Une lourde absence. Chapitres5:

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Jack:

Malgré ce que je faisait croire à Lucas, je n'était pas insensible à... tout ça.
Il était actuellement 03h45 du matin, et je n'avais toujours pas trouvé le sommeil.
Je me tournai et me retournai dans mon lit, à la recherche du sommeil, qui m'avait fuis.
Ma tête résonnait lourdement, tel un tempo infernal, provoquant une migraine insupportable. Je voulais que ça cesse. Maintenant.
Je finis par m'endormir, je ne su quand exactement.
Je me réveillais plus tard, j'avais l'impression d'avoir dormi une minute à peine. Pourtant mon portable m'indiquait 06h50.
J'avais le coin des yeux rougis, à force de me les frotter. Je descendit dans l'escalier, prendre mon petit déjeuner.
À mi-chemin dans l'escalier, je fis une courte pause, puis souffla discrètement. J'évaluais la situation:

"Mes côtés me faisaient mal, j'avais les yeux rougis par le manque de sommeil ressortaient sur ma peau blanche. De faibles cernes se dessinaient sur le haut de mes joues, alourdissant mon regard. Les cheveux en pagaille, les ongles à vif."

Lorsque je débouchait dans la cuisine, Lucas se tenait debout, contre l'encadrement de la porte, une tartine de Nutella stoppée à mi-chemin vers sa bouche. Il écarquilla un peu les yeux en voyant mon état. Il comprenait, mais il était en pire état que moi. En effet, les marques de son manque de sommeil avaient beau se confondre dans sa peau mate, son visage avait beau être encadré dans ses cheveux brun, l'effet me frappa d'un coup, coupant l'air qui arrivait jusqu'à ma gorge, l'enfermant dans ma trachée.
"Oh... reprends toi.
Salut, Luc'. Bien dormi?"

Un sourire joua au coin de ses lèvres.

"Bien sur, et toi, Jack?"

Je hochai la tête. J'avait horreur de mentir, alors tant qu'à faire, autant ne pas formuler le mensonge. Mais je lui jetai un dernier regard, empli d'excuses. Il ne me répondit pas. Tourna le dos, puis retourna s'assoir.

Je n'avais pas faim. Je voulais que cette journée finisse. Aussi vite qu'elle avait débuté. Violement.

Collège Nelson Mandela.

"-Eh, Steve! On a quoi après?
-Sport.
-Génial! On fais quoi déjà?
-Jack le poisson rouge est de sortie, balance Steven, d'une voix railleuse.
-Trop drôle, j'admire encore la finesse de tes remarques, lui dis-je d'une voix acide, souriant de coin.
-Oh, je plaisante, t'inquiète. On fait acro-sport.
-Super!
-Allez, viens on va se changer au lieu de t'émerveiller à chacune de mes phrases."

"Alors, je voudrais que vous vous mettiez par groupe de 5. Vous allez choisir un enchaînement pour finir en pyramide..."

Je n'avais pas envie de l'écouter, je posai la tête sur le côté, puis somnolait.
Je n'allai quand même pas finir ma nuit ici?!
Finalement, non. La prof nous laissa commencer. Mais avant, nous devions nous échauffer.
À chaque mouvement, mes côtés me rappelaient combien j'avait mal. Je ne l'avais pas dit à Lucas, mais j'avait moi aussi pris la fuite devant le corps corps sans vie de Clara. J'avais couru jusqu'à m'effondrer. Dépassé par tout. Par ça.

Le cours avancait, mais je restai en arrière. Je savais que je ne servais qu'au final, alors autant me reposer un peu avant. Mais je n'y arrivait pas. L'adrénaline se propageait en moi, glissant au plus profond de moi, comme un serpent qui glissait dans mes veines, réveillant chaque muscle, mais la douleur qui s'en suivait.
Finalement, je repérais Samm. Elle était avec son groupe de fille populaire, occupée à se moquer des autres, critiquant chaque geste, du mieux qu'elles pouvaient.
"Pfff..."

Elles étaient le cadet de mes soucis. Je n'allais pas en plus me préoccuper d'un groupe de mégères à tresses se fichant de moi, et de tout le monde. Non.

Lorsque ce fut notre tour, je fis les gestes lentement, proprement. Un coup trop vite. Un coup trop rappidement.
"Oh, et merde." me dis-je.
Steve me jeta un regard de biais, puis me lança à voix basse:
"Eh J, t'as d'la guimauve à la place de la cervelle?"
Je lui répondit en riant d'un adorable doigt. Signe qu'il accepta en riant.
Puis ce fut mon tour j'enjambait tour à tour mes camarades puis commença mon ascension vers le sommet. Je sentais mes côtés se rebeller, elles me hurlaient de descendre. De m'arrêter. Mais je ne pouvais pas. Pas devant tout le monde! Et puis il y'avait ce sentiment qui grandissait en moi. Je dévorai l'air d'un regard avide, je me sentais bien. Bien. Ça faisait longtemps. J'arrivai alors à la dernière "branche" de l'arbre fait de personnes. Les autres groupes me dévisageaient. Certains chuchotaient. Mais je m'en foutais: j'allais bien. Puis, d'un coup, comme ça, non. Je n'allais pas bien. Pas bien du tout.
Je ne savais pas comment, mais je compris. Mon sourire se tordant dans une grimace, mes côtés se fendirent dans un déchirement immense. Je guettais le visage des autres. Personnes ne bougait.

C'est dans ma tête??

Ma tête s'alourdit, puis dans un bruit sourd mes côtés tintèrent. Ou mes oreilles.
Je ne savais pas. Je ne savais plus.

Mes genoux se dérobèrent et je tombai du haut de toute ma fabuleuse troupe.
Ma tête rebondit contre le tappis. Je n'avait pas hurlé. J'avait gardé les bras écartés. J'avais fendit l'air, rapidement sous les regards muets et crispés des autres. J'avait le regard éteint, la tête si lourde que je pensais que c'était elle qui m'entrainait vers ses abysses incertaines, sombres. Trop sombre à mon goût. Quand mon corps avait rebondi contre le tapis, mes côtes avaient poussées l'ultime cri, qui se répercutait rapidement et lentement à la fois dans mon corps. D'une vitesse perverse, l'adrénaline qui m'habitait il y a seulement quelques secondes, se dissipa comme un rire, tendrement, puis trop vite, rendant à mon corps ses sensations hasardeuses. Je ne criai pas. Non. Non.
Mais j'avais si mal.

Je m'étais écrasé au sol.

Comme Clara.
Cette idée me révoltait intérieurement. Je dirais pas que c'est ça qui m'a poussé à sortir de ma sieste, mais je pense en toute franchise que ça m'a aidé. Alors j'émergeais, la tête comme prise dans un étau qui me donnait un horrible sensation de lourdeur. Mais elle ne fut que passagère.
"Où... je suis?"
Ma tête me lançait. Je m'ordonnai calmement et machinalement de m'assoir, de scruter les environs.
La première partie se révéla être la pire: mes côtés n'avait bien évidement pas apprécié ma chute. Je feignait l'ignorance, grimaçant en silence. J'ouvrais alors les yeux. Des points dansaient dans mon champs de vision, allant et venant calmement.
J'étais à l'infirmerie du collège.

"Merde...!"

Il fallait que je m'en aille. J'entendis donc un bruit derrière moi: l'infirmière!
Lorsqu'elle passa devant moi, je fit semblant de dormir, puis lorsqu'elle eu rejoint sa salle adjacente, je me ruai vers la porte. Vers la sortie.

Je quittai le collège par le grillage derrière le bâtiment des langues, puis courut le plus vite possible. Loin. Très loin.

Je ne sur pas exactement combien de temps j'étais resté là-bas.
"Où ça?"
Je levai la tête pour lire le panneau situé à ma droit.
"Rue des Geais."

Je finit par me relever puis continuer mon chemin. Ce fut seulement quelques mètres plus loin que j'entendis ces frottements de baskets contre le bitume. Sans retourner la tête, j'accélérais calmement. Le bruit sembla s'étouffer, puis revint, régulier. Se calant sur ma vitesse. Plus de doute cette fois.

J'étais suivi...

LE DIABLE HANTE MON CHEMINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant