moi.
Il s'arrête lentement, et me dévisage, les sourcils froncés et les coins de la bouche qui tombe.
"Lucas...? T'es sur que ça va?
- Quoi? Ah, oui, oui! Je venais juste... Enfin je cherchais... Euh... Te dire bonjour!
- Me dire bonjour, demanda-t-il en détachant chaque syllabe.
-Ou-oui! Dis-je en secouant la tête légèrement trop énergiquement.
Bon, je te laisse fa-faire ton sac, lui dis-je un grand sourire sur les lèvres.
Mais je le vois s'inquiéter, sauf que je n'ai vraiment pas besoin de ça, vraiment...
Il s'avance lentement et je l'arrête en tendant le bras devant moi:
- Je vais très bien, Jack. Merci.
Je le vois prendre son air déçu, mais je soutient son regard et lâche un sourire blanc.
Faites que ça suffise...
Faites que ça suffise.
Et ça suffit.

Je prends mon petit déjeuner, dodelinant faiblement et lentement de la tête. Droite. Gauche.
Ma mère descend et me jette un regard de biais:
"J'espère vraiment que tu as finit tes idioties, Lucas.
- Oui, t'inquiètes Maman, dis-je d'une voix blanche, vide de toute compassion.
- Ce n'est pas si simple que ça, tu déteins sur ton frère.
- J'ai pas envie de rentrer dans ce genre de discussion, je dois aller au lycée.
- Retiens bien ce que je t'ai dit.
- Ouais, c'est ça, allez ciao.
Moi? D'éteindre sur Jack? Sombre blague, ouais.

Jack:
Je me dépêche de finir mon sac, essayant de ne pas trop me focaliser sur le comportement de Lucas. Je n'ai vraiment pas besoin de ça.
Je dévale les escaliers, traverse le couloir et ouvre la porte, quand:

"Jack?
- Oui 'man, dis-je d'un ton excédé.
-Bonne journée, travaille bien.
- Oui, super, merci.
Je ferme la porte et traverse la route, marchant d'un pas lent, calme. Je met mes écouteur et lance la musique.
Arrivé au collège, j'attends un peu devant l'entrée, lorsque la sonnerie retenti.
Déjà? Génial.
Je monte au deuxième étage, puis rejoint ma classe en rang devant la salle de maths. Il me suffit d'un rapide coup d'œil pour m'apercevoir de l'absence de Samm. Mon cœur s'arrête le temps d'un battement, fait l'habituel voyage remuant me tripe, puis reviens à la charge, accélérant le tempo.
Mais je ne montre rien; je reste de marbre.
Qu'est ce que je fais?
Je vais chez elle?
Je reste ici?
Je prends vite conscience que mon absence ne laissera jamais mes parents indifférents, et c'est en me mordant la langue que je repousse cet idée dans un pauvre coin éloigné de mon esprit ,embrumé par ce choix mauvais, et que je rentre dans cette salle qui me semble à présent si vide, si inutile.
L'heure passe lentement, mais durement: je n'arrive ni à me concentrer sur les consignes de Mr Kalluve, ni à me "reposer", comme mon esprit le souhaite.
C'est sans cesse les mêmes pensées qui me reviennent, provoquant les mêmes réponses.
Comment va-t-elle?
Aussi bien qu'elle le peut, me répond moi moi interne d'une douce voix sarcastique, se foutant ouvertement de moi. Je déteste cette voix là.
Et c'est sur ces sombres pensées que mon esprit vogue lentement, et finalement bascule. Mes paupières s'abaissent et recouvrent mes yeux, puis c'est le néant. Je tombe dans un sommeil lourd comme un ciel d'orage.
Il n'y a ni vent, ni pluie. Juste un sifflement sourd envahissant mes oreilles, puis je rêve.

LE DIABLE HANTE MON CHEMINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant